Soulèvements de la terre 04

Projet de centrale photovoltaïque industrielle sur Revest St Martin.

Dégradation de 20 hectares de milieux naturels en Montagne de Lure par la société TEnergie.  

 Un site défini comme anthropisé malgré sa biodiversité exceptionnelle  

Le Site de Revest St Martin à Corraine, situé au coeur de la Réserve de Biosphère Luberon-Lure classée par l’Unesco est cependant présenté comme une surface anthropisée du fait de sa situation sur une ancienne carrière. Or, nous avons constaté que, d’une part la carrière ne correspond qu’à peu près à un dixième de la surface globale, d’autre part la carrière n’étant plus exploitée depuis plusieurs années, une « remise en état » par la nature elle-même s’est opérée, et enfin, que les experts indépendants qui ont étudié ce site le jugent très riche en biodiversité.    

Expertise naturaliste  

Voici la conclusion de l’expertise naturaliste réalisée entre les mois de mai et juillet 2024 par un écologue professionnel indépendant en seulement 3 demi-journées :   

Les milieux ouverts jouent un rôle crucial dans la conservation de la biodiversité. Ils abritent une grande variété d’espèces végétales et animales, souvent spécialisées et parfois menacées, qui dépendent de ce caractère « ouvert » pour perdurer. Ces habitats, en constante régression et souvent temporaires, tendent à se fermer naturellement avec le temps. Depuis la seconde moitié du XXe siècle, la superficie des pelouses et des prairies ne cesse de diminuer, réduisant ainsi leur disponibilité. Les milieux ouverts, souvent négligés, favorisent la diversité écologique en offrant des conditions propices à la nidification, à l’alimentation et à la reproduction de nombreuses espèces. Leur préservation est essentielle pour maintenir des écosystèmes résilients et équilibrés.  

Le site de Revest-Saint-Martin présente un caractère ouvert sur une grande superficie. L’alternance avec des milieux fermés permet à de nombreuses espèces de s’établir sur la zone d’étude.  

L’inventaire de la faune, effectué sur le site et bien que non exhaustif, a révélé la présence de 35 espèces protégées. Ces espèces, réparties en 3 groupes – oiseaux (31 espèces), reptiles (3 espèces), et insectes (1 espèce) – démontrent une diversité importante dans cet écosystème  

Les observations effectuées démontrent le fort potentiel de ce site en termes de diversité et d’abondance des espèces protégées. Parmi ces espèces, 25 utilisent activement le site pour leur cycle de vie, englobant la reproduction, le repos et l’alimentation dans la zone d’étude ou sa proximité immédiate.   

Il convient de noter que la méthode d’inventaire présente certaines limites, et qu’une évaluation plus précise pourrait être obtenue en réalisant des inventaires, aux heures favorables (notamment pour les oiseaux) et avec une durée supplémentaire (pour tous les taxons).   

Les enjeux locaux de conservation sont pour certaines espèces très forts et les habitats du site sont évalués comme favorables à ces dernières. Il est important de noter que la grande majorité des espèces protégées constatées utilisent la zone d’étude et/ou sa périphérie directe pour la reproduction. Cette zone d’études constitue donc un site de reproduction, de repos et d’alimentation (et probablement d’hivernage) pour de nombreuses espèces protégées au titre de l’article L411-1 du Code de l’environnement.  

Certaines des espèces répertoriées sur le site ne sont pas mentionnées par le dossier de saisine du CNPN relatif à la demande de dérogation aux interdictions de destruction d’espèces protégées pour la construction d’une centrale photovoltaïque, sur la commune de Revest-Saint-Martin. C’est le cas pour 1 espèce de reptile protégée, 1 espèce d’insecte protégée et 1 espèce à très fort enjeu de conservation, et 7 espèces d’oiseaux protégées qui utilisent le site, dont 5 possiblement nicheuses.  

Il est dès lors nécessaire d’analyser le risque pour ces « nouvelles » espèces que comporte le projet industriel (cf. Conseil d’Etat 09.12.2022).  

 Action en cours  

 Ce rapport d’expertise a donc été envoyé au président de l’industriel Tenergie par courrier avec accusé de réception. Il s’agit de Nicolas Jeuffrain, financier multimillionnaire ayant fait fortune dans les télécom et internet, qui a ainsi été informé officiellement de la présence de 10 espèces nouvelles, protégées et/ou à très forts enjeux locaux de conservation sur le site, dont :  

  • Le Lézard ocellé  
  • Le Damier de la Succise  
  • L’Hermite,  
  • L’Alexanor (présence de la plante hôte Ptychotis saxifraga en abondance)  
  • Le Rossignol philomèle   

Ces espèces n’ayant pas été inventoriées par le bureau d’études de l’entreprise lors de l’étude d’impact (2015-2020), conformément à la jurisprudence du Conseil d’Etat du 09 décembre 2022, il a été invité, en tant que pétitionnaire, à analyser le risque que comporte son projet industriel pour l’ensemble des espèces protégées nouvellement constatées sur le site.  

Nous l’avons également invité à veiller à ne pas entamer de travaux sur le site sans l’autorisation de porter atteinte à ces nouvelles espèces protégées. Dans le cas contraire, la police de l’environnement serait alertée et une plainte pénale serait déposée.     

La totale incohérence des mesures compensatoires   

En lisant la Dérogation pour porter atteinte aux espèces protégées du site de  Revest St Martin, on peut s’apercevoir que l’une des mesures compensatoires à la destruction des espèces sur la zone ouverte de la carrière est de recréer des milieux ouverts sur 8 hectares (paragraphe 3.3 P 8). Donc,  8 hectares de forêt à proximité du site  seraient  défrichés, en plus des OLD (Obligations Légales de Débroussaillement) pour pouvoir accueillir les espèces qui vivaient sur le site et soit disant « compenser » les pertes d’habitat. Inutile d’être un grand expert de la biodiversité pour comprendre qu’il est aberrant de détruire d’autres sites, d’autres habitats et d’autres espèces protégées au prétexte de compenser une première destruction. Plutôt que de porter atteinte à d’autres milieux et donc d’autres espèces pro (rappelons qu’aucun inventaire n’a été effectué sur les zones qui vont être détruites dans le cadre de cette mesure compensatoire), il suffirait de conserver ce milieu déjà ouvert par la carrière tout simplement…De plus, les préconisations du CNPN (faire le défrichage à la main au lieu d’engins de chantier) n’ont même pas été imposées par la préfecture à Tenergie. Quand on parle d’un laissé faire de l’Etat…  

Donc, en plus des 6,2 hectares prévus pour les panneaux solaires, les 5,6 hectares en OLD, on peut rajouter 8 hectares de défrichement pour les mesures compensatoires. En tout, l’implantation de la centrale photovoltaïque de Revest St Martin annoncée sur 6 hectares,  programme la destruction et la dégradation de 20 hectares de milieux naturels et ce, sans compter les chemins d’accès, la voie vers les stations Enedis et les surfaces techniques durant les travaux. ….    

Illégalité des travaux d’extraction des pierres   

Nous avons également adressé un courrier avec accusé de réception à Monsieur Giuseppe Besozzi propriétaire du terrain et exploitant de la carrière pour l’informer des découvertes naturalistes sur le site et la présence d’espèces protégées et/ou à fort enjeux de conservation.  

En effet, non seulement l’exploitation de cette carrière ne peut se poursuivre tant qu’une analyse du risque que comporte cette activité sur les espèces protégées nouvelles n’a pas été réalisée mais les travaux effectués en juin dernier ont été mis en œuvre en parfaite violation de la dérogation espèces protégées de juillet 2023. Ces travaux délictueux seront donc sanctionnés d’une plainte pénale.   

Appel à la résistance sur le terrain  

Ayant assisté, malgré tous nos efforts pour l’arrêter, à l’intégralité du chantier de construction de la centrale photovoltaïque de Cruis, nous pouvons maintenant assurer haut et fort que l’implantation d’une centrale solaire ne consiste pas, comme beaucoup l’imaginent, à passer un coup de tondeuse, à poser délicatement des panneaux au sol et à les brancher ensemble comme des rallonges. La réalité est toute autre :  le sol est terrassé, creusé, compacté, pilonné. La terre, si précieuse et si longue à se former dans notre montagne rocailleuse disparait des chemins et des parkings qui ceinturent et traversent le site. L’humidité et l’ombre des arbres sont remplacées par la fournaise des panneaux qui montent à 85 degrés l’été. Partout, le sol est tassé sur plusieurs mètres pour que les pieux tiennent mais ceux-ci ne retiendront pas ce qui reste de terre. Sans les arbres, l’eau va ruisseler en surface, raviner, et ne parviendra plus à s’infiltrer dans les nappes souterraines. Après trente ans de centrale, avec des sécheresses aggravées et un sol inerte, quels arbres pousseront encore ici ? Et combien de mètres cubes d’eau faudra-t-il leur apporter pour qu’ils survivent ?   

Nous refusons de revoir monter les pelleteuses, les bulldozers, les camions bennes, les foreuses et de réentendre leurs vacarmes assourdissant de longs mois durant.  

Nous refusons que les chemins et les routes soient agrandis comme des autoroutes pour faire passer ces monstres d’acier.  

Nous refusons de revoir la campagne alentour criblée de fossés pour les raccordements.  

Nous refusons de livrer la Montagne de Lure au bon vouloir des industriels pour en faire une zone industrielle de création d’électricité.   

Comme nous l’avons vu à Cruis, les procédures juridiques ne parviennent pas toujours à arrêter les industriels avant qu’ils ne détruisent tout car elles ne sont malheureusement pas suspensives.  

Parallèlement aux actions juridiques, il est donc capital que, sur le terrain, nous défendions ces milieux et les espèces qu’ils abritent. Les médias sont déjà alertés des infractions, des recours juridiques, et de l’intention des militants de manifester et de s’y opposer en cas de début des travaux.    

Toute personne ayant à cœur de protéger la Montagne de Lure contre l’invasion des centrales photovoltaïques industrielles sur les terres naturelles est invitée à nous rejoindre en cas de début de travaux par la société Tenergie ou par ses sous-traitants sur le site de Corraine à Revest St Martin…  

La Montagne de Lure sera plus que jamais Terre de résistance tant que celles et ceux qui l’aiment se lèveront pour la protéger !   

Nous avons besoin de sentinelles depuis le 15 août qui montent sur le site de Revest de 7h à 10h pour donner l’alarme au cas de début de travaux… L’entreprise étant en infraction. 

Nous avons organisé un calendrier pour que chacun puisse s’inscrire.  

Merci d’y répondre si vous avez des disponibilités : https://framadate.org/H4vbQ1L12RhFizD1 

Le collectif Elzeard Lure en Resistance 

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