Gaza: Netanyahu déterminé à entrer à Rafah, l’espoir d’une trêve s’éloigne

Netanyahu reste ferme. Le Premier ministre israélien s’est dit ce 17 février déterminé à mener une offensive terrestre à Rafah où s’entassent 1,4 million de personnes, après que le médiateur qatari a reconnu que les négociations sur une trêve entre Israël et le Hamas n’étaient « pas très prometteuses ».

Des Palestiniens marchent sur le site d’une frappe israélienne sur une maison, à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 12 février 2024. © Ibraheem Abu Mustafa / Reuters

Benyamin Netanyahu n’a pas l’intention de renoncer à l’offensive sur Rafah. « Quiconque veut nous empêcher de mener une opération à Rafah nous dit en fait de perdre la guerre. Je ne vais pas céder à cela », a déclaré le Premier ministre israélien lors d’une conférence de presse à Tel Aviv. Signe de sa détermination, il a estimé que la pression militaire devait continuer même en cas d’accord avec le groupe islamiste, rapporte notre correspondant à Jérusalem, Michel Paul.

« Même si nous parvenons à un accord sur les otages, nous allons entrer dans Rafah », a assuré Benyamin Netanyahu. Un règlement du conflit ne pourra se faire que par des négociations directes entre les parties, a-t-il encore expliqué. « Nous ne céderons à aucune pression. Sous ma direction, Israël continuera à s’opposer à une reconnaissance unilatérale d’un État palestinien ».

Israël va poursuivre les combats jusqu’à la victoire complète. Et oui, cela comprend aussi une opération à Rafah. Bien sûr après avoir permis aux civils qui se trouvent dans la zone de combat d’évacuer vers des secteurs plus sûrs. Ceux qui veulent nous empêcher d’agir à Rafah nous disent en quelque sorte: Perdez la guerre. Je ne le permettrai pas.

Benyamin Netanyahu, Premier ministre israélien

Michel Paul

Pourtant, des négociations impliquant les médiateurs égyptien, américain et qatari pour obtenir une trêve entre le Hamas et Israël, incluant un échange entre otages israéliens et prisonniers palestiniens, ont eu lieu ces dernières semaines. Celles-ci n’ont « pas été très prometteuses ces derniers jours », a reconnu le Premier ministre du Qatar Mohammed ben Abdelrahmane al-Thani lors de la Conférence sur la sécurité à Munich. Mais « nous ferons de notre mieux pour nous rapprocher » d’un accord, ajoutant qu’un arrêt des combats signifiait qu’Israël accepte une solution à deux États.

Le « dilemme » du cessez-le-feu

Pour le chef de la diplomatie américaine, dont le pays s’active, avec le Qatar et l’Égypte, pour tenter d’obtenir un cessez-le-feu sur le terrain, une fenêtre d’opportunité existe malgré tout, explique notre correspondant à Berlin, Pascal Thibaut. Antony Blinken a souligné à Munich que « virtuellement tous les pays arabes » souhaitent à terme normaliser leurs relations avec Israël, une « opportunité extraordinaire au Proche-Orient ».

Le Hamas a de son côté menacé de quitter les pourparlers si « une aide (humanitaire) n’était pas acheminée dans le nord de Gaza », menacée de famine, a indiqué un « dirigeant » anonyme du mouvement cité dans un communiqué. Quant au chef du Hamas, Ismaïl Haniyeh, il a répété que son mouvement exigeait notamment un cessez-le-feu et le retrait des troupes israéliennes de Gaza, dans le cadre des négociations.

Des conditions rejetées plusieurs fois par Israël, dont l’offensive d’envergure à Gaza a rasé des quartiers entiers, déplacé 1,7 million de personnes et provoqué une crise humanitaire catastrophique, selon l’ONU. Selon Israël, 130 otages sont encore détenus à Gaza, dont 30 seraient morts, sur environ 250 personnes enlevées lors de l’attaque du 7 octobre lancée par le Hamas. Une trêve d’une semaine en novembre avait permis la libération de 105 otages et de 240 Palestiniens détenus par Israël. « Un dilemme auquel nous avons été confrontés (…) est qu’obtenir un cessez-le-feu (était) conditionné à un accord sur les otages », a expliqué le Premier ministre qatari. « Cela ne devrait pas être conditionné. »

Risque de famine à Rafah

Alors que de nouvelles aides sont arrivées samedi à Rafah, l’ONU a averti que les habitants du territoire palestinien risquaient la famine. « Nous n’allons pas mourir à cause des bombes, mais de faim », a lancé Mohammed Nassar, 50 ans, de Jabaliya, dans le nord de Gaza.

À Tel-Aviv, des milliers d’Israéliens ont manifesté contre le gouvernement Netanyahu et appelé ce dernier à conclure un accord pour libérer les otages. À l’étranger, des manifestations de solidarité avec les Palestiniens ont eu lieu dans plusieurs villes, à Rome, à Londres, à Stockholm et à Istanbul.

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