L’APRÈS – Préserver l’unité et la boussole NFP

Barnier est tombé. Ce n’est pas au NFP d’aider Macron à relever son clone !

Macron, qui avait dissous l’assemblée nationale pour éviter la censure du gouvernement, vient de se la prendre en pleine tête. Avec l’infamie en prime d’avoir pour tenter de l’éviter, essayé de se compromettre avec le RN, au mépris de la dynamique citoyenne électorale du barrage républicain.

Retour à la case départ, avec la même petite musique jouée au pipeau : il faudrait un gouvernement « d’intérêt général » de type “Front républicain”, une coalition-combinaison des plus improbables qui pourrait déboucher sur une plateforme programmatique commune ! Dans la continuité de la pleine confusion de déni de la séparation des pouvoirs, Macron ne s’arroge pas seulement le pouvoir de nommer un-e 1er-e ministre, mais également celui de le choisir au mépris du résultat sorti des urnes, qui rappelons-le, avait mis le NFP en tête ! Et il s’arroge en plus le pouvoir de décider et d’organiser le programme et la majorité parlementaire qui le porterait.

Quelle illusion ! Il n’y a pas de plateforme commune entre celles et ceux qui veulent abroger la retraite à 64 ans et celles et ceux qui l’ont imposée, entre celles et ceux qui veulent la redistribution des richesse pour financer les services publics et celles et ceux qui ont creusé la dette par leurs cadeaux aux ultra riches et veulent imposer une saignée austéritaire sans précédent, entre celles et ceux qui veulent engager la bifurcation écologique et celles et ceux qui ne défendent que l’extrême marché et ses logiques écocidaires climaticides. Toute composante du NFP qui entretiendrait le flou sur une telle coalition possible fera balayer tout espoir de crédibilité de gagner dans les urnes au prochain rendez-vous électoral. Garder l’unité et la boussole programmatique du NFP est vital pour espérer changer la vie des gens. Et à cette heure et c’est heureux, aucune composante du NFP ne s’est engagée à prendre part à un gouvernement LR ou macroniste.

Macron ne cherche qu’une énième com’ pour diviser le NFP et in fine, ne surtout pas changer de politique, s’arrogeant le pouvoir d’imposer sa propre interprétation de l’intérêt général ! Face à cette impasse qui ne peut que, immanquablement, conduire à de nouvelles motions de censure, la seule solution est que Macron expérimente le respect de la démocratie en nommant un-e PM issu du NFP. Nous proposons dans ce contexte une nouvelle méthode : non pas la posture de faire croire qu’un gouvernement NFP appliquerait tout le programme et rien que le programme, mais l’engagement de ne pas recourir au 49-3 et de chercher à construire, texte par texte, des majorités au sein de l’assemblée autour de 11 mesures prioritaires, à commencer par l’abrogation de la réforme des retraites. Ce n’est pas à l’Élysée que la sortie de crise peut se construire mais bien à l’Assemblée.

La crise est politique et institutionnelle : la Vème République est morte. Si l’on ne peut que souhaiter la démission de Macron, une élection présidentielle anticipée ne réglerait rien à part de précipiter l’accès au pouvoir potentiel de l’extrême-droite. L’unité du NFP et son engagement en faveur d’une candidature commune est une impérieuse nécessité. L’enjeu démocratique de la période exige aussi et surtout de penser enfin le passage à la 6e. Plus que jamais, il est temps de convoquer une assemblée constituante pour en élaborer le contenu. En définitive, la solution c’est toujours le peuple et le respect de la démocratie !

Danielle Simonnet, le 11/12/2024.

Source : L’APRES Hebdo