Quatre militants opposés à l’A69 sont toujours installés dans des arbres depuis un mois. Leur objectif est de rester en place jusqu’au 31 mars 2024, date à partir de laquelle les arbres ne pourront plus être abattus durant plusieurs semaines. Le GIGN pourrait rapidement intervenir pour les déloger.
« Je suis jardinier élagueur, je dirige une société qui emploie 7 à 8 personnes », décrit Réva, l’un des quatre écureuils encore perchés dans un arbre, à Saïx dans le Tarn, depuis le 15 février 2024. Quadrillée par les forces de l’ordre, la Crem’arbre, la ZAD située sur le tracé de la future autoroute A 69, qui doit relier Castres-Toulouse a déjà été en partie évacuée.
Bien loin de leur quotidien, Anna, Riva, Pomme et Milan survivent en haut des cimes, à plus de 20 mètres du sol depuis 30 jours et 30 nuits, dans des conditions peu évidentes. Une situation dénoncée par le rapporteur de l’ONU, Michel Frost, il y a quelques semaines.
Dans les arbres, les militants subissent tous les aléas climatiques.
« Les duvets ont été refusés, les vêtements chauds ont été refusés », indique Riva qui ne masque pas un certain épuisement : « La fatigue se fait ressentir. J’ai mal aux muscles, aux articulations, on a de plus en plus de problèmes de sécurité », poursuit-il. « Je suis fatigué, il faut être attentif tout le temps, car on est à 20 ou 30 mètres du sol », lâche Milan, les traits tirés.
Le ravitaillement toujours compliqué
L’accès à la nourriture reste compliqué. Un seul ravitaillement est autorisé par les forces de l’ordre. Des gendarmes qui montent la garde et empêchent même les journalistes de rencontrer librement les militants. Il y a trois jours, dans la nuit de mardi à mercredi un écureuil a tenté de récupérer un sac de nourriture au pied de son arbre, comme le montrent ces images.
« Ils sont sortis de garde à vue en général avec des contrôles judiciaires avec interdiction de paraître dans le département du Tarn avec pointage au commissariat. Ils seront jugés avec des procès qui auront lieu entre le mois de mai et le mois de septembre », récapitule leur avocate, Me Claire Dujardin, à notre journaliste Marion Meyer.
Soutenus par les militants de la zone à défendre, les écureuils ne lâchent pas. Alors qu’à une dizaine de mètres d’eux, une nouvelle nacelle des forces de l’ordre vient d’arriver pour les déloger.
Permettre à la justice de faire son travail
» Nous, on est là pour que la forêt survive le temps que la justice fasse son travail. Il y a un recours sur le fond relatif au projet qui n’a pas été encore jugé, explique Anna, qui témoigne elle aussi depuis son arbre. Pour moi, la priorité, c’est de sauver le vivant ». Cette orthophoniste, récemment diplômée est arrivée dans cette lutte complètement par hasard.
« Je n’avais jamais fait de lutte ni de ZAD. Je n’ai jamais été plus militante que ça avant d’arriver à Saïx. Je suis arrivée sur ce lieu le 5 février qui est incroyable de diversité humaine, en âge, en genre, en classe sociale, qui essaie avec leurs idéaux tous différents de construire quelque chose qui fonctionne et qui s’appuie vraiment sur le collectif où tout le monde a son mot à dire, sa pierre à apporter à l’édifice. C’est ça que j’ai trouvé très beau. »
Anna, orthophoniste et écureuil
L’action des écureuils est prise en exemple par d’autres militants écologistes en France, selon les opposants à l’A69.
« Partout, dans d’autres lieux, il y a des personnes qui sont en train de se former. Sur le nouveau site à la Camar’arbres, il y a plein de cabanes et des écureuils, qui sont déjà en place. Et on reçoit des messages de partout en France, où des gens se forment pour pouvoir protéger les arbres, sur le tracé de l’A69 ou sur d’autres projets écocides comme sur les puits de pétrole à Bordeaux par exemple », affirme un militant resté au sol. Même si on arrive au bout de la Crem’arbre, on a plein d’autres idées d’actions. La lutte sera longue et ne terminera pas avec l’expulsion des écureuil.les, ici« , promet-il.
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D’après la préfecture du Tarn, l’arrêté d’autorisation environnementale autorise les coupes des arbres jusqu’au 31 mars 2024. Le GIGN pourrait, selon nos informations, rapidement intervenir pour déloger les derniers écureuils.
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