Bayrou entre en scène mais ne fera pas diminuer la crise – Éditorial du 14 décembre 2024.

Par aplutsoc le 14 décembre 2024
Le fait politique le plus frappant concernant la nomination de Bayrou, par Macron, à Matignon, est la sourde indifférence du pays lourde de menace. Les commentateurs interprètent cela comme de la lassitude et un désir de « stabilité ». Ce n’est pas faux, à condition de préciser que l’instabilité vient d’en haut, de Macron, et de ce budget qui a été battu à l’Assemblée nationale la veille de la grève très politique de la fonction publique du 5 décembre.

Il y a deux aspects dans l’étape « Bayrou ».

L’un est la totale continuité antidémocratique, confirmée par le premier discours du premier ministre nous faisant le numéro des pères de famille montagnards qui n’aiment pas que l’on reporte ses dettes sur ses enfants : en vérité, la « dette publique » est le moyen par lequel l’État alimente la pompe à finance indispensable aux taux de profits du capital. La société n’a pas besoin des prêts des « investisseurs » pour fonctionner, ce sont eux vers qui les gouvernements successifs détournent le produit des impôts. La fin de la V° République et la fin de ce piège financier et fiscal sont donc des questions de plus en plus liées.

Bayrou va donc essayer de faire repasser un budget de guerre sociale fondamentalement identique au budget Barnier, alors que les recteurs, préfets et directeurs d’ARS sont déjà en train de voir comment ils pourront supprimer des postes, des services et des lits, sans base légale !

Mais il y a un autre aspect : avoir dû nommer Bayrou est une vraie défaite pour Macron, et cette nomination lui a été imposée au forceps et sous la menace, durant des prolongations à la fois comiques et consternantes, le tapis rouge déroulé et prenant l’eau. Bayrou était le seul premier ministre à être à la fois, bien sûr, sur la même ligne politique fondamentale que Macron, mais à ne lui devoir rien et à le rapetisser par sa seule présence à ses côtés. Bayrou ne le fait pas exprès, c’est la logique des choses : Macron diminue et le pouvoir présidentiel avec lui.

Le RN ayant fait savoir qu’il ne censurerait pas Bayrou « a priori », le même rapport de dépendance qu’avec Barnier s’établit.

La censure préalable annoncée par LFI n’a donc d’autre fonction que de tester le PS pour pouvoir diviser en l’accusant de trahison. Cette censure préalable n’est qu’une posture parlementaire impuissante, liée à la demande faite à Macron de bien vouloir démissionner pour que des élections présidentielles redonnent des couleurs à la V° République toute pâlichonne.

Les trois autres groupes parlementaires du NPF demandent à Bayrou de s’engager à ne pas utiliser le 49-3, voire à « geler » la réforme des retraites. De tels reculs, alors que Bayrou est en train de négocier officiellement avec LR, et officieusement, n’en doutons pas, avec le RN, ne sont possibles que sous la pression de la lutte sociale.

L’affrontement social devient la vraie perspective politique. Il est certainement possible d’imposer des reculs à cet exécutif très affaibli. Mais au-delà, l’affrontement social est la seule voie pour chasser Macron et changer de régime. La discussion sur la manière d’imposer une assemblée constituante, que L’APRÈS est de fait en train d’engager dans ses rangs et vers le NFP, est l’alternative à la cassure du NFP au nom de la soi-disant exigence de démission de Macron.

Unité, lutte sociale et constituante sont donc les maîtres mots du moment politique qui commence et qui, on le sait, ne durera pas des lustres.

Le 14/12/2024.

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