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Guerre entre l’Ukraine et la Russie
dossier
Un bombardement s’est abattu ce jeudi 5 octobre sur des civils dans le village de Groza, situé dans la région de Kharkiv, dans l’est du pays. Un enfant de 6 ans figure parmi les victimes.
par AFP et Sonia Delesalle-Stolper
Un dixième de la population d’avant-guerre d’un village balayé en une fraction de seconde. Jeudi vers 13 h 15 locales, une frappe russe a touché une salle municipale de la petite bourgade de Groza, à 80 kilomètres à l’est de Kharkiv et 90 km de la frontière russe. A cette heure, une soixantaine de personnes étaient rassemblées dans ce lieu qui faisait aussi office d’épicerie et de café, pour un déjeuner qui faisait suite à un service funéraire. Selon les autorités ukrainiennes, la plupart des personnes présentes étaient assises à des tables. Quelques secondes après la frappe, l’endroit, cœur social du village qui comptait donc 500 habitants avant la guerre, avait disparu, remplacé par un amas de décombres et de morceaux de métal tordus et fumants, au milieu desquels gisaient des corps sans vie.
Une des frappes les plus meurtrières sur la population civile
Selon un bilan encore provisoire, au moins 51 personnes, dont un petit garçon de 6 ans, ont perdu la vie dans ce qui est d’ores et déjà l’une des frappes les plus meurtrières sur la population civile depuis le début de l’invasion des troupes russes en Ukraine, le 22 février 2022. Une soixantaine de personnes avaient été tuées le 8 avril 2022 dans une frappe sur la gare de Kramatorsk, dans le Donbass. A Groza, «des membres de chaque famille, de chaque foyer [du village] étaient présents sur les lieux», a précisé à la télévision ukrainienne le ministre ukrainien de l’Intérieur, Igor Klymenko. Selon les données préliminaires, la frappe a été effectuée à l’aide d’un missile balistique Iskander.
C’est Volodymyr Zelensky qui, le premier, a rendu publique la nouvelle de cette tragédie, alors qu’il se trouvait à Grenade en Espagne pour la réunion de la Communauté politique européenne (CPE). Il y a rencontré de nombreux chefs d’Etat et de gouvernement européens, dont le président français Emmanuel Macron qui lui a réitéré la solidarité de la France. Depuis des mois, le président ukrainien ne cesse de réclamer à ses alliés Occidentaux plus de systèmes de défense antiaérienne pour faire face aux tirs de missiles et aux envois de drones par la Russie. Le président ukrainien a dénoncé un «crime russe manifestement brutal», alors que l’ONU s’est dit «consternée», jugeant les images «absolument horrifiantes».
«L’un des fronts les plus brûlants» de la guerre
La région du nord-est de l’Ukraine est l’objet depuis l’été d’une nouvelle poussée offensive. Le mois dernier, les forces russes avaient revendiqué la prise de hauteurs stratégiques autour de la ville de Koupiansk, à seulement 30 kilomètres à l’est de Groza, qui compte aujourd’hui environ 300 habitants. Le président Zelensky était en visite dans la région en début de semaine, sur la ligne de front entre Koupiansk et Lyman, qu’il avait qualifiée de «l’un des fronts les plus brûlants» de la guerre. Koupiansk avait été reprise par les Ukrainiens à l’automne 2022 et, depuis, les Russes ont tenté à plusieurs reprises de reprendre l’avantage sur cette zone.
Le minuscule village de Groza ne présente a priori aucun intérêt stratégique particulier, si ce n’est qu’il se trouve à proximité de la ligne de front. Il y a six semaines, les autorités ukrainiennes avaient demandé aux civils d’évacuer Koupiansk en raison des bombardements russes incessants.
Mise à jour : le 5 octobre 2023 à 18 h 45 avec un nouveau bilan et des précisions sur l’attaque.
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