Arguments pour la lutte sociale | Lire sur le blog ou le lecteur |
La procédure de dissolution de l’Assemblée Nationale, pouvoir octroyé au président-Bonaparte sous la Vème République, pour soumettre la représentation parlementaire à sa volonté lorsque celle-ci entre en conflit avec l’exécutif, s’est terminée par une défaite politique majeure de Macron. En fait le pays réel est entré concrètement en conflit avec le président, donnant par la force de la mobilisation, appuyée sur les syndicats et association, une majorité parlementaire au Nouveau Front Populaire (NFP). Suite à l’expulsion par le petit imperium de la FI d’élus parlementaires qui furent des membres fondateurs du Parti de Gauche et du Front de Gauche, le mouvement l’Après est né. Alexis Corbières, lors de la conférence de presse de présentation, en a défini le cadre général : cimenter politiquement le NFP, appuyé qu’il est sur un programme de transition minimum, approuvé par les partis de la coalition de gauche, exprimé par la candidature de Lucie Castet au poste de premier ministre. Nous en sommes là en cette fin d’été, après la prétendue « pause » des jeux olympiques. Nous voulons que la gauche gouverne. Je rappelle cette pancarte de manifestants, O combien représentative de l’esprit d’un salariat mobilisé : « Unissez-vous, mais ne nous trahissez plus ! » Les manœuvres macroniennes pour refuser de prendre en compte la majorité parlementaire entrent même aujourd’hui en contradiction avec les institutions du « coup d’État permanent ». Auteur d’une constitution destinée à interdire aux partis et aux « corps intermédiaires » (syndicats et associations) de jouer pleinement leur rôle dans la vie démocratique, voilà un cas de figure que son concepteur Michel Debré, n’avait pas prévu. Dans le contexte de la préparation de sa réunion de fin d’été dans la Drôme, la direction de la FI monte au créneau. Dans un texte publié dans La Tribune du Dimanche du 18 août, LFI menace Emmanuel Macron d’engager une procédure de destitution et dénonce un « coup de force institutionnel ». Les cosignataires, le triumvirat Manuel Bompard, Mathilde Panot et Jean Luc Mélenchon déclarent : « Nous donnons à cette tribune un rôle concret d’avertissement solennel…[Le président] doit savoir que seront utilisés tous les moyens constitutionnels de le démettre plutôt que nous soumettre à son mauvais coup contre la règle de base de la démocratie : en France, le seul maître est le vote populaire ». Sauf que la procédure de possible destitution est très longue : l’Assemblée et le sénat se constituent en « haute cour », la proposition doit être validée par le bureau de l’Assemblée – le NFP disposant de 12 voix sur 22 -, adoptée en commission des lois et devant les parlementaires et votée à une majorité des deux tiers. La même course d’obstacle doit être répétée au Sénat, assemblée ô combien progressiste, de « vieillards au cœur sec », (1) disait Marceau Pivert en son temps, gavés de champagnes, de cigares cubains détaxés et de prêts à taux zéro. Cela reviendrait à jouer les prolongations d’un régime à bout de souffle, et surtout de laisser à Macron les mains libres pour imposer un premier ministre de son camp et continuer obstinément l’application de ses contre-réformes. La position de FI, du moins celle de son premier cercle, n’est pour nous en aucune manière un point d’appui. Engager le groupe parlementaire de FI dans une telle procédure, si tant est qu’elle aille institutionnellement à son terme, nous détourne de l’essentiel. Cela revient à passer la corde au cou du Nouveau Front Populaire. Il faut que Lucie Castet gouverne, d’ailleurs elle sillonne le pays sur la base des revendications qu’elle défend. La force du mouvement l’Après c’est précisément l’Après Vème République et son point d’appui son salariat et sa jeunesse mobilisée. Aujourd’hui la position du petit imperium de FI, en respectant scrupuleusement les règles du « coup d’État permanent » jusqu’à l’échéance en fait de la présidentielle de 2027, se situe sur le terrain de la division des forces qui représentent le Front. La question de démettre Macron est posée, non aux experts de la Vème République et à son meilleur défenseur Mélenchon aujourd’hui, mais au mouvement d’en bas qui a imposé par sa mobilisation une majorité parlementaire, un nouveau Front politique, son programme et une candidate pour gouverner, Lucie Castet. Nul doute que ce Mélenchon va nous servir encore bien des plats épicés, et qu’il faudra apprendre à lever les obstacles pour l’Après Vème République. RD, le 18/08/2024. Note :
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