Selon l’armée israélienne, « le complexe (…) servait d’installation militaire pour le Hamas et le Jihad islamique », utilisé pour « perpétrer des attentats terroristes ».
La défense civile de la bande de Gaza, administrée par le mouvement palestinien Hamas, a affirmé, samedi 10 août, que 93 personnes avaient péri dans des frappes israéliennes sur une école de la ville de Gaza. L’école Al-Tabi’een servait d’abri à environ 250 personnes déplacées, dont une majorité de femmes et d’enfants.
Selon le porte-parole de la défense civile, Mahmoud Bassal, « trois missiles ont visé deux étages de l’école et la mosquée [adjacente], causant la mort de 93 personnes, dont onze enfants et six femmes. Il y a encore des morceaux de corps non identifiés ». Des secouristes ont ramassé des corps dans un bâtiment détruit, selon des images de l’Agence France-Presse montrant également des proches en pleurs près de corps d’enfants enveloppés dans des draps.
« Les personnes se trouvant dans la mosquée ont toutes été tuées. L’étage supérieur où dormaient des femmes et des enfants a complètement brûlé », a affirmé Abou Wassim, un habitant de Gaza.
Selon l’armée israélienne, « le complexe et la mosquée (…) servaient d’installations militaires pour le Hamas et le Jihad islamique », utilisés pour « perpétrer des attentats terroristes ». « A la suite d’une enquête des services de renseignement, il peut être confirmé qu’au moins 19 terroristes du Hamas et du Jihad islamique ont été éliminés », a affirmé l’armée dans un communiqué dans lequel elle a publié les noms et les photos qu’elle présente comme ceux des combattants tués.
« Les terroristes opéraient dans le but de mener des attaques contre les soldats israéliens (…) depuis l’intérieur de l’enceinte » de l’école, a-t-elle ajouté. Elle a souligné que le raid avait été effectué « à l’aide de trois munitions précises » et assuré que « l’enceinte où se trouvaient les terroristes n’a pas subi de dégâts importants ».
Dans un autre communiqué publié tard samedi, l’armée israélienne a ajouté qu’il y avait « une forte probabilité » pour qu’Ashraf Juda ait été présent dans le « poste militaire » installé dans l’école Al-Tabi’een ciblée par la frappe. Ashraf Juda est un membre important du Jihad islamique, a-t-elle précisé, tout en soulignant qu’il n’était pas certain qu’il fasse partie des victimes.
L’armée de l’Etat hébreu a enfin dénoncé les chiffres annoncés par « le bureau d’information du gouvernement à Gaza qui fait office de bras de communication du Hamas », ajoutant qu’ils « sont exagérés et ne coïncident pas avec les informations disponibles dans l’armée israélienne ».
Le Hamas a dénoncé un « crime horrible » et une « dangereuse escalade », alors qu’Israël a accepté vendredi de reprendre le 15 août les discussions sur une trêve dans la bande de Gaza après un appel pressant des pays médiateurs face au risque d’embrasement entre l’Iran et ses alliés d’une part et Israël de l’autre.
« Génocide », « crime contre l’humanité », « massacre » : nombreuses réactions internationales
Le chef de la diplomatie européenne, Josep Borell, s’est dit « horrifié ». « Au moins dix écoles ont été ciblées ces dernières semaines. Il n’y a pas de justification à ces massacres », a-t-il écrit sur le réseau social X. La rapporteure spéciale de l’ONU pour les territoires palestiniens, Francesca Albanese, a accusé Israël de « génocide des Palestiniens » et la Turquie a dénoncé « un nouveau crime contre l’humanité ».
« Le Hamas doit cesser de mettre en danger les civils. Israël doit se conformer au droit humanitaire international », a déclaré le chef de la diplomatie britannique, David Lammy, sur X. L’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis ont condamné l’attaque et le Qatar a demandé une « enquête internationale urgente ». La Maison Blanche a assuré que les Etats-Unis étaient « profondément préoccupés » par la frappe israélienne. « Cela montre l’urgence d’un cessez-le-feu et d’un accord sur les otages, pour lesquels nous continuons à travailler sans relâche », a déclaré dans un communiqué un porte-parole de la Maison Blanche, Sean Savett.
De son côté, « la France condamne avec la plus grande fermeté la frappe israélienne. Depuis plusieurs semaines, des bâtiments scolaires sont visés de manière répétée, avec un nombre de victimes civiles intolérable ». Dans un communiqué, le Quai d’Orsay rappelle à Israël « que le respect du droit international humanitaire » lui est aussi imposé.
Cette attaque a « prouvé une fois de plus que le régime d’apartheid d’Israël ne respecte aucune des règles et régulations du droit international ni les principes moraux et humains », a déclaré le porte-parole du ministère des affaires étrangères iranien, Nasser Kanaani, dans un communiqué. Pour l’Iran, il s’agit d’un crime de guerre.
Le gouvernement espagnol a, lui, condamné « l’attaque contre l’école d’Al Daraj, dans laquelle sont morts des dizaines de civils ». « Nous exigeons une fois de plus le respect total des mesures provisoires imposées par la Cour internationale de justice et la protection de la population civile », a-t-il ajouté.
Le ministère des affaires étrangères russe a déclaré que « Moscou est profondément choquée par ce qui s’est passé ». « Nous constatons avec regret que de telles frappes dans la bande de Gaza, qui font des victimes civiles, sont systématiques (…) Nous pensons qu’il n’y a et qu’il ne peut y avoir aucune justification à ces attaques ».
Le chef de l’Organisation mondiale de la santé, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a posté sur X : « Je suis sans voix. Combien de femmes et d’enfants perdront encore la vie avant un cessez-le-feu ? L’horreur que subissent les civils de Gaza doit cesser. »
Une autre frappe israélienne a ciblé samedi le camp de réfugiés de Nousseirat (centre) tuant plusieurs personnes, leurs corps ont été transportés dans un hôpital de Deir Al-Balah. Là, des proches se sont rassemblés pour prier près des morts étendus au sol.
Le ministère de la santé administré par le Hamas annonce un nouveau bilan de 39 790 morts
Le ministère de la santé du gouvernement du Hamas dans la bande de Gaza a annoncé samedi un nouveau bilan de 39 790 morts dans le territoire palestinien depuis le début de la guerre avec Israël dans son onzième mois. Au moins 91 personnes ont été tuées ces dernières vingt-quatre heures, a rapporté le ministère dans un communiqué, ajoutant que 92 002 personnes ont été blessées dans la bande de Gaza depuis le 7 octobre. Les 93 morts dans la frappe sur l’école de la ville de Gaza samedi, selon la défense civile, ne semblent pas être inclus dans le bilan global.
Un cessez-le-feu à Gaza n’a « rien à voir » avec la riposte promise par Téhéran, estime l’ONU
« Tout accord accepté par le Hamas sera également reconnu par nous », a fait savoir samedi la mission iranienne à l’ONU, affirmant toutefois qu’un cessez-le-feu à Gaza n’a « rien à voir » avec la riposte promise par Téhéran à l’assassinat du chef du Hamas. Le Hamas n’a pas donné encore sa réponse.
Cette déclaration fait suite au consentement d’Israël de reprendre le 15 août les discussions pour une trêve dans la bande de Gaza après un appel pressant des pays médiateurs face au risque d’embrasement entre l’Iran et ses alliés d’une part et Israël de l’autre.
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