Plus de 50% des femmes en grève en Islande pour l’égalité salariale et contre les violences sexistes
- 26 octobre 2023
L’Islande est la championne du monde des grèves féministes. Ce 24 octobre, la moitié des personnes se revendiquant femmes et non-binaire arrête de travailler. Elles n’arrêtent pas seulement le travail salarié, rémunéré. La grève féministe en Islande, c’est radical : pas de lessives, de cadeaux pour la belle mère ni de garde d’enfant. Aucune activité de production, ni de reproduction. Seulement de la lutte. Et ça paie. L’Islande est le pays où l’égalité salariale est la plus forte.
Il reste toutefois encore près de 10% d’écart de salaire entre les femmes et les hommes. Surtout, 40% des femmes ont subi des violences sexistes ou sexuelles. Alors, pour la deuxième fois depuis 1975, ce mardi 24 octobre, du matin au soir, de la nouvelle arrivante qui lave les couloirs de l’Assemblée, jusqu’à la Première ministre, c’était grève générale et radicale.
Une première grève générale en Islande depuis le 24 novembre 1975
Les images de la manifestation dans la capitale Reykjavik sont impressionnantes.
Lors de la première grève générale féministe de l’Histoire islandaise, 90% des femmes avait participé. Ce jour fut baptisé Long Vendredi par les hommes islandais qui ont réalisé l’immensité du travail fournit par les femmes, aussi bien dans les entreprises que dans l’ensemble des pans de la vie quotidienne.
Depuis, l’Islande est devenue la championne du monde de l’égalité femmes / hommes. Avec 10% d’inégalité salariale, 21% dans certains secteurs à poste égal, et 40% des femmes victimes de violences sexistes et sexuelles au cours de leur vie, cette première place sur le podium est surtout alarmante pour tous les États du monde.
Depuis 1975, 5 grèves avaient été organisées. Mais aucune n’avait duré du matin au soir, sans aucune tâche ni de production (travail salarié) ni de reproduction (tâches ménagères, soins des proches et de la famille). Cette année, c’est donc la deuxième grève générale radicale féministe en Islande.
Ce mardi 24 octobre 2023 se démarque par l’inclusion pour la première fois des personnes non-binaires. Également, par rapport à 1975, le lien entre inégalité professionnelle, inégalité de salaire et violences sexistes et sexuelles apparaît bien plus au centre des mots d’ordre et des grilles d’analyse. Cela reflète les modalités d’organisations de la 4ème vague de féministe ouverte depuis #MeToo en 2017.
En France, le mot d’ordre de grève générale féministe progresse
Le 5 mai, nous recevions la chercheuse et militante Aurore Koechlin qui nous expliquait l’importance de s’approprier les outils hérités du mouvement ouvrier pour faire avancer les revendications féministes contemporaines.
Comparée à l’Islande, propulsée par près de 50 années de grèves féministes, le chemin est long en France. En moyenne, dans le secteur privé, les femmes gagnent 28,5 % (INSEE) de moins que les hommes. Même à poste équivalent et compétences égales, elles sont payées 9 % de moins que leurs collègues masculins. Les femmes sont également surreprésentées dans les métiers précaires : 78 % des salariés à temps partiel et deux salariés au SMIC sur trois sont des femmes.
Concernant les violences faîtes aux femmes, les chiffres sont alarmants. En 2021, le nombre de féminicides a augmenté de 20%. Il faut dire que confier la mission de diminuer les violences sexistes et sexuelles à Gérald Darmanin… Ce n’était, a minima, pas la garantie d’une lutte acharnée. Les chiffres démontrent que c’était même particulièrement contre-productif.
À l’Assemblée, les insoumis défendent l’égalité des salaires et des moyens pour lutter contre les violences faîtes aux femmes.
Le 24 novembre 2022, une victoire historique est arrachée par Mathilde Panot et le groupe parlementaire LFI avec l’adoption d’une proposition de loi pour inscrire le droit à l’interruption volontaire de grossesse (IVG) dans la Constitution.
Pour aller plus loin : Présidentielle : Mélenchon élu meilleur défenseur des Droits des Femmes
Cette lutte institutionnelle n’est toutefois pas suffisante. À titre d’exemple, pour que le droit à l’IVG soit inscrit définitivement dans la Constitution, il faut qu’Emmanuel Macron réunisse le Parlement en Congrès à Versailles pour voter la modification constitutionnelle. Et pour le moment, force est de constater que malgré ses promesses, le Président n’a pas l’air pressé.
Il faudra donc un puissant mouvement de grève générale féministe, à l’image de celle menée par les islandaises ce 24 octobre pour obliger les riches hommes blancs qui saturent encore l’essentiel des positions de pouvoir politique et économique en France à lâcher leurs privilèges.
Le 8 mars 2023, journée internationale de lutte pour les droits des femmes, en plein milieu du combat contre la retraite à 64 ans, particulièrement injuste pour les femmes, le mot d’ordre de grève féministe avait émergé. Bientôt une grève générale dans les pas des Islandaises ?
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