Une voiture de la brigade anticriminalité a renversé mercredi soir le deux-roues qui avait plus tôt refusé un contrôle. Le conducteur est mort peu après et le passager a été grièvement blessé.
L’avocat du jeune homme de 18 ans mort à scooter mercredi 13 mars dans une course-poursuite à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis) a accusé vendredi les policiers de l’avoir « volontairement » percuté. L’avocat des policiers dénonce, lui, une « contrevérité » et défend la thèse de l’accident.
En début de soirée mercredi, un scooter monté par deux jeunes hommes était poursuivi par la police après un refus de contrôle. Dans une avenue d’Aubervilliers, le deux-roues a ensuite été heurté par un véhicule d’une brigade anticriminalité (BAC), appelée en renfort, qui arrivait en sens inverse.
Le conducteur, Wanys R., 18 ans, est mort peu après la collision et son passager a été grièvement blessé. Une vidéo du drame a été largement diffusée sur les réseaux sociaux et dans les médias.
D’après un communiqué du parquet de Bobigny jeudi, qui se basait sur les premiers éléments de l’enquête, « le conducteur de l’équipage de la BAC était contraint de faire une embardée pour éviter un véhicule qui ne respectait pas une priorité et entrait en collision avec le scooter qui arrivait en sens inverse ».
Des « allégations fantaisistes »
La vidéo, visionnée par l’Agence France-Presse (AFP), montre un véhicule semblant être un taxi sortant du bas-côté juste devant la voiture de police et se retrouvant sur sa trajectoire. Celle-ci se déporte alors sur la voie de circulation inverse où elle percute le scooter qui arrive en face.
« Il est assez évident que le véhicule de police a dû faire une manœuvre d’évitement d’urgence au dernier moment car le véhicule tiers lui coupait la route, cela ressort clairement de la vidéo », a dit à l’AFP Me Jérôme Andrei, avocat des deux policiers à l’avant du véhicule. « Dire qu’il l’a percuté volontairement est une contrevérité, a-t-il ajouté, objectivement cela reste un accident. »
Les « allégations » du parquet sur une « collision accidentelle liée au comportement d’un tiers automobiliste paraissent fantaisistes et sont démenties par la vidéo », a pour sa part estimé Me Bouzrou dans son communiqué, demandant le dépaysement de la procédure.
Deux enquêtes ont été ouvertes : la première a été confiée à l’Inspection générale de la police nationale (IGPN). La seconde, pour refus d’obtempérer aggravé, a été confiée au service de traitement judiciaire des accidents de la Préfecture de police.
Les trois policiers qui se trouvaient dans le véhicule impliqué dans la collision ont été entendus en audition libre par les enquêteurs de l’IGPN, la « police des polices ».
« L’analyse des témoignages, des rapports de police et de l’ensemble de vidéos se poursuit activement pour avoir de façon la plus objective possible les circonstances de l’accident et les instants qui les ont précédées », a déclaré vendredi à l’AFP le procureur de la République en Seine-Saint-Denis, Eric Mathais.
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