Pékin a réagi dimanche à l’élection de William Lai en s’opposant de nouveau à toute indépendance de l’île. Le ministère des affaires étrangères taïwanais a, lui, appelé la Chine à « respecter les résultats de l’élection, à faire face à la réalité et à renoncer à réprimer Taïwan ».
Le Monde avec AFP
Publié aujourd’hui
A peine élu président de Taïwan, Lai Ching-te (aussi connu sous son nom anglais, William Lai) s’est engagé samedi à protéger l’île « des menaces et intimidations de la Chine », Pékin, qui revendique la souveraineté du territoire, n’a pas tardé à renouveler ses menaces. Tout pas vers l’indépendance de Taïwan sera « sévèrement puni », a averti, dimanche 14 janvier, le chef de la diplomatie chinoise, Wang Yi.
« Si quiconque sur l’île de Taïwan a l’intention d’aller vers l’indépendance, ils (…) essaieront de diviser le territoire chinois et seront certainement sévèrement punis par l’histoire et la loi », a déclaré ce dernier lors d’une conférence de presse commune avec son homologue égyptien, Sameh Choukri, au Caire. De son côté, Taïwan a appelé dimanche la Chine à « respecter les résultats de l’élection, à faire face à la réalité et à renoncer à réprimer Taïwan », selon un communiqué du ministère des affaires étrangères.
Pékin, qui n’a jamais renoncé à l’usage de la force pour ramener Taïwan dans son giron, a réagi à la victoire de M. Lai en affirmant que cela ne changerait rien à « l’inévitable tendance vers la réunification de la Chine ». « C’est une impasse », a-t-il ajouté.
Pression diplomatique et militaire accentuée
Pour le chef de la diplomatie chinoise, « quels que soient les résultats de l’élection, ils ne peuvent pas changer le fait fondamental qu’il n’y a qu’une seule Chine et que Taïwan en fait partie ». « Taïwan n’a jamais été un pays. Cela ne l’était pas dans le passé et cela ne le sera certainement pas dans le futur », a-t-il encore déclaré.
Les efforts en ce sens « menacent gravement le bien-être des compatriotes taïwanais, nuisent gravement aux intérêts fondamentaux de la nation chinoise et compromettent gravement la paix et la stabilité dans la région du détroit de Taïwan », a encore averti Wang Yi. A l’aube de l’élection, la Chine a accentué sa pression diplomatique et militaire sur Taïwan. L’armée a déclaré qu’elle « prendra toutes les mesures nécessaires pour écraser fermement les tentatives d’“indépendance de Taïwan” sous toutes leurs formes ».
Mais électeurs de l’île autonome sont passés outre les avertissements et tentatives de pression de Pékin, en octroyant samedi une large victoire au candidat du Parti démocrate progressiste. Lai Ching-te, âgé de 64 ans et fervent défenseur de l’autonomie du territoire, est qualifié par le Parti communiste chinois de dangereux séparatiste, en raison de ses propos en faveur de l’indépendance de l’île.
Il est arrivé en tête de l’élection présidentielle avec 40,1 % des voix. Lors de son discours de victoire, le président élu a estimé que « le peuple taïwanais a résisté aux efforts des forces extérieures pour influencer cette élection ». « Nous sommes déterminés à protéger Taïwan des menaces et intimidations continuelles de la Chine », a-t-il encore déclaré devant ses partisans, promettant toutefois de « poursuivre les échanges et la coopération avec la Chine » en matière économique. M. Lai prendra ses fonctions le 20 mai.
Le Monde avec AFP
Taïwan : les anti-Pékin gagnent la présidentielle, mais perdent les législatives
L’archipel, un territoire revendiqué par Pékin, a élu samedi le candidat considéré comme un dangereux séparatiste aux yeux du Parti communiste chinois, l’actuel vice-président William Lai Ching-te. Son parti, le DPP, a cependant perdu la majorité au Parlement, signe de l’usure du pouvoir et de la désaffection d’une partie de l’électorat jeune.
C’est un luxe que les Chinois·es du continent ne peuvent s’offrir : celui de désigner directement leurs représentant·es au terme d’un processus démocratique. De l’autre côté du détroit, les près de 20 millions d’électrices et d’électeurs de Taïwan – un territoire que le Parti communiste chinois revendique, n’écartant pas d’avoir recours à la manière forte – le peuvent. Et les 70 % de taux de participation des élections présidentielle et parlementaire samedi 13 janvier montre que les Taïwanais·es ne s’en privent pas.
À l’issue d’une campagne marquée par des pressions et menaces de Pékin, ils ont favorisé, lors d’un scrutin présidentiel à un tour, le vice-président sortant, William Lai Ching-te, 64 ans, qui refuse tout rapprochement avec la République populaire de Chine aux conditions édictées par Pékin. Le candidat du DPP (Parti démocrate progressiste) n’avait cependant pas repris pendant la campagne les positions en faveur de l’indépendance qu’il avait défendues dans le passé. Ce qui n’empêche pas Pékin de l’accuser d’être un « grave danger » en cherchant à obtenir l’indépendance de l’archipel. La Chine avait appelé les électeurs et électrices à faire « le bon choix ». Elle a eu sa réponse.
Poster un Commentaire