Macron, la dissolution et la crise organique du capitalisme français

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Paul Morao

Avec sa dissolution, Macron espérait sans doute réactiver un réflexe républicain qui permettrait de reconsolider son bloc « central » en déroute. La décision semble au contraire avoir intensifié

Dimanche dernier, les élections européennes ont accéléré comme jamais la crise politique en France. En situation de majorité relative depuis son revers aux législatives de 2022, fréquemment fragilisé par cette situation – comme lors de la réforme des retraites, imposée par 49.3, de l’examen de la loi immigration il y a quelques mois ou à l’occasion des différents remaniements –, Emmanuel Macron a décidé de renverser la table dimanche. Quitte à offrir un boulevard à l’extrême-droite.

Un bloc d’extrême-droite qui se consolide avant les élections législatives

La victoire écrasante du RN aux européennes, avec plus de 31 % des suffrages (7,7 millions de voix), et les 5,4 % de Reconquête, constituent la donnée centrale du dernier scrutin. Avoisinant les 40 %, ce score témoigne d’un renforcement sans précédent du bloc d’extrême-droite en France, fruit d’un patient travail politique et d’un contexte national et international de crise du capitalisme qui alimente les tendances les plus réactionnaires. Le résultat du RN a été permis par le saut qualitatif opéré dans la normalisation du parti ces dernières années. À partir de 2017, cette normalisation s’est considérablement accélérée avec un aggiornamento programmatique, la présence de Marine Le Pen aux deuxièmes tours de deux présidentielles face à Emmanuel Macron, lui permettant de s’imposer comme l’opposante numéro 1 au gouvernement, et surtout l’obtention inattendue de 88 députés en 2022, véritable tremplin pour l’institutionnalisation du parti et son travail d’implantation locale. [1]

Ces derniers mois, Jordan Bardella, élu président du parti en 2022, est devenu le nouveau visage d’un phénomène d’élargissement du socle électoral du RN à des secteurs autrefois rétifs au vote pour l’extrême-droite, déjà perceptible au moment de la présidentielle. En particulier, l’électorat du RN a agrégé une part croissante de professions intermédiaires, cadres supérieurs et retraités, exprimant la droitisation de franges de ces catégories moyennes et supérieures, jusqu’ici plutôt acquises au macronisme ou à la droite traditionnelle. À ce tableau, il faut rajouter la séduction exercée par le RN et Bardella sur les couches « les plus précaires, les moins diplômées, résidant souvent en milieu rural ou périurbain » de la jeunesse [2].

Cette dynamique est indissociable de la convergence programmatique évidente entre le bloc de « centre » macroniste et l’extrême-droite, opérée au cours de ces dernières années sur fond de travail de légitimation du parti lepéniste auprès du patronat, légitimation qui a connu une nouvelle avancée en amont des européennes. « La campagne et le débat du second tour ont montré que cette différenciation très nette au niveau des alliances sociales ne fait pas obstacle à une forte convergence programmatique. [Marine] Le Pen a prolongé un mouvement de ralliement à la perspective néolibérale entamé il y a plusieurs années déjà. Ainsi, sans parler de l’abandon du projet de sortie de l’euro, elle s’est opposée à la hausse du salaire minimum, en privilégiant une exonération de cotisations patronales pour les entreprises qui décideraient d’augmenter les salaires. Une mesure incitative comme le néolibéralisme les aime. De même, la candidate du RN [aux dernières présidentielles] ne veut pas de baisse de l’âge de retraite, et on pourrait multiplier les exemples de ce type. Il y a donc à droite, entre Macron et Le Pen, une convergence programmatique forte et une séparation totale au niveau des bases électorales, ce qui oblige à s’interroger sur la viabilité d’une telle situation ». Voilà ce que soulignait déjà Bruno Amable en 2022, avant les élections législatives [3].

Cette évolution néolibérale, Marine Le Pen l’a poursuivie ces deux dernières années, tout en maintenant les spécificités programmatiques sur la base desquelles le RN a fondé son opposition frontale au macronisme. C’est le cas de la défense de mesures souverainistes et protectionnistes, à l’image de la volonté de donner la priorité aux entreprises françaises dans les appels d’offre de marchés publics, ou de la défense d’une « Europe des nations » contre l’Union européenne de Bruxelles. En dépit des tournants droitiers et xénophobes de la macronie, la revendication d’une « préférence nationale » demeure la marque de fabrique de l’extrême-droite, et le cœur de nombreuses interventions récentes des dirigeants du RN dans les médias en vue des prochaines législatives.

Dans ces coordonnées, le saut opéré par le RN à l’occasion des élections européennes et le choix de Macron de dissoudre l’Assemblée a précipité un approfondissement de la crise structurelle du bloc bourgeois.

La crise structurelle du bloc bourgeois et le nouvel aiguisement de la crise organique

En 2017, le macronisme avait permis de contenir temporairement la crise organique du capitalisme français, après que la béquille gauche de la Vᵉ République, à savoir le Parti socialiste, est sorti en lambeaux du quinquennat de Hollande, ouvrant la voie à un effondrement du bipartisme sur lequel reposait le régime depuis quarante ans. Dès son origine, le macronisme est cependant apparu comme un projet politique fragile du fait de sa base sociale étroite, concentrée sur les secteurs les plus aisés de la population. Après quelques mois d’illusion jupitérienne, au cours desquels Macron a pu apparaître comme une source de renouveau sur un échiquier politique très affaibli, attirant des secteurs de l’électorat de gauche déçu du hollandisme, sa radicalisation néo-libérale a systématiquement rabougri et droitisé sa base sociale.

Dans une période de crise aigüe, cette dynamique a fini par conduire à un effritement croissant sur sa droite de ce qu’il restait du bloc central de Macron, favorisé par les éléments de convergence avec l’extrême-droite évoqués plus haut. Les élections européennes et le résultat désastreux du camp présidentiel marquent l’échec total à enrayer la crise et l’épuisement du macronisme, qui avait pourtant permis, malgré l’effondrement du bipartisme, de maintenir sous perfusion « l’extrême-centre » en France, alors qu’il est en voie de disparition partout dans le monde.

En annonçant dimanche la dissolution de la XVIe législature, Emmanuel Macron a tenté désespérément de contrecarrer une dernière fois ces tendances en imposant des législatives anticipées avec comme mot d’ordre implicite : « moi ou le chaos ». Une tentative de contraindre son ancienne base sociale et les forces politiques de « l’arc républicain » à converger vers le centre pour obtenir un Parlement plus contrôlable. Risquée, la manœuvre était fondée sur l’illusion de divisions insurmontables à gauche et sur l’espoir d’une revitalisation du « vote barrage » contre le RN, tout en assumant le risque d’offrir un boulevard à l’extrême-droite et d’ouvrir la voie à une cohabitation avec Le Pen-Bardella.

Du Monde aux Echos, la presse bourgeoise se fait ces derniers jours le porte-voix des inquiétudes des classes dominantes face à une crise potentiellement terminale du bloc central en France. Des craintes exprimées à l’échelle internationale ces derniers jours par la brusque remontée des taux d’intérêts à la suite de l’ouverture de la crise politique, mais aussi par la presse économique anglo-saxonne, le Financial Times décrivant l’enjeu des législatives anticipées en France comme plus important que celui des élections européennes dans leur ensemble, sans cacher son inquiétude quant au « pari à haut risque » de Macron. Pourtant, d’ores et déjà, la manœuvre semble loin de se dérouler comme espéré pour la macronie, annonçant un possible aiguisement de la crise politique et, dans tous les cas, une instabilité importante.

Après la dissolution, l’échec de la manœuvre de Macron et l’unité inattendue à gauche

Ce mercredi, la conférence de presse en forme de discours de lancement de campagne de Macron donnait l’impression d’un disque rayé. Debout face aux journalistes, Macron a joué son numéro de dirigeant bonapartiste, cherchant à incarner le camp de la raison face aux extrêmes – en l’occurrence tant le RN que La France insoumise (LFI) – et s’adressant dans ce cadre aux « sociaux-démocrates », « écologistes » et à la « droite gaulliste ». Mais trois jours après la dissolution, le plan de Macron pour retrouver une gouvernabilité paraissait déjà caduque. Plutôt que de générer une dynamique vers le centre, l’annonce de législatives anticipées semble en effet accentuer encore un peu plus les tendances à la (bi)polarisation.

Expression frappante de cette dynamique, l’annonce dès mardi midi par Éric Ciotti de la conclusion d’un accord entre la droite (Les Républicains, LR) et le Rassemblement national. Écartelée ces dernières années entre le macronisme et l’extrême-droite, l’annonce surprise a suscité un rejet immédiat de la part des différents barons de la droite traditionnelle, donnant lieu à des affrontements épiques pour le contrôle des locaux et la destitution du président Ciotti. Si le président de LR peut paraître isolé, le tableau est révélateur d’une tendance lourde, et de la possibilité de voir se concrétiser une forme d’« union des droites », telle qu’elle a été mise en œuvre dans d’autres pays européens où l’extrême droite est à la manœuvre, comme dans l’Italie de Giorgia Meloni ou les Pays-Bas de Geert Wilders. Une politique encouragée depuis des mois par une figure majeure du patronat français comme Vincent Bolloré, et au nom de laquelle Marion Maréchal et plusieurs transfuges de LR au sein de Reconquête, le parti d’Éric Zemmour, ont eux aussi choisi de se placer dans l’orbite du RN avant les élections. De quoi consolider le bloc d’extrême-droite et ouvrir une brèche pour accélérer le transfert, jusqu’ici limité, de cadres et dirigeants de la droite traditionnelle vers l’extrême-droite, affaiblissant ainsi encore un peu plus un pilier historique du régime, en crise profonde, mais avec un poids institutionnel toujours important localement ou au Sénat.

Cependant, c’est l’union inattendue de la gauche qui a constitué probablement la surprise la plus importante de cette semaine, déjouant les calculs de Macron. Lancé le soir de la dissolution, le mot d’ordre de « Front populaire » a donné lieu à des négociations qui ont rapidement abouti, malgré la récente campagne à couteaux tirés entre les forces de l’ex-Nupes, agrégeant même de nouvelles composantes telles que les organisations syndicales (CGT, CFDT, UNSA, FSU), des organisations de la « société civile » (LDH, ATTAC, Greenpeace) ou encore des composantes de l’extrême-gauche comme le NPA-L’Anticapitaliste de Philippe Poutou. Une dynamique guidée par la crainte que l’extrême-droite n’obtienne une majorité absolue mais aussi, et surtout, par la préservation des intérêts des différents appareils de la gauche, dont les positions parlementaires conquises ou sauvegardées en 2022 dépendent étroitement du maintien d’un accord électoral dès le premier tour.

De quoi conférer à cette alliance un caractère précaire et contradictoire. Comme le souligne Stathis Kouvélakis, le bloc de gauche demeure en effet traversé par une « instabilité hégémonique », que l’émergence du « nouveau front populaire » est loin d’avoir résolue. Après être apparue en 2022 comme la force la plus dynamique à gauche, forte de son score aux présidentielles, la difficulté de la FI à consolider son hégémonie et le revanchisme d’une aile droite de la Nupes maintenue en vie grâce à l’accord a finalement conduit à l’éclatement de la coalition. Aux européennes, cette division a ouvert la voie à un succès (relatif) de Glucksmann et du PS, remettant définitivement en cause le leadership de LFI sur le bloc de gauche. Dans ces coordonnées, le « nouveau front populaire » apparaît polarisé entre une gauche mélenchoniste, prête, en dépit de ses limites stratégiques, à s’opposer aux tendances les plus réactionnaires du régime sur différents sujets, et des courants complètement intégrés au régime comme le PS et EELV, ou multipliant les gages de leur volonté d’intégration, comme le PCF et certaines franges de LFI.

Après une campagne du PS-Place Publique ouvertement hostile à LFI et brutalement militariste, cette tension constitue la principale caractéristique de la coalition. Un constat que ne saurait masquer la signature d’un programme commun du « nouveau front populaire » se revendiquant de la « rupture ». Au-delà du marketing, celui-ci constitue non seulement un recul par rapport au programme de la Nupes, lui-même version plus timorée du programme de la France Insoumise [4], mais il apparaît également à géométrie variable, à l’image de la revendication floue sur un enjeu aussi central que les retraites, où le NFP se contente de « réaffirmer l’objectif commun du droit à la retraite à 60 ans » [5] Davantage qu’un élan politique contre l’extrême-droite, qu’une mystique retrouvée des grands épisodes de l’histoire du mouvement ouvrier, ce sont les manœuvres politiques, les guerres de clans, et les coups de billard à trois bandes qui semblent sous-tendre cette nouvelle coalition.

La conversion de figures de la « droite » du PS et de EELV, radicalement anti-Nupes, telles que Carole Delga, François Hollande ou Yannick Jadot, en dit de ce point de vue plus long que toutes les déclarations la main sur le cœur. Il en va de même pour l’auto-investiture surprise de François Hollande en Corrèze ce samedi ou des échanges assassins entre les « frondeurs » de LFI, leurs alliés du PS et d’EELV et le courant mélenchoniste. Des affrontements qui sont autant d’expression du caractère tactique de l’alliance pour ses protagonistes, alors que la purge dans le camp mélenchoniste témoigne d’une volonté de se préparer aux manœuvres qui ne manqueront pas de s’opérer avant et après le 7 juillet.

Une situation incertaine et dangereuse : l’urgence d’un front unique pour le combat et d’une politique indépendante pour le monde du travail

Par-delà les motivations des acteurs et les contradictions des coalitions en train de se nouer, ce renforcement des éléments de bipolarisation pourrait donner aux élections législatives des allures de duel entre le NFP et les candidatures du bloc d’extrême-droite, qui agrègera 70 candidats issus de LR et plusieurs candidats venus de Reconquête. L’effondrement du macronisme comme bloc central ouvre ainsi la voie à des scénarios incertains.

Dans cette situation mouvante, l’extrême-droite est le bloc le plus dynamique, le seul à progresser sans interruption ces dernières années, en phase avec la décomposition du macronisme. Il exprime la nécessité pour la bourgeoisie d’appliquer des politiques plus dures, mais également de réintégrer, à travers des promesses démagogiques et une rhétorique populiste et raciste, des secteurs des classes populaires dans l’orbite hégémonique de l’État. Dans ce contexte, on ne saurait exclure la possibilité d’une cohabitation entre le RN et Macron. Cela viendrait accentuer les politiques autoritaires et racistes dans le cadre d’un bonapartisme plus agressif, approfondissant les traits les plus autoritaires et racistes de la Vᵉ République [6].

En permettant au bloc de gauche de se présenter unifié aux élections, l’émergence d’un « Nouveau front populaire » a déjoué les calculs de Macron. Alors que le NFP et ses investitures pourraient permettre un retour en force de ceux qui ont permis à Marine Le Pen d’avancer, reste à voir si cette unité de façade peut, avec l’appui inédit dans son ampleur par rapport à 2022 des directions syndicales, susciter un élan à même de mobiliser l’électorat de gauche et de générer une dynamique à gauche. Pour le moment, les manifestations de ce samedi, en dépit de leur ampleur, ne témoignent pas de tendances à entraîner au-delà la base électorale de la gauche, indispensables pour espérer une victoire de la gauche aux législatives.

Dans tous les cas, et bien qu’elle paraisse pour le moment improbable politiquement, on peut s’interroger sur le débouché d’une telle victoire. Au regard de ses composantes, et des tensions qui le traversent déjà, difficile d’imaginer mieux qu’un gouvernement de cohabitation de centre gauche qui, dans une situation internationale instable et marquée par les tendances aux crises et aux guerres, serait une antichambre de l’arrivée au pouvoir de l’extrême-droite. Il suffit de songer pour cela à la façon dont la Gauche plurielle de Jospin a contribué à l’arrivée au second tour de Jean-Marie Le Pen en 2002. Au pire, ce NFP pourrait aboutir à un deal instable avec Macron et le régime, évinçant ou marginalisant son aile gauche et redonnant provisoirement une centralité au PS… avant de rendre la main au RN. En tout état de cause, on voit mal comment la conjonction des tensions internes au bloc de gauche et une situation économique extrêmement tendue pourrait donner lieu à autre chose qu’à une gauche molle, de compromis et de compromissions, véritable carburant pour l’extrême-droite.

Avec l’effondrement du centre, la possibilité d’un nouveau gouvernement de ce bloc, même élargi aux Républicains, semble très difficile à concevoir. Si l’extrême-droite apparaît aujourd’hui comme la force la plus dynamique, on ne peut en revanche pas écarter l’hypothèse qu’aucun bloc n’atteigne la majorité absolue. C’est le scénario privilégié du sondeur et essayiste Jérôme Fourquet, pour qui « nous allons vers une assemblée totalement ingouvernable » Une telle situation dans la deuxième puissance impérialiste européenne, et dans le contexte d’une crise profonde sur le continent, secoué par la guerre sans issue en Ukraine et par le génocide à Gaza, démontre l’impasse politique profonde dans laquelle sont enfermées les classes dominantes.

Un tel contexte pose avec d’autant plus d’acuité la question de l’entrée en scène des exploités de façon indépendante, pour renverser la table, bousculer les rapports de forces et aller au-delà des stratégies de moindre mal. Malheureusement, ce n’est pas à cela que prépare la nouvelle unité de la gauche, bien au contraire. Le NFP, auquel sont subordonnées les directions syndicales, jouant un rôle de rabatteur électoral plus que d’état-major de la classe, ressemble surtout à une gigantesque machine à neutraliser la perspective d’une entrée en scène des exploités et des opprimés, au nom des compromis et des accommodements avec ceux qui incarnent l’exact inverse de la lutte contre l’extrême-droite. Si certains en doutaient, les intégrations aux listes du NFP d’un ancien ministre macroniste tel qu’Aurélien Rousseau ou de François Hollande sont venues démontrer ces derniers jours l’absence de ligne rouge dans les investitures, quitte à offrir des armes faciles à l’extrême-droite pour fustiger le retour d’une gauche de gouvernement haïe par de nombreux travailleurs.

C’est dans ce cadre qu’avec Révolution Permanente, nous défendons la nécessité de candidatures aux législatives qui expriment une autre logique pour affronter l’extrême-droite. Face aux avancées de l’extrême-droite et au durcissement du régime, les combines électorales ne suffiront pas, il faut une riposte par en bas. Pour cela, nous avons besoin d’une gauche « dure », intransigeante, révolutionnaire. Capable de tenir bon face aux pressions du régime, mais également de construire des capacités d’organisation dans le mouvement ouvrier, la jeunesse et les quartiers populaires. Une gauche qui tire jusqu’au bout les bilans de la bataille des retraites sur l’impasse des tentatives de pression sur les institutions, même appuyées sur des millions de manifestants, et qui, tout en participant à tous les combats partiels et défensifs aux côtés de l’ensemble des organisations du mouvement ouvrier, comprenne l’enjeu de construire un programme et une stratégie révolutionnaire, nécessairement antiraciste, comme seul moyen d’unifier les exploités et les opprimés et de construire une contre-offensive par les méthodes de la lutte de classes.

Face à la dynamique réactionnaire internationale, avec ses tendances à la guerre et aux crises, seules les luttes de masses ont la force d’empêcher la catastrophe. C’est avec cette boussole que nous avons lancé la candidature d’Anasse Kazib et Elsa Marcel dans la seconde circonscription de Seine-Saint-Denis, pour faire entendre qu’une autre voie est possible. Une candidature ouvrière et révolutionnaire qui veut exprimer que la bataille contre l’extrême-droite ne se mènera pas par des combines électorales sans principes avec celles et ceux qui l’ont propulsé. Encore moins dans le prolétariat, toujours plus perméable au RN, et qu’un come-back de la vieille gauche du PS au nom de la lutte contre « l’extrême-droite » est incapable de convaincre.

Ce constat constitue un point aveugle des défenseurs du « front populaire » bien plus connectés à la conscience de la jeunesse urbaine, des « classes moyennes » et de secteurs de l’aristocratie ouvrière qui forment le « peuple de gauche », qu’à celle du prolétariat dans sa réalité actuelle. Cette lutte pour bâtir une stratégie à même de faire réellement reculer l’extrême-droite devrait guider celles et ceux qui se rattachent à la boussole stratégique de la révolution comme seule issue aux crises actuelle, mais également celles et ceux qui comprennent l’urgence de se préparer à affronter une période internationale éruptive de crises et de guerres au cours de laquelle, sous la houlette du RN ou d’autres forces bourgeoises, des attaques de grande ampleur n’iront qu’en s’intensifiant.

 

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