Alors que la tête de liste socialiste estime que l’école a le droit d’évacuer les manifestants pro-Gaza, le patron du PS juge cette décision « catastrophique ».
POLITIQUE – De la friture sur la ligne politique. Ce vendredi 26 avril sur BFMTV, la tête de liste PS-Place publique pour les élections européennes de juin, Raphaël Glucksmann, a été interrogée sur la situation à Sciences Po Paris. Dans le prestigieux établissement, un sit-in organisé par les étudiants en défense de la Palestine a fait l’objet d’une évacuation par la police, sans pour autant que cela suffise à débloquer l’accès aux bâtiments.
Comme le montre notre vidéo ci-dessous, Le HuffPost s’est rendu sur place ce jeudi 25 avril pour aller interroger ces étudiants, qui s’inspirent des mobilisations en soutien de Gaza organisées sur les campus américains.
Et pour le candidat aux européennes (par ailleurs ancien étudiant de l’institution de la rue Saint-Guillaume), la direction de l’école n’est pas en faute, au regard de la tournure des débats sur place.
« Qu’on fasse preuve de solidarité à l’égard des Palestiniens, qu’on montre le rejet des crimes qui sont commis à Gaza, c’est naturel, c’est même digne et c’est noble », a jugé Raphaël Glucksmann. Avant de poursuivre : « Après, dans quelle atmosphère on le fait ? Est-ce qu’on est inclusif ? Est-ce qu’on tolère le débat ? Est-ce qu’on est capable d’organiser des discussions avec ceux qui ne partagent pas le même point de vue ? Jusqu’ici, jusqu’à preuve du contraire, ce n’est pas le cas. Et donc on a un problème. Et la direction de Sciences Po a le droit de décider d’évacuer. »
« Quelle image envoyée au monde ? »
Or, ce n’est pas (du tout) l’avis qu’a partagé plus tôt le Premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure. Dans un message publié sur le réseau social X dans la soirée du jeudi 25 avril, le député de Seine-et-Marne a vigoureusement condamné l’intervention policière. « On n’envoie pas les CRS pour déloger des étudiants pacifiques. La jeunesse n’a pas vocation à enfiler l’uniforme de la pensée gouvernementale. Quelle image est envoyée au monde ? Tous les autocrates de la planète se frottent les mains », dénonçait le patron du PS, jugeant la situation « catastrophique ».
Or, pour rappel, Olivier Faure et Raphaël Glucksmann font cause commune pour les élections européennes, sous la bannière de l’alliance entre Place Publique (le mouvement lancé, entre autres, par Raphaël Glucksmann) et le Parti socialiste. Ce qui, bien évidemment, n’a pas échappé aux insoumis qui, en plus d’être focalisé sur Gaza pour les élections européennes, ne manquent pas une occasion de taper (très fort) sur la tête de liste PS, qui continue de dominer le match interne à la gauche dans les sondages.
Dans un tweet, le coordinateur national de la France insoumise, Manuel Bompard, a notamment souligné cette contradiction entre le premier secrétaire du PS et son candidat aux européennes, alors qu’une cohorte des députés LFI décrivait Raphaël Glucksmann comme un « soutien du colonialisme israélien » ou le comparait au président hongrois d’extrême droite Viktor Orban.
Ce qui, sur le fond, s’avère (très) exagéré au regard des propos tenus par l’intéressé. Lors de cette même interview, Raphaël Glucksmann a en effet accusé le gouvernement israélien de « raser la bande de Gaza » et a prôné pour « un élan de solidarité » à l’égard des Palestiniens. « Il est temps de faire beaucoup plus pression sur le gouvernement israélien. On ne peut pas dire simplement “on veut une solution à deux États” et ensuite laisser s’étendre sans cesse les colonies en Cisjordanie », a déclaré le candidat, appelant à la mise en place d’un « agenda clair pour qu’on aboutisse à la reconnaissance d’un État palestinien ».
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