Arguments pour la lutte sociale |
Comme nous le soulignions dans notre éditorial du 14 décembre, il est vital que les syndicats de salariés s’investissent dans la mobilisation pour obtenir le retrait du projet de loi Darmanin visant à fragiliser les travailleurs immigrés et à renforcer l’exploitation de tous. A ce titre, il est positif que CGT, FSU et Solidaires appellent, enfin. Cependant tout n’est pas encore parfait. Certains ne semblent pas connaître Darmanin et son projet, alors que tout ceci est au cœur de la crise politique suscitée par le KO politique subi par le gouvernement lors du vote de la motion de rejet du parlement du lundi 11 décembre. Alors que s’ouvre le deuxième round où Macron et Darmanin vont devoir solliciter l’appui ou au moins une attitude conciliante de LR et du RN, alors que ces derniers sont en position d’exercer une forte pression pour durcir tant et plus le texte, certains secteurs syndicaux ne font pas encore du retrait une exigence centrale. Et ne semblent pas vouloir approfondir la crise du régime. Alors que la confédération CGT dans son communiqué du 11 décembre évoque clairement le projet de loi et souligne la responsabilité de Macron et Darmanin dans la poursuite de celui-ci, d’autres font comme si on était seulement dans une bataille syndicale rituelle avec une mobilisation entamée depuis le 17 octobre par des grèves avec piquets et occupations sur plusieurs sites de travail en région parisienne. Il suffirait d’exercer une pression sur les patrons pour que ceux-ci veuillent bien remplir les formulaires CERFA permettant la régularisation par le travail. Et les préfectures de bien vouloir satisfaire les demandes patronales ! Exit les menaces de Darmanin ! Exit tout le reste : suppression de l’AME, restriction du droit d’asile, remise en cause de l’accès aux prestations sociales et au regroupement familial ! Oubliée la campagne raciste qui, du gouvernement à la presse Bolloré, déchaîne un racisme diviseur et assassin ! Il suffirait de pouvoir bien travailler … Cette orientation est basée sur deux éléments qui ont un effet concret, le refus de réclamer le retrait du projet de loi Darmanin-Macron, le renoncement à caractériser et dénoncer le contenu concret du projet. Élément numéro 1 : le sectarisme. Les animateurs de ce secteur de la CGT ne veulent connaître qu’une seule action sur ce terrain, la leur. Ignorance et rejet envers les autres intervenants (autres syndicats, collectifs de sans papiers, associations). La dénonciation du racisme relèverait d’une lamentation moraliste de commentateurs petit-bourgeois. En filigrane, on découvre une capitulation sur cette question où le RN, les Ciotti et les Zemmour auraient d’emblée gagné la partie en capturant le cœur et l’esprit de nombreux salariés … Ceci nous amène directement à l’élément numéro 2. Élément numéro 2 : l’opportunisme. De la difficulté supposée de combattre les campagnes racistes on passe au repli sur une bonne et rassurante lutte « trade-unioniste » : « Messieurs les patrons, vous avez besoin de nous – travailleurs migrants – pour faire les sales boulots, alors veuillez bien nous accorder quand même les CERFA salvateurs pour décrocher les régularisations en préfecture. Vos amis les préfets vous écouteront en toute obligeance. » Visiblement, les partisans de cette conception semblent oublier que dans le capitalisme actuel, comme dans celui d’hier et d’avant hier, les patrons se reposent en permanence sur le rôle de l’État bourgeois pour construire et aggraver les conditions d’exploitation de la classe travailleuse en cherchant toujours à frapper les secteurs les plus vulnérables de celle-ci. Et par cela, ils visent la détérioration de la condition de tous. Or, dans cette fonction constante de l’État capitaliste, il y a un organe incontournable : le gouvernement. Ce mélange de sectarisme et d’opportunisme ne donne qu’un seul résultat : la protection de Macron et de Darmanin … et le maintien et l’aggravation de l’exploitation. Correspondant. Document : le tract de l’URIF CGT appelant à la manifestation du 18 décembre 2023. |
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