France fracturée, divisée, irréconciliable…

France fracturée, divisée, irréconciliable… Après l’épineuse période des élections et alors que la vie politique s’apprête à reprendre, comment se réconcilier ? Willy Pelletier propose de se retrouver autour de banquets.

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Après la période tumultueuse des élections législatives et alors que la vie politique s’apprête à reprendre, comment se réconcilier et unir une France divisée ? Pour répondre à cette question épineuse de la fracture sociale, Willy Pelletier, co-auteur de Pourquoi tant de votes RN dans les classes populaires ?, publié aux éditions du « Croquant », insiste sur la nécessité d’organiser des banquets citoyens. Rattaché à l’Université de Picardie, le sociologue promeut cette pratique populaire au travers du collectif « Coudes à coudes », dont il est aussi le co-fondateur.

De la politique par en bas

Pour Willy Pelletier, un sentiment d’abandon se ferait jour au sein d’une partie des classes populaires françaises mais aussi une certaine défiance généralisée. Face à cette fracture, il s’agirait de créer du lien, de fédérer la société par le bas : « On croit souvent que la politique, c’est mobiliser par en haut pour faire gagner des élections et se ramener des parts de marché électoraux, mais il y a un en deçà ». Pour ce faire, aux côtés du collectif « Coudes à coudes », Willy Pelletier a organisé un certain nombre de banquets en France. L’un par exemple, a eu lieu à Nanterre à la cité des Pâquerettes et un autre à Lasseube, village de la famille de Pierre Bourdieu. Le banquet a pour but de réunir des personnes « qui ne se voient jamais et peuvent trouver là une matière à partager des éléments en commun, qu’ils ne partagent en réalité nulle part ailleurs ». Ces rassemblements, confie-t-il, constituent autant d’occasions, pour des personnes souvent isolées, de partager à nouveau « une conscience collective de leur souffrance individuelle ».

Un effondrement des entre-soi populaires

En Picardie, lieu de travail de Willy Pelletier, le sociologue affirme assister à un « effondrement des entre-soi populaires ». Symptomatique du vote pour le Rassemblement national, cette fracture est aussi le signe d’une « mise en concurrence des pauvres dans les zones rurales ». En cela, Willy Pelletier compare ces banquets populaires à des paroles alarmantes, qui expriment la même urgence et le même malaise social : « Mais ce sont des mots, les mots des gens qui sont confrontés à l’horreur d’une vie impossible ». En outre, les participants de ces moments de sociabilité évoquent avec amertume la disparition des services publics et de l’aide sociale, de plus en plus centrés autour de la rentabilité financière et de l’efficacité.

Un déplacement social nécessaire

Ces banquets constituent des moments rares, pour Willy Pelletier, en ce qu’ils permettent de se déprendre de « son cercle social homogène ». Autrement dit, ils représentent la possibilité de « nous quitter nous-mêmes », confie le sociologue et par exemple, de comprendre la volonté de « vengeance sociale » qui motive parfois le vote pour le Rassemblement National. Néanmoins, Willy Pelletier rappelle que cette forme de décentrement social renoue avec les bistrots ouvriers des années 1990. Ces banquets ne sont pas sans rappeler, plus récemment, les moments de sociabilité qui avaient marqué le mouvement des Gilets jaunes, notamment sur les ronds-points.

« De l’acier au satin, des ouvriers aux assassins »

Dans l’émission ce matin, a été lu le texte suivant, écrit par Pierre Gwiazdzinski (1997-2024), ouvrier d’Audun-le-Tiche (Lorraine), disparu le 27 juillet 2024 à l’âge de 27 ans, avec l’accord de sa famille :

« De l’acier au satin, des ouvriers aux assassins

Un Américain célèbre nommé Henri Ford à créé un monstre à deux têtes. D’une part une révolution industrielle et de l’autre un asservissement ouvrier.

Une formule, résume très bien ce statut des ouvriers les fameux « Mozart assassinés ». Ils portent leur peine au travail en serviles bras robotiques humanoïdes, alors qu’ils cachent souvent des talents insoupçonnés.

Et tout ça pour quoi ? Payer un loyer indécent, rembourser un crédit voiture qui leur sert principalement à se rendre à l’usine ou à faire quelques courses dans un magasin discount toujours trop cher pour leur budget ?

En ayant mis les pieds dans ce milieu, chaussures de sécurité comprises, j’ai eu l’occasion de rencontrer quelques uns de ces Mozart.
Des gens humbles, travailleurs et malheureusement résignés. Ces hommes dissimulaient souvent des talents inexploités et pour leur plus grand malheur ils n’en avaient même pas conscience.

Qu’est-ce qui est le pire, le mal de dos ? Les insomnies liées au travail posté de l’industrie ? Non ! Le pire, c’est la résignation !
Se contenter de ce qu’on a alors que l’on possède sans doute d’autres talents. Voilà le pire. Il y a une frustration indescriptible à faire un travail répétitif dénué de sens quand on a des idées plein la tête, mais le cerveau embrumé.

La question serait de savoir qui est fautif ? La société ? La brutalité parfois indécente de la vie ? L’éducation ? L’école ? Un mélange de tout cela sans doute. Je pense qu’il y a des gens qui ne sont tout simplement pas adaptés à cette société, des « handicapés sociaux » si l’on peut dire.

N’y aurait-il pas un travail à faire dès l’enfance, au-delà du simulacre d’orientation en vigueur ? Pourquoi pas des stages multiples, plusieurs à chaque âge, à chaque classe ? Tester des métiers, des idées diverses proposées aux enfants en construction, pour justement les aider à construire un avenir qui ne leur fera pas regretter leur passé. Et des méthodes différentes pour les enfants différents afin que chacun trouve sa place.

Zola, Hugo et d’autres ont déjà écrit à ce sujet. C’était il y a plus d’un siècle mais rien n’a changé.
Bien sûr il y eut les « 35 h », les congés payés et autres poudres aux yeux.
Mais si l’on compte 10 heures au bas mot entre la préparation, la route aller-retour, les heures de travail (voir plus en fonction du bon vouloir de la pause repas décidée par la direction) et 8 heures de sommeil (si toutefois on y parvient) que nous reste-t-il ? 6 h heures de vie ? Elles sont consacrées à la « vie de famille » si les horaires sont compatibles bien sûr, aux tâches ménagères et autres corvées. Pour finir, il nous reste 45 minutes pour nous abrutir devant Netflix avant de recommencer ce cycle infernal.

Force est de constater que pas grande chose n’a évolué depuis Marx. Si on a la « chance » d’œuvrer dans les hautes sphères, on travaille pour un capital et une reconnaissance certaine, mais pour ces ouvriers qu’en est-il ? Ils sont des « invisibles » de la société pour les plus « chanceux » et des « oubliés méprisés » pour les autres.

Avec ce système, on a créé des êtres malheureux, dépressifs, insomniaques, bourrés de cachetons en guise de Soma.
Système dystopique accepté par la plupart des citoyens soumis malgré eux.

Je ne suis pas politisé. Je suis simplement immergé et submergé dans ce système dégoûtant qui me révulse.

Monde ouvrier, Monde oublié »

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