Catherine Ribeiro (1941‑2024)

Par aplutsoc le 30 août 2024

Catherine Ribeiro est décédée ce 23 août dernier. Pour beaucoup, elle restera celle qui les a accompagné(e)s dans les années 1970…

Née à Saint Fons en banlieue de Lyon, dans une famille ouvrière d’origine portugaise, père ouvrier chaudronnier à Rhône Poulenc, mère illettrée et chanteuse de fado, elle n’a pu oublier d’où elle venait… Elle connaîtra dans sa famille le patriarcat le plus complet, même et surtout du côté de sa mère (ce n’est pas un paradoxe mais une réalité)….Rien d’étonnant qu’elle fuit ce milieu et « monte » à Paris et prend des cours de comédie.

On la voit dans les Carabiniers de Godard et dans quelques films « expérimentaux ». Elle enregistre quelques 45 tours ( adaptations de Dylan, un peu de yéyé), elle figure même sur la « photo du siècle » réalisée par Jean-Marie Périer pour le magazine Salut les copains en 1966… Mais la variété très peu pour elle.

Elle explosera littéralement après sa rencontre et collaboration avec Patrice Moullet, créant ensemble le groupe Alpes, et qui la fit se tourner après mai 68 sur une production tout personnelle. L’album « Âme Debout » la projeta tout en haut du succès et lui fit rencontrer son public.

Du pop-rock audacieux sans cadres établis, une voix détonante, rauque ou sur aiguë véritable instrument et surtout des paroles où toute une génération se reconnaît. Elle y mêle espoir, mal de vivre, rejet viscéral des normes, menaces sur la planète. Mais c’est la poésie qui affleure dans tous ses titres, alliée aux rythmes du groupe qui sont sa signature et son essence profonde

Le format de ses chansons, sa liberté de parole et de ton font qu’elle est quasiment ignorée par les médias, télé et radios… Petite affaire pour elle !!

Ces concerts dans les années 70 font salle comble, elle devient, la « prêtresse de la chanson française », la « pasionaria rouge » …Son « dieu de granite » c’est Léo Ferré qui reconnaît la grandeur de la disciple. Elle chante pour les réfugiés chiliens, pour les Républicains espagnols, la Palestine. Elle est des fêtes de l’Huma où ses concerts durent des heures….

Détail amusant : elle fut membre de l’OCI, Organisation Communiste Internationaliste (berk, les affreux lambertistes !!). Pourtant un article de France Info pour sa mort affirme : « elle n’adhère à aucun parti ». Cette appartenance qui en étonne même maintenant plus d’un, montre qu’elle fut toujours libre de ses choix, mais c’était SES choix, elle n’en tirait aucune gloriole, tout comme l’austère OCI ne mettait pas en avant comme argument politique les membres de la cellule Spectacles pourtant richement fournie. C’est un autre exemple de la légende noire de l’OCI, re-exploitée récemment par Charlie Hebdo à propos de l’itinéraire de JL Mélenchon…   fin du détail……

L’important c’est de se replonger dans ses titres, il y a matière. Mes préférés : Diborowska, Âme Debout, La petite fille aux fraises… sans oublier ses versions de Piaf, L’homme à la moto, Les amants d’un jour.

Mais pas de triste nostalgie, Catherine vivait en permanence avec le sentiment profond que cette société est mortifère ; la mort l’accompagnait, elle lui a pris sa fille Ioana (la petite fille aux fraises), son mari. Ses nombreuses tentatives de suicide en sont la preuve. Mais par la force de sa création, par sa force sur scène, elle nous a communiqué aussi et nous communique toujours une force, celle de la volonté d’en finir avec ce merdier permanent.  Pour tout cela, Merci Catherine !

Fabien.

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