La France insoumise participe à l’offensive de la gauche pour tenter d’élargir sa majorité relative à l’Assemblée. Sur le fond, l’intransigeance du parti mélenchoniste perdure.
POLITIQUE – Un miracle de l’olympisme ? À peine les JO terminés, les spéculations et autres jeux politiques ont repris autour de l’identité du futur locataire de Matignon. Pressé de toutes parts, le président de la République Emmanuel Macron pourrait viser la semaine du 19 août pour arrêter son choix et désigner son nouveau Premier ministre. Alors en attendant, les partis s’activent.
À gauche, on profite de cette rentrée aoûtienne pour miser sur l’ouverture et le dialogue, comme pour donner des gages au chef de l’État quant à son souhait de voir se dégager une majorité stable. Dans une lettre envoyée lundi aux députés non-RN, Lucie Castets promet une « nouvelle méthode », davantage de parlementarisme et un travail commun sur plusieurs priorités. Un changement de ligne ? Pas de son côté.
De fait, la candidate à la primature amorce ce discours depuis qu’elle a été désignée par le Nouveau Front populaire. Fin juillet, elle parlait déjà de faire des « compromis » avec les autres camps, dans le sillage des écologistes, du PCF et du PS, enclins à montrer patte blanche. La nouveauté, en cette mi-août, réside bien davantage dans le soutien formel de la France insoumise. En principe.
Une vraie main tendue ?
Mathilde Panot a effectivement apposé sa signature de présidente de groupe LFI (au côté des autres représentants de l’alliance) au bas de la fameuse lettre. Dans cette missive, la gauche prend acte « du fait » que « la majorité sur laquelle s’appuie le NFP n’est que relative et qu’il lui sera dès lors nécessaire de convaincre au-delà des rangs du Nouveau Front Populaire » ; elle promet aux autres groupes des postes stratégiques de « rapporteurs » et liste des « priorités » comme base de travail, mais sans reprendre le programme complet.
Illustrations avec deux exemples : dans son offensive pour accéder à Matignon, Lucie Castets semble réduire un peu la voilure sur l’augmentation du Smic (elle ne parle pas des 1 600 euros dans sa lettre) ou le retour de l’impôt sur la fortune (absent du courrier).
Ces deux propositions phares de la coalition des partis de gauche restent un « horizon », explique-t-elle ce mercredi, dans les colonnes du Parisien. Mais « le programme du NFP (…) a été construit pour l’exercice du pouvoir en cas de majorité absolue », insiste-t-elle, promettant à nouveau de chercher des « accords » ou des « compromis » sur une feuille de route qui ne saurait être appliquée dans son intégralité.
Sur la forme, le ton tranche avec la ligne soutenue par les insoumis jusqu’ici, consistant à ne vouloir que « le programme du NFP, rien que le programme, tout le programme ». Mais sur le fond, ce bougé, pourtant significatif sur le papier, pourrait ne pas en être un. Il risque même d’alimenter de nouvelles divisions au sein de l’alliance des gauches.
« Un peu de courage bon sang »
Pour cause : si cette stratégie vise à élargir les bases du NFP et répondre en quelque sorte à l’appel d’Emmanuel Macron aux partis pour qu’ils essaient de s’entendre, elle risque de se heurter à l’intransigeance de la France insoumise. Une inflexibilité tenace, malgré la main tendue et les signes d’ouverture envoyés aux députés de tous bords.
« Il a toujours été très clair dans le programme que nous mettrons en œuvre le smic à 1 600 euros net », a par exemple insisté la députée LFI Aurélie Trouvé ce mercredi sur RMC, mettant en garde ses partenaires contre toute « trahison. » Ceci, alors qu’ils ont proposé « le nom de Lucie Castets pour mettre en œuvre le programme sur lequel nous nous sommes mis d’accord », a pris soin de préciser l’élue de Seine-Saint-Denis.
Plus franchement, la députée Ersilia Soudais s’agace de ce que les médias décrivent comme une « temporisation » sur ces mesures emblématiques. « Un peu de courage bon sang », exhorte-t-elle sur les réseaux sociaux, tandis que ses collègues LFI ne se pressent pas (du tout) pour relayer les prises de parole de leur candidate à Matignon. Une réplique qui illustre la vraie fausse évolution des Insoumis, mais qui n’est pas franchement propice à éclaircir le brouillard politique du moment.
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