RENTRÉE SOCIALE
Près de 10 mois après le début du mouvement, et après un été qui a vu le maintien d’un noyau dur de manifestants, les Gilets jaunes ont fait leur rentrée ce 7 septembre .
Julian Vadis
dimanche 8 septembre
Crédits photo : Révolution Permanente Montpellier
Traditionnellement, la période estivale est synonyme d’accalmie politique et de « pacification » du champ social. Très clairement, la période estivale 2019 a échappé à cette règle, entre les diverses affaires qui ont touché le gouvernement, l’affaire d’État que constitue la mort de Steve à Nantes ou bien encore les mobilisations contre le G7 à Biarritz et le maintien, chaque samedi, de manifestations de Gilets jaunes, qui réunissait des « noyaux durs » du mouvement, défilant à plusieurs centaines dans quelques bastions de la contestation.
Les sondages disponibles en ce début du mois de septembre témoignent aussi de cette instabilité. Alors que se profile l’une des principales réformes du quinquennat de Macron concernant les retraites, les deux tiers des sondés ne font pas confiance au gouvernement pour la mener. Le « changement de méthode » ne fait pas effet, 66% des personnes interrogées jugeant inchangées les méthodes de Macron à la rentrée. La côte de popularité du président reste extrêmement faible, quand bien même les médias traditionnels titrent tous en cœur sur une hausse, et plafonne à 33%.
Dans ce contexte, la journée du 6 septembre, acte 43 et « rentrée » des Gilets jaunes qui ont promis un « septembre noir » à Emmanuel Macron, était un premier test. Le premier enseignement visible, c’est que ce samedi a marqué une re-mobilisation du noyau dur des Gilets Jaunes, passant de quelques centaines à plusieurs milliers dans les grandes villes, voire faisant son retour dans une série de villes moyennes. Élément à souligner, la guerre des chiffres entre les différentes préfectures, les journalistes et les Gilets jaunes est relancée. Les médias et la préfecture parlant par exemple de 500 manifestants à Toulouse, alors que les chiffres circulant sur les groupes de Gilets Jaunes annonce plusieurs milliers de manifestants, avançant une estimation de 5 à 8000 manifestants.
Autre enseignement, la rentrée sociale des Gilets jaunes a été marquée par de nouveaux épisodes de violences policières. A Montpellier, « capitale de l’acte 43 » où 5000 manifestants ont défilé selon les organisateurs, lacrymogènes et flash-ball étaient de sortie tandis qu’une voiture de police a été incendiée, faisant les gros titres des journaux. Des scènes de violences policières sont aussi à déplorer à Rouen. A Paris, 87 personnes ont été interpellées, et une cinquantaine verbalisées. Entre autres.
Par milliers, les Gilets Jaunes ont donc repris la rue ce samedi 6 septembre, près de 10 mois après le début de la mobilisation. Cette re-mobilisation partielle montre que la colère est toujours profonde. Dans ce contexte, la stratégie de division des dates et de négociations avec le gouvernement des directions syndicales apparaît plus que jamais comme criminelle. L’enjeu, tout au contraire, réside dans la convergence des luttes et l’arrêt de la stratégie des journées saute-mouton nous menant dans le mur. C’est au contraire en s’appuyant sur l’expérience des Gilets jaunes, de la colère qui s’exprime chez les enseignants et dans les centres hospitaliers, pour construire la convergence et en visant à la mise en mouvement de nouveaux secteurs du monde du travail, des quartiers populaires et de la jeunesse. Le mois de septembre apparaît, à ce titre, comme un vrai moment charnière, pour imposer un rapport de force sur le terrain de la lutte des classes, par la grève et les manifestations, à même de repousser Macron dans ses retranchements.
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