Décès de Catherine Ribeiro, chanteuse rebelle et militante [Vidéos]
« Libre et libertaire sans jamais accepter un clan plutôt qu’un autre » : voilà comme se définissait Catherine Ribeiro, figure de la chanson française des années 1970 décédée la nuit dernière, à 82 ans.
Surnommée la « pasionaria rouge » ou encore « la grande prêtresse de la chanson française », Catherine Ribeiro est décédée dans la nuit de jeudi 22à ce vendredi 23 août dans une maison de retraite à Martigues, dans le sud de la France. Elle avait 82 ans.
Sur la « photo du siècle » de « Salut les copains »
Née le 22 septembre 1941 à Lyon, fille d’un ouvrier-chaudronnier venu du Portugal, Catherine Ribeiro grandit avec pour seul horizon les hautes cheminées fumantes des industries chimiques de Saint-Fons. Elle fait son baluchon pour monter à Paris où elle prend des cours d’art dramatique qui la mènent au cinéma. Elle enregistre aussi, entre 1964 et 1966, une quinzaine de titres, créations originales ou reprises de Bob Dylan.
« Je ne veux pas me transformer en cover-girl. La chansonnette de tous les jours ne m’intéresse plus. J’ai gâché beaucoup trop de temps », lâche-t-elle.
À mi-chemin entre le psychédélisme et le rock progressif
Catherine Ribeiro opte alors pour l’avant-garde et s’oriente vers des sonorités à mi-chemin entre le psychédélisme et le rock progressif, entre la musique minimaliste et le jazz. « Âme debout », « Paix », « Le Rat débile et l’Homme des champs », « Libertés ? »… Elle réalise au total neuf albums avec Alpes. Ses chansons témoignent de ses multiples engagements : pour la Palestine, pour les réfugiés chiliens, contre la guerre au Vietnam, pour l’écologie, contre le président Valéry Giscard d’Estaing…
Boycottée par les médias mais devant 120 000 personnes à la Fête de l’Huma
Jugée trop rebelle et à mille lieues des canons commerciaux, elle est boycottée par les médias. « La beauté insoumise de Catherine et sa colère chevillée à l’âme incommodent le show-business », disait Léo Ferré. Ce qui ne l’empêche de trouver son public, souvent militant comme elle. Elle se produit dans les grandes salles et fait un carton à Bourges ou à la Fête de l’Humanité où elle chante devant 120 000 personnes.
Un fan nommé François Mitterrand
En 1982, elle remplit pendant trois semaines Bobino. C’est l’apogée de sa carrière. Avec un soir un spectateur célèbre, qui se faufile incognito : le tout nouveau président socialiste François Mitterrand.
Si elle revendique fièrement ses engagements, Catherine Ribeiro vit mal d’être résumée à cela. « J’en ai assez qu’on me fasse porter cette seule étiquette rouge », disait-elle en 1980. « Ce n’est pas moi qui me suis marginalisée, on m’a marginalisée ! J’irai vers un public plus large si les chaînes de radio et la télévision se décident enfin à me considérer comme une chanteuse à part entière ».
« Jusqu’à mon dernier souffle, je me battrai pour les libertés »
Mais on ne verra désormais plus beaucoup Catherine Ribeiro sur scène. Repliée dans les Ardennes dans les années 80, elle épouse le maire socialiste de Sedan, Claude Démoulin. Elle subit en 2020 un AVC et doit être hospitalisée dans une clinique allemande.
Ces dernières décennies, elle sortait peu de son silence. Se produisant tout de même au Bataclan et aux Francofolies. Avec toujours la même soif d’engagement : « Jusqu’à mon dernier souffle, je me battrai pour les libertés ». Elle est décédée la nuit dernière, à 82 ans.
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