Des gendarmes français escortent l’italien Vincenzo Vecchi au palais de justice de Rennes, le 14 août 2019 ( AFP / Sebastien SALOM-GOMIS )
L’ex-militant anticapitaliste italien Vincenzo Vecchi, arrêté en Bretagne après des années de cavale, a obtenu mercredi un sursis devant la justice française à Rennes, qui se prononcera le 23 août sur une demande d’information du parquet et de la défense, avant d’envisager toute remise aux autorités italiennes.
Silhouette mince, cheveux gris clairsemés, petite moustache et lunettes, pull sombre: Vincenzo Vecchi, condamné à 12 ans pour « saccage » lors de la contre-manifestation du G8 de Gênes en juillet 2001, lors duquel un manifestant avait trouvé la mort, est arrivé menotté et escorté par les gendarmes vers 10H00 à la cour d’appel de Rennes.
Sur le parvis du tribunal, plus de 250 personnes s’étaient rassemblées pour soutenir ce peintre en bâtiment de 46 ans qui vivait depuis huit ans dans les environs de Rochefort-sur-Terre (Morbihan) jusqu’à son arrestation jeudi dernier.
Catherine Glon, l’avocate de Vincenzo Vecchi, devant la cour d’appel de Rennes, le 14 août 2019 ( AFP / Sebastien SALOM-GOMIS )
Devant la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Rennes, l’avocat général et l’avocate de Vincenzo Vecchi, Me Catherine Glon, ont demandé un complément d’information en vue « notamment de vérifier » que la décision de justice rendue pour les faits reprochés au G8 de Gênes « a été rendue dans des conditions respectant le principe de contradictoire et de s’assurer que la peine n’est pas prescrite ».
Devant la cour d’appel, parmi les soutiens à Vecchi, beaucoup portaient des affichettes sur lesquelles était écrit « Libérez Vincenzo ». « Ni prison ni extradition » pouvait-on lire sur une large banderole.
Les soutiens au ressortissant italien avaient fait le déplacement depuis la commune bretonne et des villages voisins, à une centaine de kilomètres au sud-ouest de Rennes.
– « Irréductibles gaulois » –
Manifestation en soutien à Vincenzo Vecchi, activiste italien devant le parquet de Rennes, le 14 août 2019 ( AFP / Sebastien SALOM-GOMIS )
« Les irréductibles gaulois sont arrivés », a déclaré à l’AFP Jean-Pierre, un des porte-parole du comité « soutien Vincenzo » qui craint « qu’on s’achemine vers un procès politique » et refuse que le gouvernement de Matteo Salvini fasse de Vecchi « un trophée de chasse ».
Touchés par l’arrestation de l’Italien, ils espéraient un « report ou une annulation » de la procédure.
Dans la salle d’audience, peu après 11H00, démarre la lecture du procès-verbal d’infractions par la présidente de la chambre de l’instruction.
« Dévastation continue en complicité », « pillage », « port d’arme » et « d’objets explosifs », des cocktails Molotov: derrière le box vitré, l’Italien, sous le coup de deux mandats d’arrêt, écoute calmement les infractions qui lui sont reprochées, adressant discrètement clins d’œil et sourires à ses quelques soutiens dans la salle.
« Vous étiez présent lors de cette audience ? » à Milan en 2008, demande la présidente à Vecchi qui acquiesce et confirme d’une voix grave auprès de son interprète.
A la demande de la présidente, l’avocat général prend la parole et estime que la décision de Gênes en 2009 – la plus lourde qui a condamné Vecchi à 12 ans, à laquelle se réfère l’un des deux mandats d’arrêt – ne pourrait être mise à exécution. Une « demande incomplète » selon le magistrat qui note en revanche que celle de Milan, qui l’a condamné à quatre ans, permettrait à la justice française de remettre Vecchi à l’Italie.
« Cela me semble extrêmement problématique en droit. Nous sommes dans le cadre de peines concurrentes », plaide Me Glon, pour qui « il manque un certain nombre d’éléments essentiels » concernant la décision de Gênes. « Nous avons un cumul d’infractions qu’on ne peut pas discuter, mais chaque peine prononcée doit avoir une explication », insiste l’avocate.
A l’issue de l’audience, Me Glon s’est réjouie que « l’avocat général ait reconnu, comme la défense, que des renseignements qui ont été fournis par les autorités judiciaires italiennes sont tout à fait insuffisants pour ce qui concerne la décision la plus importante prononcée à Gênes ».
Pour elle « cela montre bien l’indépendance de la justice française ».
Manifestation en soutien à Vincenzo Vecchi devant le parquet de Rennes, le 14 août 2019 ( AFP / Sebastien SALOM-GOMIS )
Sur les marches du tribunal, Jean-Baptiste, l’un des piliers du comité « Vincenzo », vient rendre compte des débats à l’audience à la foule rassemblée sous une pluie fine.
« Nous l’avons vu, ça va, ça tient, on peut y aller ! » lance-t-il déclenchant la ferveur et les applaudissements des soutiens de l’Italien.
lg/gvy/cbn
VINCENZO VECCHI
- MEDIAPART
- 13 AOÛT 2019
- PAR LILITHA
- BLOG : LE BLOG DE LILITHA
Il n’est nul besoin de connaître Vincenzo Vecchi pour compatir à ce qu’il traverse aujourd’hui. Nul besoin d’avoir combattu à ses côtés en 2001 à Gênes ou en 2006 à Milan pour s’identifier à lui.
Cet homme vivait en cavale depuis 18 ans. Il fuyait une condamnation lourde. 11 ans et demi (G8 + manifestation antifasciste)
G8 – Gênes 2001 – Une manifestation rassemblant 300 000 personnes. L’un d’eux, Carlo Giuliani, sera tué par balle par un carabinier – 600 manifestants seront blessés dont 2 gravement.
Les preuves des violences policières devant disparaître, les médias alternatifs seront visés par la répression, la violence, l’humiliation – des centaines de personnes arrêtées puis séquestrées pendant 3 jours.
Selon Amnesty International à l’époque des faits, il s’agit « de la plus grave atteinte aux droits démocratiques dans un pays occidental depuis la fin de la seconde guerre mondiale » – Le chef de la police Franco Gabrielli finira par admettre que les manifestants ont été torturés.
11 ans plus tard des altermondialistes seront jugés et condamnés à des peines allant de 5 à 15 ans de prison pour avoir « dévasté » Gênes. Des policiers seront également jugés et condamnés à 4 et 5 ans de prison. Aucun des policiers ne purgera sa peine, bénéficiant d’une loi d’amnistie.
Un des avocats de manifestants a dénoncé « la disproportion abyssale des peines entre des dommages causés à des biens et ceux infligés à des personnes »
Cette histoire ne peut que résonner dans nos têtes tant elle est semblable à ce que la France traverse actuellement. Cette histoire et tant d’autres à travers le monde…
Une police contre son peuple pour défendre les « puissants » – des blessés, des morts. Une protection de l’avoir au détriment de l’être.
Vincenzo Vecchi vient de se faire arrêter en France, en Bretagne, dans le Morbihan.
Bien sûr, encore une fois nous serons divisés sur le sujet. D’aucun mettront en avant sa violence pour justifier sa peine. Certains (je l’ai lu) se réjouiront qu’il se soit fait prendre. Certains l’accusent déjà de toutes sortes de choses…
Comment ne pas bouillir devant l’injustice, la violence du capitalisme, les saccages en tout genre, la maltraitance des peuples? Comment même continuer à vivre comme si de rien n’était?
Je ne suis pas pour la violence. J’aimerais qu’on puisse l’éviter. Mais depuis quelques temps je commence à la comprendre…
Les proches, les amis de Vicenzo se mobilisent.
Pour plus d’informations:
CONTACT – SITE INTERNET (site en cours de création)
Vincenzo, inutile de te connaître pour être de tout cœur avec toi…
« La liberté d’une démocratie est en danger si le peuple tolère l’emprise des puissances privées au point où elles possèdent plus de pouvoir que l’Etat démocratique lui-même. C’est l’essence même du fascisme. » Franklin Delano Roosevelt
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