par (son site)
C’est l’axe principal de la propagande déversée par la classe capitaliste pour s’attaquer au système de retraites : comme l’espérance de vie augmente, on vit plus vieux et il n’y aurait donc plus suffisamment d’argent pour payer les retraites. Le régime Macron ne fait d’ailleurs que reprendre quasi mot pour mot le slogan de Sarkozy déjà repris de Juppé, lui même repris… des ordres donnés par le MEDEF à travers l’Union Européenne du Capital au nom des critères de convergence de Maastricht.
Ce raisonnement, qui apparaît logique et simple est cependant totalement faux. Il n’y a aucune difficulté pour payer les retraites et nous allons vous le prouver.
La base du raisonnement, “on vit plus vieux maintenant qu’en 1950 donc on doit travailler plus longtemps qu’en 1950 avant d’accéder à la retraite” repose sur le principe suivant. Du fait du vieillissement de la population, si on ne recule pas l’âge de départ à la retraite, les actifs deviendraient trop peu nombreux pour réussir à financer les retraites. Nous allons successivement examiner la réalité de l’évolution des chiffres du nombre d’actifs et ensuite monter pourquoi il n’y a pas de problème
La réalité des chiffres de la population et du nombre d’actifs.
Là aussi il faut regarder les chiffres en face.
L’espérance de vie à la naissance, c’est-à-dire le nombre années qu’une enfant née à l’année considérée peut espérer en moyenne vivre, a nettement progressé depuis l’après-guerre. Toutefois cette progression marque le pas depuis la fin des années 2000. Les progrès du début de la deuxième moitié du XXe siècle sont d’ailleurs du à la baisse de la mortalité infantile.
Mais l’évolution de cette espérance de vie à la naissance ne doit pas faire oublier que l’espérance de vie en bonne santé, elle, stagne et demeure inférieur à 65 ans. Comment peut-on souhaiter faire travailler des personnes au-delà de 65 ans alors qu’elles auront des problèmes de santé ?
En 1950, la pyramide des ages était la suivante :
- Moins de 14 ans : 22.8%
- Moins de 19 ans : 30%
- Plus de 60 ans : 16,2%
- entre 14 ans et 60 ans : 60%
- hommes : 29.9%
- femmes : 31.1%
- estimation de la part du nombre d’actifs (hommes et femmes) : 45%
En 2019, la situation a évoluée, la pyramide des ages selon l’INSEE étant la suivante :
- Moins de 14 ans : 17.9%
- Moins de 19 ans : 24,1%
- Plus de 60 ans : 26,1%
- entre 20 ans et 60 ans : 49.8%
- estimation de la part du nombre d’actifs (hommes et femmes) : 44%
De fait, si la proportion de personnes de plus de 60 ans a augmenté de 10 points, la part des moins de 19 ans a elle diminué de 6 points, et s’établit à un niveau proche des moins de 14 ans des années 1950. De fait, la proportion de la population entre 20 ans et 60 ans en 2019 en France est de 49.8%, plus faibles que les 60% représentée par celle des 14-60 ans en 1950.
La propagande gouvernementale traduit cela par le fameux,
hier 10 actifs devaient financer par leur travail 2.7 retraités (personnes de plus de 60 ans) et 3.8 enfants et étudiants, aujourd’hui 10 actifs doivent financer 5.2 retraités si l’age de la retraite était à 60 ans (et 4.8 jeunes). Soit une augmentation de 132 % ! 10 actifs avaient hier la charge de 6.5 personnes, ils en auraient aujourd’hui 11,3. Ce n’est plus possible….
propagande des régimes Chirac/Juppé, Sarkozy/FIllon, Hollande/Ayrault, Macron
Mais si on regarde les chiffres en les corrigeant de l’évolution du taux d’activité, notamment celui des femmes qui est passé de 50% dans les années 50 à désormais plus de 83%, la réalité démographique est la suivante :
hier 10 actifs devaient financer par leur travail 3.6 retraités (personnes de plus de 60 ans) et 5 enfants de moins de 14 ans, aujourd’hui 10 actifs doivent financer 5.9 retraités si l’age de la retraite était à 60 ans et 5.4 jeunes de moins de 19 ans. Soit 10 actifs pour 11.3 non actifs en 2019 contre 10 actifs pour 8,6 non actifs en 1950
réalité démographique
Avec les vrais chiffres de la démographie, on le voit l’augmentation de la part des inactifs est bien plus faible, 76% en 70 ans, que celle prétendue par la propagande des casseurs de retraites (132%).
Alors bien-sûr vous pourriez vous dire, c’est bien beau, mais ça fait toujours +76%. On doit payer plus qu’en 1950. Donc il faut travailler plus. Sauf que c’est faux.
Comparaison n’est pas raison
Comparaison n’est pas raison, car le problème du financement des retraites n’est pas un problème de proportion de la population ayant plus de 60 ans. La problématique est plutôt la suivante : produit-on suffisamment de richesses pour payer des salaires suffisants permettant à chaque travailleur de percevoir un salaire différé à partir de 60 ans et jusqu’à la fin de ses jours ?
Pour répondre à cette question, il faut tenir compte outre l’évolution de la proportion d’actifs et de celle des plus de 60 ans dans la population, de l’évolution de la richesse produite. Et cette richesse, par exemple mesuré par le PIB (* produit interieur brut) n’est pas constante. Depuis les années 50 le PIB de la France n’a cessé d’augmenter, pour atteindre 2353 milliards d’euros en 2018. De 6715€ par habitant en 1950, la richesse produite est désormais de 31740€ par habitant en 2018 ! une augmentation de 373%.
Récapitulons les chiffres. Le nombre d’inactif pour un actif a augmenté de 76% entre 1950 et 2019, mais la richesse produite par les actifs a elle augmenté de 373%.
C’est ce qui explique pourquoi depuis 1960, nous avons pu multiplier par 4,5 les dépenses de pensions de retraites. En effet, la richesse produite double environ tous les 40 ans.
L’économiste Bernard Friot résume la situation dans une image facile à comprendre que nous reprenons :
Si aujourd’hui 10 actifs produisent un gâteau de 10 parts et qu’ils ont à charge 4 retraités. C’est 14 personnes qui se partagent un gâteau de 10 parts.
Ainsi chaque personne aura dans son assiette 0.714 parts (10 : 14=0.714).Au bout de 40 ans, 10 actifs produisent un gâteau de 20 parts et s’ils ont à charge 6 retraités. Ce seront 16 personnes qui se partageront un gâteau de 20 parts.
Ainsi chaque personne aura dans son assiette 1,25 part (20 : 16=1,25).
Les travailleurs doivent donc cesser de se faire arnaquer. Les buts des réformes Balladur, Juppé, Fillon, Ayrault, Macron… c’est de faire les poches des travailleurs. Car il est possible de financer les retraites au même niveau qu’avant leurs contre réformes à faire remonter le temps aux travailleurs pour les renvoyer dans les périodes de misère de l’avant guerre ! Dans ces périodes d’avant, d’avant que le ministre communiste, l’ouvrier métalo CGT Ambroise Croizat et ses camarades du PCF et de la CGT ne batissent à la libération la Sécurité Sociale et permettent à chaque personne agée de disposer de ce qui n’est que de son droit, une pension de retraite digne, fruit de la richesse produite par les travailleurs.
Les deux vrais problèmes pour les retraites
Mais alors vous vous demanderez mais pourquoi y a-t-il un déficit dans les caisses de retraites ?
Très bonne question qui permet d’identifier les deux vrais problèmes pour défendre nos retraites.
Le premier problème est celui du chômage. Car la différence d’avec “avant”, c’est bien le chômage qui atteint en 2019 toujours le un niveau record de 6,5 millions de chômeurs. Hors par définition, les chômeurs non indemnisés n’entrent pas dans l’assiette de collecte des cotisations retraites. L’urgence pour assurer le bon équilibre du système de retraite par répartition c’est donc bien de faire baisser le chômage. Or c’est exactement l’inverse que produit un recul de l’age de départ à la retraite que ce soit par introduction d’un âge pivot, l’augmentation du nombre de trimestres travaillés ou du montant cumulé des cotisations. En effet obliger les plus de 60 ans à se tuer au travail c’est fermer la porte aux jeunes de moins de 25 ans dont aujourd’hui plus d’un sur quatre est au chômage !
Le second problème c’est celui de la cotisation sociale. Il faut ici rappeler une évidence trop souvent oubliée. La cotisation sociale n’est pas un impôt. C’est du salaire. Certe du salaire qui ne tombe directement dans le compte en banque du travailleur, mais un salaire mutualisé et différé touché par l’ensemble des travailleurs à travers les prestations sociales de la sécurité sociale : l’allocation familiale, les remboursements sécu, la pension de retraites par exemple. Or l’augmentation considérable de la richesse produite par les travailleurs, que traduit l’augmentation considérable du PIB, ne s’est pas traduit par une augmentation de la part patronale des cotisations sociales. Ce qui signifie que c’est le patron qui empoche la majeure partie de l’accroissement des richesses produites par chaque salariés. il suffit d’observer la croissance continue des dividendes et la stagnation voire la baisse de salaires pour s’en convaincre.
Sans compter que depuis des années les gouvernements successifs ne cessent de produire des “allégements” de cotisations sociales (patronales), créant directement un trou dans les caisses de la sécu, c’est-à-dire faisant les poches des travailleurs, pour remplir les coffres des patrons. Et ce sont ces mêmes patrons qui prennent ensuite prétexte du trou de la Sécu qu’ils creusent avec application qui, cynique, en prenne argument pour réduire les niveaux des pensions de retraites, en reculer l’age, réduire les remboursements sécu, etc…
La clé du financement des retraites c’est l’augmentation des salaires pour que la richesse produite par les travailleurs reviennent aux travailleurs. Augmentation des salaires directs, par le relèvement du SMIC mais également par l’égalité salariale entre femme et homme, augmentation des salaires indirects par l’augmentation des cotisations sociales patronales.
Conclusion, de l’argent pour les retraites, il y en a, et c’est celui des travailleurs !
Face à la propagande, l’heure est à refuser de se faire tondre comme des moutons. Partagez largement ces explications autour de vous, et surtout rejoignez les mobilisations qui se construisent partout pour défendre avec les retraites par répartition, la sécurité sociale, c’est à dire les salaires des travailleurs contre l’exploitation capitaliste.
JBC pour www.initiative-communiste.fr
(*) NB : le PIB est une mesure imparfaite, notamment car selon son mode de calcul les productions des services publics ne sont que très partiellement prises en compte.
Poster un Commentaire