QUAND RIEN NE CHANGE, BRAVONS TOUT.

Que les jours sont longs, depuis qu’Emmanuel Macron a décidé de « s’en remettre au peuple » par les urnes le 9 juin 2024. Que les jours sont longs, à entendre que « tout a changé ». Que la situation politique n’est plus la même. Nous constatons toujours les mêmes magouille, la même mascarade, les mêmes mensonges sortant de la bouche des mêmes « représentants », du même État.
« L’État est le plus froid de tout les monstres froids. Il ment froidement, et voici le mensonge qui rampe de sa bouche. Moi, l’État, je suis le peuple ». Friedrich Nietzsche.
Que les jours sont longs quand le sens des mots est inversé, quand nous sommes dépossédés de chaque geste politique. Tout a changé, mais tout reste immuable. L’union de la gauche, le barrage au RN, la droite macroniste-LR. Il n’y a toujours aucune solution électorale à l’horizon. Ce constat est aussi bien français qu’international. De l’Italie de Meloni, aux USA de Trump ou Biden, la Turquie de Erdogan, la Russie de Poutine ou encore le Cuba de Miguel Diaz-Canel aucune politique d’État, de pouvoir, qu’importe son positionnement sur le spectre politique, ne représente un espoir émancipateur pour les peuples. C’est un constat limpide que nous devons tous et toutes accepter, le monde ne se réparera pas par le pouvoir (alors détruisons-le ?).
Nous l’avons dit et redit. Au soir de la dissolution, ce n’était pas un Front populaire pour une rupture avec le macronisme et contre le RN qu’il fallait réclamer, comme cela a été fait à de nombreuse reprises place de la République à Paris et dans de nombreuses métropoles.
Faisant face à la plus grande mascarade électorale du XXIeme siècle nous aurions dû être à la hauteur de l’affront et refuser de légitimer l’État par le vote. Nous aurions dû rejeter en bloc ces élections imposées par un président qui n’avait nul autre objectif que de « clarifier » les camps politiques et de légitimer son action par le simple fait de s’en remettre « au peuple ». Mais, nous avons été « sidérés » par la situation. La politique de la sidération menée par Macron nous empêche de nous organiser, car nous sommes en permanence en réaction. Nous sommes pris au piège par le jeu du pouvoir, avec des successions de « moment de stupeur ». On nous fait croire chaque semaine à de grands changements pour que justement rien ne change.
Nous aurions pu réclamer a minima un changement constitutionnel comme le propose Clément Viktorovitch, et au mieux rejeter le pouvoir (législatif et exécutif) pour mettre en place des puissances autonomes et décentralisées. Les expériences d’autonomisation de la population vis-à-vis de l’État sont nombreuses ces dernières années en France (Gilets jaunes, nuit debout, ZAD…) comme partout dans le monde (mouvement des places, No police zone de Chicago, Zapatisme, Rojava) et elles ont toutes un point commun.
La volonté indéfectible de décentraliser le pouvoir d’État pour que chacun·e puisse prendre part directement à la vie politique. Un désir de puissance autonome, de pouvoir communal. Cette proposition est en dehors du spectre de la politique électorale. De son point de vue, la question du vote, pour des représentants d’un État centralisé devient inintéressante.
De son point de vue, toutes les questions que nous nous posons depuis deux semaines (Le PS trahira t’il ? LFI est t’elle sociale-démocrate ? Huguette Bello ou Laurence Tubiana ?) sont des questions inutiles et inhérentes à la spirale infernale du pouvoir auquel nous devons échapper.
En nous demandant si et dans combien de temps le PS trahira, on ne pense pas les moyens de l’empêcher, lui et les autres, d’accéder au pouvoir. Le problème ne réside pas dans « qui » a le pouvoir, mais dans le pouvoir lui-même.
Nous devons rendre justice au passé. Nous devons « interrompre » le cours de l’histoire, c’est-à-dire interrompre la catastrophe. Nous devons interrompre « l’état d’exception » dans lequel nous sommes depuis trop longtemps et qui apparaît aujourd’hui comme la normalité.
« Que tout continue ainsi, voilà la véritable catastrophe » Walter Benjamin.
Regardons comme aujourd’hui n’est pas différent d’hier.
Macron ne représente qu’une partie marginale de la population (comme hier), Gabriel Attal est toujours 1er Ministre, Yael Braun Pivet vient d’être réélue à l’Assemblée Nationale. Le RN est toujours aussi raciste, mène une nouvelle purge pour se « dédiaboliser » et les gauchistes se demandent chaque matin à quel moment le NFP va exploser ou se révéler social démocrate. C’est la même mélodie que l’on entend depuis des décennies, avec parfois quelques notes différentes pour ne pas qu’on s’en lasse.
Les hommes et femmes politiques jouent à un jeu et nous obligent à en suivre les règles. Nous devons décider, ici et maintenant de refuser ces règles et d’imposer les nôtres. Nos règles ne peuvent pas être représentées. Elles se font directement, matériellement par nos réseaux de solidarités, nos formes d’autonomies. Par nos rencontres. Et le meilleur moyen de nous rencontrer c’est dans la rue. Pas pour réclamer une augmentation du SMIC (pour la gauche), ou la fermeture des frontières (pour l’extrême droite), mais pour créer les conditions qui nous permettront, demain, de ne plus avoir besoin de réclamer quoi que ce soit à des représentants d’un jeu dans lequel nous serons toujours les dindons de la farce.
Pour que demain, si l’on nous impose d’aller voter, nous puissions répondre « Mais regardez, nous avons déjà tout bâti ici, de la solidarité, de la diversité, de l’autonomie. Et nous l’avons fait sans eux ».
Croire en un changement par l’élection et voter nous maintient dans une dépendance vis-à-vis d’institutions qui travaillent à nous asservir. Reprenons le pouvoir ! Détruisons-le !
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