Après la présidentielle à Taïwan, la Chine répète que toute initiative en faveur de l’indépendance sera « sévèrement punie »

Chinese Foreign Minister Wang Yi holds a press conference, in Cairo, Egypt January 14, 2024. REUTERS/Mohamed Abd El Ghany

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Pékin a réagi dimanche à l’élection de William Lai en s’opposant de nouveau à toute indépendance de l’île. Le ministère des affaires étrangères taïwanais a, lui, appelé la Chine à « respecter les résultats de l’élection, à faire face à la réalité et à renoncer à réprimer Taïwan ».

Le Monde avec AFP

Publié aujourd’hui

A peine élu président de Taïwan, Lai Ching-te (aussi connu sous son nom anglais, William Lai) s’est engagé samedi à protéger l’île « des menaces et intimidations de la Chine », Pékin, qui revendique la souveraineté du territoire, n’a pas tardé à renouveler ses menaces. Tout pas vers l’indépendance de Taïwan sera « sévèrement puni », a averti, dimanche 14 janvier, le chef de la diplomatie chinoise, Wang Yi.

« Si quiconque sur l’île de Taïwan a l’intention d’aller vers l’indépendance, ils (…) essaieront de diviser le territoire chinois et seront certainement sévèrement punis par l’histoire et la loi », a déclaré ce dernier lors d’une conférence de presse commune avec son homologue égyptien, Sameh Choukri, au Caire. De son côté, Taïwan a appelé dimanche la Chine à « respecter les résultats de l’élection, à faire face à la réalité et à renoncer à réprimer Taïwan », selon un communiqué du ministère des affaires étrangères.

Pression diplomatique et militaire accentuée

Pour le chef de la diplomatie chinoise, « quels que soient les résultats de l’élection, ils ne peuvent pas changer le fait fondamental qu’il n’y a qu’une seule Chine et que Taïwan en fait partie ». « Taïwan n’a jamais été un pays. Cela ne l’était pas dans le passé et cela ne le sera certainement pas dans le futur », a-t-il encore déclaré.

Large victoire de Lai Ching-te

Mais électeurs de l’île autonome sont passés outre les avertissements et tentatives de pression de Pékin, en octroyant samedi une large victoire au candidat du Parti démocrate progressiste. Lai Ching-te, âgé de 64 ans et fervent défenseur de l’autonomie du territoire, est qualifié par le Parti communiste chinois de dangereux séparatiste, en raison de ses propos en faveur de l’indépendance de l’île.

Il est arrivé en tête de l’élection présidentielle avec 40,1 % des voix. Lors de son discours de victoire, le président élu a estimé que « le peuple taïwanais a résisté aux efforts des forces extérieures pour influencer cette élection ». « Nous sommes déterminés à protéger Taïwan des menaces et intimidations continuelles de la Chine », a-t-il encore déclaré devant ses partisans, promettant toutefois de « poursuivre les échanges et la coopération avec la Chine » en matière économique. M. Lai prendra ses fonctions le 20 mai.

Le Monde avec AFP

Taïwan : les anti-Pékin gagnent la présidentielle, mais perdent les législatives

L’archipel, un territoire revendiqué par Pékin, a élu samedi le candidat considéré comme un dangereux séparatiste aux yeux du Parti communiste chinois, l’actuel vice-président William Lai Ching-te. Son parti, le DPP, a cependant perdu la majorité au Parlement, signe de l’usure du pouvoir et de la désaffection d’une partie de l’électorat jeune.

François Bougon

13 janvier 2024

C’est un luxe que les Chinois·es du continent ne peuvent s’offrir : celui de désigner directement leurs représentant·es au terme d’un processus démocratique. De l’autre côté du détroit, les près de 20 millions d’électrices et d’électeurs de Taïwan – un territoire que le Parti communiste chinois revendique, n’écartant pas d’avoir recours à la manière forte – le peuvent. Et les 70 % de taux de participation des élections présidentielle et parlementaire samedi 13 janvier montre que les Taïwanais·es ne s’en privent pas.

À l’issue d’une campagne marquée par des pressions et menaces de Pékin, ils ont favorisé, lors d’un scrutin présidentiel à un tour, le vice-président sortant, William Lai Ching-te, 64 ans, qui refuse tout rapprochement avec la République populaire de Chine aux conditions édictées par Pékin. Le candidat du DPP (Parti démocrate progressiste) n’avait cependant pas repris pendant la campagne les positions en faveur de l’indépendance qu’il avait défendues dans le passé. Ce qui n’empêche pas Pékin de l’accuser d’être un « grave danger » en cherchant à obtenir l’indépendance de l’archipel. La Chine avait appelé les électeurs et électrices à faire « le bon choix ». Elle a eu sa réponse.

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L’archipel, un territoire revendiqué par Pékin, a élu samedi le candidat considéré comme un dangereux séparatiste aux yeux du Parti communiste chinois, l’actuel vice-président William Lai Ching-te. Son parti, le DPP, a cependant perdu la majorité au Parlement, signe de l’usure du pouvoir et de la désaffection d’une partie de l’électorat jeune.

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C’est un luxe que les Chinois·es du continent ne peuvent s’offrir : celui de désigner directement leurs représentant·es au terme d’un processus démocratique. De l’autre côté du détroit, les près de 20 millions d’électrices et d’électeurs de Taïwan – un territoire que le Parti communiste chinois revendique, n’écartant pas d’avoir recours à la manière forte – le peuvent. Et les 70 % de taux de participation des élections présidentielle et parlementaire samedi 13 janvier montre que les Taïwanais·es ne s’en privent pas.

À l’issue d’une campagne marquée par des pressions et menaces de Pékin, ils ont favorisé, lors d’un scrutin présidentiel à un tour, le vice-président sortant, William Lai Ching-te, 64 ans, qui refuse tout rapprochement avec la République populaire de Chine aux conditions édictées par Pékin. Le candidat du DPP (Parti démocrate progressiste) n’avait cependant pas repris pendant la campagne les positions en faveur de l’indépendance qu’il avait défendues dans le passé. Ce qui n’empêche pas Pékin de l’accuser d’être un « grave danger » en cherchant à obtenir l’indépendance de l’archipel. La Chine avait appelé les électeurs et électrices à faire « le bon choix ». Elle a eu sa réponse.

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Le vainqueur de la présidentielle taïwanaise, William Lai Ching-te, en compagnie de la future vice-présidente Hsiao Bi-kim, samedi 13 janvier à Taipei. © Photo Yasuyoshi Chiba/AFP

William Lai Ching-te, qui prendra ses fonctions le 20 mai, a obtenu plus de 40 % des voix, selon des résultats portant sur 98 % des bureaux de vote, devant ses deux rivaux qui prônaient une politique d’apaisement avec Pékin : Hou Yu-ih, du Kuomintang (KMT) (plus de 33 % des votes), et Ko Wen-je, ancien maire de la capitale Taïpei du TPP (Parti du peuple taïwanais) (plus de 26 %). Tous deux ont reconnu leur défaite avant même la proclamation officielle des résultats.

Pour la première fois depuis 2000, l’alternance n’a pas eu lieu à l’issue de deux mandats. Cette année-là, le candidat indépendantiste Chen Shui-bian avait été désigné, gouvernant jusqu’en 2008. Lui avait succédé pendant huit ans Ma Ying-jeou, du Parti nationaliste (Kuomintang), puis l’actuelle présidente Tsai Ing-wen.

Pas de majorité au Parlement

Le scrutin a cependant été beaucoup plus serré qu’il y a quatre ans, lorsque l’actuelle présidente, Tsai Ing-wen, l’avait emporté avec plus de 8 millions de voix (57,13 %). D’ailleurs, aux législatives, le DPP a perdu la majorité au Parlement, signe d’une certaine usure du pouvoir et d’un mécontentement, notamment des plus jeunes, face aux difficultés économiques et sociales. Comme le souligne le média taïwanais Liberty Times« sur un total de 113 sièges au Yuan législatif [Parlement – ndlr], le Kuomintang devrait remporter 52 sièges et devenir le plus grand parti au Congrès, tandis que les sièges du Parti démocrate progressiste sont tombés à 51. Le Parti populaire de Taïwan devrait remporter 8 sièges et rester le troisième parti au Congrès ».

Pour le site taïwanais Bloom, les résultats montrent en effet que le DPP aurait pu perdre également la présidentielle si l’union de l’opposition, un temps envisagée, avait réussi. Hou Yu-ih, du Kuomintang (KMT), et Ko Wen-je, du TPP, récoltent tous deux un peu plus de 8 millions de voix. Réagissant à la victoire de Lai, Ko Wen-je a même lancé : « Nous gouvernerons certainement dans quatre ans. » Pour Bloom, « l’avenir de la politique taïwanaise reste donc largement inconnu. Beaucoup dépendra de la dynamique entre le pouvoir législatif et la présidence, ainsi que du rôle que jouera le TPP ».

Dans son discours, à l’issue du scrutin, William Lai Ching-te a appelé à l’unité et à la défense de la démocratie : « Nous disons à la communauté internationale qu’entre la démocratie et l’autoritarisme, nous nous tiendrons du côté de la démocratie. » Il s’est également engagé à maintenir le statu quo avec la Chine.

Depuis l’élection de Tsai Ing-wen en 2016, la Chine a accru les pressions diplomatiques et militaires sur Taïwan. Lors de son discours du nouvel an, le numéro un chinois Xi Jinping avait affirmé que « tous les Chinois des deux côtés du détroit de Taïwan devraient être liés par un but commun et partager la gloire du renouveau de la nation chinoise ».

Toute la semaine, Pékin a accentué sa pression diplomatique et militaire. Jeudi, cinq ballons chinois ont franchi la ligne médiane séparant l’île autonome de la Chine, selon le ministère taïwanais de la défense, qui a aussi repéré dix avions et six navires de guerre. Samedi, des journalistes de l’Agence France-Presse (AFP) ont observé un avion de chasse chinois au-dessus de la ville de Pingtan, la plus proche de Taïwan.

Le statut de Taïwan est l’un des sujets les plus explosifs de la rivalité entre la Chine et les États-Unis, premier soutien militaire du territoire, et Washington a prévu d’envoyer une « délégation informelle » sur l’île après le vote. Vendredi, le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a rencontré à Washington Liu Jianchao, à la tête de la division internationale du Comité central du Parti communiste chinois. Il lui a rappelé l’importance de « maintenir la paix et la stabilité dans le détroit de Taïwan ».

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