Comme l’a révélé Mediapart, le nouveau conseiller chargé de la citoyenneté, de la laïcité ou de l’intégration au ministère de l’Intérieur Paul Godefrood a beaucoup écrit dans des médias d’extrême droite. Des publications qu’il a demandé à supprimer.
« On est habitué à ce genre de cas », explique l’ancien chef, un temps proche de Marion Maréchal-Le Pen, qui a monté L’Incorrect en 2017 pour la soutenir mais qui s’est depuis éloigné de la nouvelle députée européenne (1). Selon lui, ce n’est pas le premier auteur qui formule cette demande parce qu’il « n’assume plus ». Et la rédaction accepte généralement le retrait, comme dans le cas du nouveau conseiller :
« Le but, c’est pas d’ennuyer les gens, ils ont leur conscience. Là, en l’occurrence, il n’y a rien qui tombe sous le coup de la loi, il ne veut juste pas que son nom apparaisse, mais ça a l’air raté… »
Du côté de Causeur, même rengaine. Les cinq papiers publiés entre 2020 et 2021 ont disparu du site. La directrice de la rédaction Elisabeth Lévy dit d’abord ne pas être au courant : « Je n’en sais strictement rien, j’ai jamais entendu parler de ce gars, je vais me renseigner. » Lorsque StreetPress la relance avec une date limite de réponse fixée au 21 octobre, l’habituée des plateaux de CNews dégaine :
« Eh bien bonne nouvelle, vous n’aurez pas à attendre jusque-là. C’est un droit de l’homme de choisir les gens à qui on parle et vous n’en faites pas partie. Et au lieu de jouer la Stasi au petit pied, essayez donc de vous trouver un sujet d’enquête digne d’intérêt et foutez-moi la paix. Bien à vous Elisabeth Levy. Je vous autorise à publier cette réponse à condition de le faire intégralement. »
StreetPress salue l’imitation de Simone Veil. Quant à Paul Godefrood, ses papiers les plus récents proviennent de la revue Conflits – où l’on retrouve Pascal Gauchon et Xavier Raufer, des anciens des groupes néofascistes Ordre nouveau ou Occident. Mais là encore, plus de traces de ses écrits, même ceux publiés il y a à peine cinq mois.
Un ménage général
Ses réseaux sociaux semblent eux aussi avoir été nettoyés. Un compte Twitter (X) est apparu sous son nom dont le premier tweet date du 29 septembre 2024, remplaçant le précédent et faisant disparaître ses tweets, comme l’a noté Mediapart.
Autre papier envolé : une tribune publiée en 2013 sur le site de Parlonsinfo, où le conseiller raconte avec passion sa toute première manif… contre la loi Taubira, ouvrant le mariage aux couples de personnes de même sexe. Des convictions d’ailleurs partagées par son supérieur, Othman Nasrou, ouvertement opposé au mariage pour tous. Dans un papier intitulé « La droite est-elle toujours en panne d’idées ? », publié dans L’Incorrect en 2019, Godefrood réaffirme ses positions en écrivant que « le mariage homosexuel fut symptomatique des dérives de la “désidentification” : l’exigence de droits individuels au détriment du bien commun ; la conception de l’État comme instrument de satisfaction des désirs individuels immédiatement transformés en besoins et en droits ; le refus de toute norme et la transgression de toutes les limites, y compris celles de la Nature […] ».
Côté réseaux sociaux, l’ancien compte X du conseiller a laissé place à un nouveau créé en septembre 2024. Et les autres conseillers du cabinet semblent avoir fait de même. Le compte X de Jens Villumsen, conseiller communication et presse, a récemment disparu des radars, laissant quelques traces de tweets sur le burkini ou l’écriture inclusive. Joévin Beillacou, conseiller parlementaire, a opté de son côté pour la mise en privé.
Mise à jour le 21 octobre à 16h10 : Nous avons fait mention du fait que Marion Maréchal Le Pen et Jacques de Guillebon n’étaient plus proches, après les précisions de ce dernier.
Contactés, le ministère de l’Intérieur et Paul Godefrood n’ont pas répondu à nos sollicitations.
Contacté, Jean-Baptiste Noé, rédacteur en chef de la revue Conflits, n’a pas répondu à nos questions.
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