Après avoir publiquement soutenu Genocide Joe, United Auto Workers et d’autres secteurs de la bureaucratie syndicale américaine ont officiellement apporté leur soutien à Kamala Harris. Dans le même temps, la direction des Teamsters flirte scandaleusement avec l’extrême-droite. Deux positions qui mènent à l’impasse.
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1er août
Dans sa déclaration, le président de l’UAW, Shawn Fain, explique ainsi que la « tâche [du syndicat, ndlr] est de battre Donald Trump et d’élire Kamala Harris qui a déjà prouvé qu’elle était du coté de la classe ouvrière ». Ainsi, la direction du syndicat lie directement le fait de battre Donald Trump à celui de voter pour le Parti Démocrate, incapable d’esquisser une alternative ne nécessitant pas de voter pour un parti ayant soutenu et contribué jusqu’au bout au génocide du peuple Palestinien. Une trahison claire des travailleurs syndiqués à l’UAW qui sont à l’avant-garde du combat contre le génocide depuis plusieurs mois, et qui avaient déjà protesté contre le soutien de leur direction à Genocide Joe Biden en janvier.
L’appui des bureaucraties syndicales à la politique de « Genocide Joe »
Si ce n’est pas le nom de Joe Biden que les américains retrouveront dans les bureaux de vote en novembre, c’est bien sa politique qui sera poursuivie par Kamala Harris en cas d’élection. Vice-Présidente de Genocide Joe durant son mandat, elle incarne la continuité pour le Parti Démocrate, et notamment sur la question palestinienne. Le ralliement des directions syndicales à la candidate démocrate signifie en fait le ralliement à une politique de soutien et d’armement d’Israël, alors que les dirigeants de l’Etat sioniste ont eux-mêmes reconnu récemment que sans l’aide américaine, la « guerre » menée contre Gaza leur serait impossible.
Lors de leur grève à l’Université de Californie (UC) au mois de juin, les travailleurs syndiqués de l’UAW n°4811 ont revendiqué l’amnistie pour les manifestants pro-Palestine, bravant l’interdiction des grèves politiques mise en place depuis la loi Taft Hartley de 1947. Les mobilisations et la détermination des travailleurs depuis le début du génocide avaient ainsi poussé les directions syndicales à se déclarer pour un cessez-le-feu à Gaza dès décembre 2023, et même signer une lettre collective, représentant six millions de travailleurs syndiqués,
demandant l’arrêt des livraisons d’armes à Israël et adressée directement au chef d’Etat Joe Biden.
Des déclarations qui paraissent aujourd’hui dérisoires face au soutien concret au Parti Démocrate, responsable en grande partie des dizaines de milliers de morts en Palestine. Un soutien d’autant plus dangereux que les Républicains ont tiré profit ces dernières années du rejet des travailleurs envers la politique néolibérale menée par le Parti Démocrate. Si les Démocrates ont compris que les travailleurs sont devenus l’un des principaux facteurs des prochaines élections et de la vie politique américaine, comme l’incarne par exemple leur récent revirement protectionniste sur la politique commerciale et les taxes douanières, les Républicains ne sont pas en reste.
Les travailleurs, enjeu central des élections américaines
La victoire de Donald Trump en 2016 avait bénéficié de la crise ouverte dans le Parti Démocrate, qui suscite de moins en moins d’adhésion parmi la classe ouvrière traditionnelle et blanche des États de la « ceinture de la rouille » (Rust Belt) du Midwest, frappés par la désindustrialisation et le chômage. Pour notre organisation-sœur américaine Left Voice, Emma Lee and M. Carlstad notent ainsi que « Trump a profité de ce phénomène et s’est adressé directement à la classe ouvrière — une rupture populiste et anti-establishment avec le programme traditionnel pro-élite et pro-entreprises du GOP. Les républicains se positionnent pour devenir une solution globale à la crise des démocrates, tout en laissant beaucoup de place à la coexistence de ses éléments les plus conservateurs et réactionnaires. »
La présence inédite du président de la centrale syndicale Teamsters Sean O’Brien à la Convention nationale républicaine (RNC) du 15 juillet conforte cette politique du Parti Républicain et alimente dangereusement les tendances réactionnaires d’une partie de la classe ouvrière états-unienne. A la tête d’un syndicat qui compte 8 % des travailleurs syndiqués du pays, Sean O’Brien y a notamment appelé à voter pour « n’importe qui sauf Biden », contribuant à l’image d’un Parti Républicain « pro-travailleurs ».
Si Teamsters n’a pas apporté officiellement de soutien à l’un ou l’autre des candidats, la présence de son président est d’autant plus scandaleuse qu’elle apporte une caution à la politique populiste réactionnaire du GOP et nourrit les illusions des travailleurs à son sujet. De plus, en février, Teamsters a fait une contribution financière de 45 000 dollars à la convention nationale du Parti Républicain, canalisant les cotisations des syndiqués dans un parti bourgeois, réactionnaire et anti-ouvrier dont l’un des mots d’ordre centraux de la campagne présidentielle en 2024 est la déportation de masse des immigrés. Une trahison historique des travailleurs syndiqués aux Teamsters, alors même que la centrale est le premier syndicat de nombreux secteurs composés de personnes racisées ou immigrées, comme la logistique (UPS, Amazon, etc.).
La nécessité d’une politique en indépendance de classe
Les positions respectives des directions des Teamsters et de l’UAW soulignent l’impasse d’une politique du mouvement ouvrier subordonnée aux Démocrates et Républicains, deux partis impérialistes et anti-ouvriers qui s’alternent au pouvoir depuis près de deux siècles. Le mouvement syndical américain est ressorti renforcé des derniers mois, après des démonstrations de force dans plusieurs secteurs clés comme Amazon, les secteurs automobile et logistique, et surtout une importante mobilisation pour la Palestine.
Pour ne pas dilapider les forces et possibilités ouvertes, les travailleurs ont besoin de rompre complètement avec le Parti Démocrate sans pour autant tomber dans les mains du profondément réactionnaire Parti républicain. L’urgence est à la construction d’un parti ouvrier totalement indépendant des deux partis du régime, d’un parti qui permettrait aux millions de travailleurs de sortir du faux choix infernal que leur offre la démocratie états-unienne. Une organisation avec une boussole anti-impérialiste et dont la stratégie ne chercherait pas à conquérir le pouvoir à travers une majorité parlementaire, mais à travers une intervention dans la lutte des classes, dans les mobilisations et les explosions sociales qui ne manqueront pas d’arriver dans les prochaines années.
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