Navalny mort, regain de vie de l’opposition au funèbre Poutine à l’avant-veille des élections trafiquées.
Beau pied de nez à son assassin ! Et au massacreur des Ukrainien.ne.s qui transforme nombre de ses compatriotes en chair à canon pour qu’ils sèment la mort en Ukraine.
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Repris du RESU, réseau de solidarité avec l’Ukraine
Sur Telegram Meduza (1)
Principale actualité 1er mars – La Russie a dit au revoir à Alexei Navalny
✹ Les funérailles d’Alexei Navalny ont eu lieu à 14h00 dans l’église de l’icône de la Mère de Dieu « Éteignez mes chagrins » dans le quartier de Maryino à Moscou. Le religieux Sergei Chapnin a déclaré que le recteur de l’église de Maryino avait reçu l’ordre de « réduire au maximum » l’heure des funérailles de Navalny. La police avait auparavant bouclé le quartier de l’église avec des clôtures métalliques, et seuls quelques-uns ont pu assister au service. Meduza a parlé avec l’un de ceux qui ont réussi.
✹ Alexeï Navalny a été enterré au cimetière Borisov à Moscou. Les gens lui ont dit au revoir avec « My Way » de Frank Sinatra. Et le cercueil a été descendu dans le sol au son de la bande originale de Terminator 2. Après cela, tous ceux qui voulaient dire au revoir à l’homme politique ont commencé à être autorisés à entrer dans le cimetière. Le cimetière a fermé ses portes vers 22h30, heure de Moscou.
✹ Malgré les violentes intimidations des autorités, des dizaines de milliers de personnes se sont rassemblées à Moscou pour honorer la mémoire d’Alexeï Navalny assassiné. Les ambassadeurs des États-Unis et de l’Union européenne, ainsi que Evgeny Roizman et Boris Nadezhdin, sont venus dire au revoir à l’homme politique. Les principales photos de cette journée sont dans notre galerie .
✹ Le secrétaire de presse de Vladimir Poutine, Dmitri Peskov , a déclaré que le Kremlin n’avait rien à dire aux proches d’Alexeï Navalny le jour de ses funérailles.
✹ Dans toute la Russie, des fleurs ont été portées à la mémoire d’Alexeï Navalny aux mémoriaux des victimes de la répression politique, où les forces de sécurité étaient de service dans la matinée. Plus de 120 personnes ont été arrêtées aujourd’hui dans 19 villes russes.
✹ Navalny était orthodoxe, ses adieux avaient lieu dans l’église et avant cela, les croyants lui ordonnaient des services. Nous parlons de ces événements d’un point de vue chrétien dans le podcast « What Happened ».
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Et aussi
Le compte-rendu dans Libération.
Au passage c’est un démenti à ceux qui considèrent que » les Russes » sont des êtres passifs et soumis.
Funérailles d’Alexeï Navalny : à Moscou, les adieux du courage
Les obsèques du détracteur principal de Vladimir Poutine, mort en détention il y a deux semaines, se sont tenues ce vendredi 1er mars dans la capitale russe. Parmi ses soutiens, présents par milliers malgré les menaces du Kremlin, 45 personnes ont été arrêtées.
par Izia Rouviller et Sonia Delesalle-Stolper
publié aujourd’hui à 9h33
(Mis à jour le 1er mars 2024 à 19h28)
Ils marchent, à visage découvert, quelques fleurs à la main, déterminés. Ils marchent dans le froid, encadrés par des grilles installées pour les contenir, observés, guettés par des dizaines et des dizaines de représentants des forces de l’ordre qui, eux, ont le visage parfaitement dissimulé. Ils marchent par milliers et leur présence formidablement courageuse, en dépit des menaces, des risques d’arrestation, est autant un hommage à Alexeï Navalny qu’un geste de défiance à Vladimir Poutine. «N’abandonnez pas !» avait demandé l’opposant à son peuple dans le documentaire Navalny de Daniel Roher, sorti en 2022.
Le peuple russe n’a pas abandonné. «Tu n’avais pas peur, et nous n’avons pas peur», ont-ils scandé par milliers vendredi à Moscou alors que la dépouille du plus célèbre, et plus craint, opposant du président russe, a pu enfin être enterrée, quinze jours après sa mort le 16 février dans la colonie pénitentiaire de l’Arctique où il était emprisonné. Les policiers sont arrivés les premiers, dès l’aube, fourgonnettes après fourgonnettes, long cortège menaçant, intimidant. Mais rien n’y a fait. A peine le jour levé, les Moscovites, de tous âges, ont commencé à affluer, marchant calmement vers l’église du district de Marino, dans le sud-est de la capitale russe, où s’est déroulée la brève cérémonie d’adieu.
Les collaborateurs de l’opposant avaient appelé les Moscovites mais aussi ses soutiens dans les autres villes russes et à l’étranger à se rassembler devant des monuments commémoratifs de la répression soviétique. «Toute manifestation non autorisée constituera une violation de la loi. Par conséquent, ceux qui y participeront seront tenus pour responsables», leur avait répondu vendredi le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov. Dans les jours qui ont suivi la mort de l’opposant, près de 400 personnes avaient été arrêtées par la police lors de rassemblements improvisés en sa mémoire. Vendredi soir, au moins 45 personnes avaient été interpellées.
Des policiers russes avaient même été repérés par un correspondant de la BBC sur les toits des maisons alentour. Ils sont postés «comme si nous allions déclencher une révolution», avait commenté l’ancien chef de cabinet d’Alexeï Navalny, Leonid Volkov. «Notre objectif est de faire des adieux et un deuil pacifiques, mais il semble que les autorités russes considèrent qu’il s’agit d’une émeute.»
Peu avant l’arrivée du corbillard, vers midi, la foule s’étalait sur plus de deux kilomètres autour du carré qui entoure le parc et son église. Jusqu’au bout, les autorités auront joué avec les nerfs de la famille d’Alexeï Navalny. Après avoir retenu son corps, menacé sa mère pour qu’elle accepte un enterrement à la sauvette – ce qu’elle avait refusé –, avoir empêché ses proches de louer dans Moscou une salle pour organiser un hommage, la morgue où reposait la dépouille de l’opposant a pris plus de temps que prévu pour laisser les pompes funèbres emmener enfin le cercueil vers sa dernière demeure.
Lorsque le cercueil est apparu, sortant du corbillard, les cris ont jailli de la foule massée là. «Navalny, Navalny», scandait-elle, «Pardonnez-nous !» ou encore «Merci pour votre fils», directement adressé à la mère de Navalny, Lioudmila Navalnaïa, présente, entourée de proches et de soutiens de l’opposant. Les ambassadeurs français, américain et allemand, ainsi qu’au moins trois figures de l’opposition encore en liberté, Evguéni Roïzman, Boris Nadejdine et Ekaterina Dountsova, s’étaient aussi déplacés pour un dernier hommage. Dans la foule, on distinguait également les parents d’Ilia Iachine, autre opposant derrière les barreaux.
Son épouse, Ioulia, ses deux enfants, Dacha et Zakhar, réfugiés à l’étranger, n’ont pu se rendre à Moscou par crainte des représailles possibles. Son frère, Oleg, déjà emprisonné dans le passé, non plus. Sur Instagram, il a posté un message poignant : «Repose en paix, mon frère, ne t’inquiète de rien.» Peu après les obsèques, Ioulia Navalnaïa a publié sur X (ex-Twitter) un hommage déchirant. «Merci pour ces vingt-six années de bonheur absolu, je ne sais comment vivre sans toi, mais je ferai de mon mieux pour que tu sois heureux et fier de moi là-haut. Je ne sais pas si j’y arriverai, mais j’essaierai.» Le lendemain de l’annonce de la mort d’Alexeï Navalny, à 47 ans, elle avait promis de poursuivre sa lutte pour une Russie sans le système corrompu de Vladimir Poutine, qu’elle accuse ouvertement d’avoir assassiné son mari.
Dans l’église, située dans un quartier où habitait Alexeï Navalny lorsqu’il était libre, son corps recouvert de dizaines de fleurs rouges et blanches a été exposé à cercueil ouvert pour ses proches, selon le rite orthodoxe. Des dizaines de personnes se pressaient autour du corps, pour déposer qui une petite icône, qui une fleur dans son cercueil.
A la sortie de la messe, alors que le corbillard franchissait les grilles de l’enceinte du parc où se trouvait l’église, la foule a commencé à lancer des fleurs sur le véhicule, avant de forcer les barrières métalliques, de les renverser et de les piétiner puis de ramasser des fleurs pour les apporter au cimetière Borissovo où le cercueil est arrivé vers 14h15 (heure française). Là aussi, la foule était immense, comme galvanisée, des cris ont fusé, en guise de chant funèbre : «Non à la guerre» en Ukraine !
Les membres de la Fondation anticorruption – fondée par Navalny en 2011 – avaient décidé de retransmettre en direct les funérailles via la chaîne YouTube officielle d’Alexeï Navalny. Il n’y a plus de chaîne indépendante qui émette depuis la Russie, et les médias d’Etat n’ont accordé que peu d’attention aux obsèques de l’opposant.
Deux membres de l’équipe couvraient donc les événements depuis un studio et répondaient aux questions des téléspectateurs présents – ils étaient 259 000 sur le live aux alentours de 13 heures (heure française). Sur un site lancé dans la foulée par son équipe, plus de 150 000 bougies numériques avaient été allumées en la mémoire d’Alexeï Navalny.
Vladimir Poutine n’a pas commenté la mort de son grand rival, qu’il évite de citer nommément depuis des années. L’ensemble de la mobilisation en hommage à Alexeï Navalny pourrait fortement l’embarrasser, deux semaines avant l’élection présidentielle – du 15 au 17 mars – dont on sait déjà que le résultat prolongera son règne, long de vingt-quatre ans déjà, à la tête du Kremlin. De son côté, Emmanuel Macron a salué vendredi soir le «courage» des Russes venus par milliers à Moscou, malgré le risque d’être arrêtés. «Il en fallait du courage pour aller rendre hommage à Alexeï Navalny. Des milliers de Russes n’en ont pas manqué. Son héritage est là. Mémoire éternelle», a écrit le président français dans un message sur le réseau social X.
Comme un clin d’œil à l’humour dont il faisait souvent usage, y compris depuis sa prison, mais aussi à son extraordinaire charisme, c’est sur les notes de la chanson My Way de Frank Sinatra et sur celles de la scène finale de Terminator 2 – son film fétiche – qu’Alexeï Navalny a été mis en terre, juste à l’entrée du cimetière, en présence de nombreux de ses partisans, certains avec des fleurs, d’autres avec des pleurs. En fin de journée sur X, l’équipe de Navalny a simplement posté la vidéo de la foule massée sur le parcours du cercueil avec un unique mot : «Merci.»
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