L’offensive militaire lancée ces dernières heures par le Hamas depuis la bande de Gaza contre le territoire israélien semble profiter à plein d’un effet de surprise. Remake de l’attaque surprise des pays arabes du 6 octobre 1973 au moment de Yom Kippour ?
Le Hamas revendique 5000 tirs de roquettes tandis que l’armée israélienne donne le chiffre de 2000 roquettes interceptées. Quel que soit le vrai chiffre, on parle de milliers de munitions échangées. C’est donc une vraie bataille, une guerre pleine et entière.
Le chiffre de 22 tués par balles en territoire israélien et de plusieurs centaines de blessés, civils ou militaires, principalement sous l’effet des bombardements, donne un aperçu partiel de l’ampleur des combats. On peut voir sur les chaînes d’infos des images de combattants palestiniens triomphant, sur une carcasse de tank israélien en flammes. La dernière fois que l’on avait pu voir de telles scènes, c’était lors de la levée populaire en masse des Ukrainiens contre l’invasion de Poutine.
Pire encore pour l’État sioniste, l’information circule de plusieurs dizaines de ressortissants israéliens, civils ou militaires, enfants ou adultes, emmenés en captivité à Gaza. Il ne faut pas avoir fait de longues études académiques militaires pour imaginer que le Hamas pourrait s’en servir comme monnaie d’échange voir comme bouclier humain sur les sites militaires sensibles du Hamas.
Même si Israël dispose d’une supériorité aérienne incontestable qui, à moyen ou long terme, lui permettra de venir à bout de cette attaque et d’infliger une dose certaine de représailles, pour autant, le Hamas a réussi une démonstration de force en coordonnant une campagne de tirs massifs de missiles et des opérations terrestres, montrant clairement une capacité opérationnelle militaire de mise en action de plusieurs centaines à plusieurs milliers de combattants dont un certain nombre agissent directement en territoire israélien. Ici, ne rentre pas en ligne de compte le seul poids du soutien logistique de l’Iran, il faut aussi voir les effets de la politique israélienne qui, à chaque contre-attaque, à chaque bombardement, à chaque représailles sur Gaza, suscite la haine et la révolte parmi les victimes de sa politique.
Tandis que les chancelleries européennes font assaut de soutien appuyé envers l’État israélien en usant et abusant du terme « terroriste » pour décrier l’action du Hamas, il n’empêche, le caractère militaire de cette offensive d’un proto-Etat, d’un mini-Etat, est réel. En dehors des effets de propagande recherchés, la caractérisation de terroriste n’aidera en aucune façon l’État sioniste à venir à bout de son adversaire sauf à vider littéralement la bande de Gaza, les territoires occupés depuis 1967, voir toute la Cisjordanie, de tous leurs habitants arabes-palestiniens.
L’État sioniste paie là sa façon d’appliquer les accords d’Oslo du 13 septembre 1993. En ayant refusé d’accorder une vraie indépendance, une vraie place à l’État palestinien, en ayant acheté par la corruption la direction de l’OLP, en l’ayant entraîné dans le rôle du collabo impuissant et bouffon, en ayant enfermé depuis plusieurs décennies Gaza dans un blocus, auquel l’Égypte participe aussi, en ayant permis la politique annexionniste et spoliatrice des colons en Cisjordanie, il a aidé le Hamas à tenir son bureau d’enrôlement sans fin des révoltés humiliés.
Depuis les lendemains de la Guerre des Six Jours en 1967, Israël a toujours joué avec le feu en stimulant le Hamas contre l’OLP, comptant sur la division fratricide pour affaiblir son adversaire. Le résultat sous la forme d’un état de guerre permanent, larvé ou ouvert, contre les Palestiniens comme vis-à-vis de l’ensemble de ses voisins du Moyen Orient est intenable sur le long terme, supériorité aérienne ou pas, bombe atomique ou pas. La question des rapports entre Israël et la Palestine est une question de démocratie appliquée aux droits légitimes de deux nations qui devraient cohabiter.
On ne peut être que favorable à une solution politique donnant enfin le droit d’exister aussi bien à la nation arabe-palestinienne qu’à la nation juive-israélienne. Quelle forme cela devrait-il prendre ? Un État binational, deux États côte à côte ? Seuls les peuples concernés sont à même de le déterminer. Mais pour arriver à une telle solution politique, il faut un minimum de conditions ouvrant la voie du règlement : l’arrêt des combats, le renoncement d’Israël à des représailles sans fin, la levée du blocus de Gaza, la fin des annexions et spoliations en Cisjordanie et le retrait de tous les territoires occupés depuis 1967, la libération des prisonniers palestiniens.
Le dilemme est simple : une solution politique avec des négociations et des gestes concrets, sinon la guerre perpétuelle jusqu’à l’attrition des parties.
Pour l’heure, l’État Israélien en qualité de géniteur caché de l’État du Hamas, l’Iran demeurant le généreux parrain, et de corrupteur ouvert de l’État de l’OLP, a une responsabilité particulière dans la situation présente.
Audey, le 07-10-2023.
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