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27 février Beau concert provoqué en France par ce que Macron est censé avoir dit : envoyer des troupes en Ukraine, carrément ! (les campistes qui prétendent depuis des années que l’OTAN bombarde l’Ukraine ne sont d’ailleurs pas à une contradiction près, les voila qui s’insurgent contre un tel envoi de troupes : il n’y en avait donc pas déjà?). Qu’a dit réellement Macron ? Tout et son contraire : “Il n’y a pas de consensus aujourd’hui pour envoyer, de manière officielle, assumée et endossée, des troupes au sol. Mais en dynamique, rien ne doit être exclu. Nous ferons tout ce qu’il faut pour que la Russie ne puisse pas gagner cette guerre”. Traduction : en théorie c’est possible, en pratique non. De même : « Je veux la défaite de la Russie en Ukraine et je veux que l’Ukraine puisse défendre sa position, mais je suis convaincu qu’à la fin ça ne se conclura pas militairement. Je ne pense pas, comme certains, qu’il faut défaire la Russie totalement … » Traduction : il faut battre un peu la Russie, mais pas trop. L’Ukraine n’a rien demandé à Macron et Zelenski déclarait vendredi : « Macron perd son temps. » Alors, à quoi joue-t-il ? D’abord, ce n’est pas lui qui a rendu publique la question de l’envoi de troupes, mais c’est Fico, président poutinien et corrompu du gouvernement slovaque, pour dénoncer un tel projet. Cette discussion entre États membres de l’OTAN ne saurait dater de ce week-end. Elle consiste à se demander s’il ne faudrait pas envoyer des soldats sans drapeaux pour, d’une part, aider sur les arrières et sur des points précis les troupes ukrainiennes, d’autre part, empiéter sur leur souveraineté pour contrôler l’usage des armes et limiter toute “escalade envers la Russie”. Des milliers de volontaires internationaux, et parmi eux des anarchistes, des jeunes en lutte pour le climat, des antifas, des républicains irlandais … n’ont pas attendu l’OTAN, et leur existence souligne le crime du mouvement ouvrier et de la gauche mondiaux qui n’en sont pas à assumer ce qui serait parfaitement possible, l’organisation de Brigades internationales. Mais quelle est la réalité de l’aide militaire aujourd’hui ? L’Ukraine a rendu public le fait que seul un tiers des munitions annoncées, au total, est arrivé. Les tirs russes sont le triple des tirs ukrainiens, voire plus. Josep Borrel, haut représentant aux Affaires étrangères de l’UE et membre du PS catalan, vient de déclarer que des armes il y en a, et en quantité suffisante, mais qu’elles sont livrées en priorité à d’autres pays qui ont signé des contrats. La France est concernée directement, troisième marchand d’armes après les EU et la Russie, et qui livre des armes les plus sophistiquées aux régimes les plus réactionnaires comme l’Arabie Saoudite, Israël, l’Inde et les Émirats Arabes Unis. La France, qui est à la 27ème place pour son « aide » à l’Ukraine avec 0,07% du PIB, soit 1,98 milliards d’euros, à mettre en regard des 4,5 milliards prévus pour étendre le « Service National Universel »(SNU) d’abrutissement de la jeunesse et payer les uniformes ! Voila qui remet à sa vraie place le « bellicisme » de Macron. Mais il est sans doute vrai qu’il a voulu jouer les gros bras : pas envers Poutine, mais envers Washington, où le candidat Trump vient de relancer la crise de l’OTAN en annonçant qu’élu, il n’aidera aucun pays européen envahi par la Russie. C’était en écho à Trump qu’en 2019, Macron avait déclaré l’OTAN en état de « mort cérébrale ». Il aura sans doute voulu relancer le thème de la défense européenne et promouvoir l’industrie militaire française aux avant-postes pour les profits. Rien à voir avec l’aide proportionnellement importante des États baltes et scandinaves, qui savent pourquoi … Ce faisant, Macron ne pouvait pas ne pas savoir qu’il offrait un gros susucre à tous les tenants du cessez-le-feu immédiat pour préserver Poutine. Les militants ouvriers ne sauraient se féliciter de cette véritable union sacrée là, quand J.L. Mélenchon, appelant à « négocier la paix en Ukraine avec des clauses de sécurité mutuelle », c’est-à-dire à l’entente entre impérialismes contre les peuples, et contre le peuple ukrainien, se retrouve exactement sur la même position que Marine Le Pen. On notera en outre que ceci a permis à Olivier Faure d’entreprendre de réfréner les positions pro-ukrainiennes de Raphaël Glucksmann, tête de la liste soutenue par le PS aux Européennes. C’est avec un simple haussement d’épaule – comme celui des Ukrainiens qui savent ce que macroner veut dire – qu’il conviendrait de réagir. Mais par contre, la libre discussion des questions militaires, dont il faut s’emparer et ne pas la laisser aux Macron, aux officiers, aux industriels, aux faux pacifistes, est une discussion sérieuse, urgente, nécessaire pour toutes les forces qui veulent sérieusement l’émancipation humaine ! VP, le 27-02-2024. |
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