Tout le pays a bougé vers Donald Trump, les États rouges comme les États bleus, sauf le Colorado. Le président désigné a remporté la Floride par 13 points de pourcentage, soit 10 de plus qu’en 2020. Le Texas par 14 points de pourcentage, soit 8 points de plus qu’en 2020. Il a également amélioré de 13 points de pourcentage sa performance de 2020 dans l’État de New York et de 6 points de pourcentage son score en Virginie. Il n’a pas seulement remporté le nombre nécessaire de grands électeurs pour être élu à la présidence. Il a également réussi à remporter le vote populaire, le premier candidat républicain à le faire depuis George W. Bush en 2004, réalisant ses gains les plus importants chez les hommes latinos et les électeurs les plus jeunes.
Près des trois quarts des Américains se disaient insatisfaits de la direction de leur pays après les quatre années de la présidence de Joe Biden, dont le taux de popularité semblait collé à 40 %. Malgré les réalisations du président démocrate, qui a supervisé une économie qui est l’envie du monde, selon le magazine The Economist, les électeurs étaient encore sous le choc de l’augmentation du coût de la vie, et notamment des aliments, de l’essence et du logement. Et ils se sont tournés, comme tant d’autres électeurs l’ont fait dans d’autres pays, vers le candidat qui promettait un changement des politiques de l’administration au pouvoir.
Il se trouve que Kamala Harris, celle qui était liée à l’administration au pouvoir en tant que vice-présidente, n’a pas pu identifier une seule chose qu’elle aurait fait différemment de Joe Biden lorsque la question lui a été posée par une des animatrices de l’émission d’ABC The View. Même si elle a mené une campagne sans grandes erreurs, celle-là a illustré de façon crue les limites de sa candidature, et son rival s’en est servi dans des publicités qui ont fait mal. Et les critiques démocrates ont déjà commencé à remettre en cause l’accent mis par sa campagne sur l’avortement et le caractère de Trump. On y reviendra.
Le pays de Donald Trump sera donc dirigé par un président qui a menacé ou promis de s’attaquer à ses ennemis, d’orchestrer l’expulsion de millions d’immigrés clandestins et d’imposer des droits de douane inspirés par une philosophie économique datant du 19e siècle. Il a aussi menacé ou promis de tourner le dos aux alliés traditionnels des États-Unis sur la scène internationale, exprimant sa préférence ou son admiration pour les dirigeants autoritaires de pays ennemis.
Ce pays a peut-être élu son propre dirigeant autoritaire. Chose certaine, il n’a pas été troublé par les mises en garde des anciens collaborateurs de Trump, dont certains l’ont qualifié de « fasciste » ou de « crétin ». Il n’a pas non plus été troublé par les discours racistes, misogynes ou mensongers de Trump et des membres de son entourage. Et il n’a pas bronché à l’idée de ramener à la Maison-Blanche un criminel condamné et un agresseur sexuel déclaré qui a inspiré l’attaque du 6 janvier 2021 contre le Capitole, un des plus sombres moments de la démocratie américaine.
Ce pays a peut-être le président qu’il mérite.
(Photo AFP)
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