La cathédrale et la famine

 7 décembre 2024

Ils sont tous là : au premier plan ceux que je n’hésite pas à désigner comme délinquants axiologiques sachant que l’axiologie est ce discours, cette partie de la philosophie qui traite des valeurs esthétiques et morales, le vrai, le bien, le beau… le juste.

Nestor Romero

Enseignant… encore un peu

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Ils sont donc tous là, le président qui fit de la « reconstruction » de la cathédrale dévastée par les flammes une affaire personnelle, quelque chose comme un léger coup de heurtoir à la porte de l’Histoire afin de s’y ménager un strapontin. Et ce monstre fasciste (fasciste en effet!) venu de l’autre côté de l’océan pour parader sans vergogne en attendant une intronisation à laquelle sera invité le président qui accourra sans la moindre vergogne.

Les donateurs sont là aussi, pas tous, les plus riches, au premier rang, eux qui font l’aumône de quelques millions comme n’importe quel quidam pose une pièce dans la main tendue. Ces donateurs qui ne produisent rien sinon du luxe c’est-à-dire de l’inutile et du vent pestilentiel soufflé par les officines médiatiques dont ils sont les indécents propriétaires.

Ils sont tous là, croyants et incroyants, officiants chamarrés d’or et mécréants avérés pour célébrer une reconstruction spectaculaire dans un monde spectaculaire, dilapidant une manne spectaculaire sans la moindre vergogne.

Sans la moindre vergogne, en effet, car pendant ce temps-là un enfant meurt de la faim ou de ses conséquences toutes les six secondes, soit 14 000 par jour (UNICEF). La manne alors n’aurait-elle été pas mieux employée à soulager cette misère ? Bien sûr, bien sûr, idéalisme naïf que de tels propos, bien sûr… Il n’en demeure pas moins ceci que je ne me lasse de brandir en de telles occasions :

« En fait le problème n’est pas celui du catholicisme mais celui des religions […]. Elles ont été et demeurent encore pour l’humanité, notamment les religions du livre la source de guerres, de persécutions impitoyables, de souffrances pour des millions d’hommes et de femmes. Je ne sais pas si l’humanité parviendra à se délivrer de ce besoin de religieux. pour ma part, je dirais avec Einstein : « Je suis un non-croyant profondément religieux », si l’on entend par religion l’émerveillement devant le mystère du monde et de la nature. (Pierre Hadot : le Nouvel Observateur, juillet 2008).

Après la célébration le mystère demeurera… et la souffrance, et les enfants mourant de faim tous les jours, de sorte que, fidèles de toutes les religions dévastatrices vous pourrez continuer à vous signer face au crucifié nu, lui, à vous prosterner et poser le front sur la terre, à psalmodier toutes sorte d’oraisons…

En toute conscience ?

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