Syrie: Human Rights Watch identifie des victimes des photos de «César»
Le minutieux travail d’authentification réalisé par l’organisation Human Rights Watch a abouti à un rapport accablant pour le régime syrien. Ce rapport précise les actes de tortures perpétrés sur les détenus. Il permet également d’identifier une partie des victimes, dont quelque 53 000 photographies ont été révélées par César en 2014.
L’opération César, révélée dès janvier 2014, est tirée du nom de ce photographe légiste militaire qui est parvenu à exfiltrer de Syrie 53 000 photos effroyables de corps torturés. Le régime de Damas a veillé à répertorier et à archiver tous ces cadavres de détenus. Une véritable comptabilité de l’horreur. Human Rights Watch a étudié 28 707 clichés et a mené une enquête pour retrouver les familles de ces victimes.
Il aura fallu neuf mois de travail acharné, pour parvenir à ce résultat. Selon Human Rights Watch, les photos rassemblées dans le dossier César constituent une preuve accablante et irréfutable des crimes contre l’humanité perpétrés dans les geôles syriennes, par le régime de Bachar el-Assad.
→ Lire le rapport : « Si les morts pouvaient parler »(en anglais)
Ce travail a été mené avec des médecins légistes, qui ont pu identifier les actes de tortures et les mauvais traitements infligés aux détenus. Il a été mené également avec des familles syriennes et d’anciens détenus pour tenter d’identifier les victimes dont les
On a retrouvé des gens qui étaient avec eux en détention. Et qui, dans certains cas, les ont vu mourir, être torturés ou en mauvaise santé. On donne un visage, une voix, une histoire à ces photo
Nadim Houry
Sami Boukhelifa
visages ont été transformés par la faim et la torture. Vingt-sept victimes sur les milliers recensées dans le dossier ont été formellement identifiées. Nadim Houry, responsable Afrique du Nord et Moyen-Orient à Human Rights Watch, explique l’intérêt qui réside das la sortie de cette nouvelle enquête : « Quand les photos sont sorties, il y avait eu un rapport de trois juristes internationaux qui avaient analysé les photos. Mais ce qui n’avait pas été fait à ce moment-là, c’est qu’il n’y avait pas eu d’enquête avec d’autres déserteurs qui puissent compléter le témoignage de César. Il n’y avait pas eu notamment d’identification des gens qui figurent dans ces photos. Et ceci avait mené le gouvernement syrien, mais aussi le gouvernement russe, à dire « mais on ne sait pas exactement qui sont ces gens-là, on ne sait pas exactement s’ils sont morts à cause de la détention par le gouvernement ou par les groupes armés. » »
En recoupant les récits de détenus, et le peu d’informations recueillies par les familles, l’organisation Human Rights Watch s’est employée à reconstituer le calvaire, et les circonstances de la mort de chacun de ces détenus. « Aujourd’hui, les preuves que l’on présente dans le rapport sont accablantes. On sait exactement où ces gens sont morts. On décrit en grands détails la structure qui était mise en place pour transférer les corps. On a parlé à des gens qui étaient en détention et qui ont vu des gens mourir avec eux dans la cellule, notamment d’anciens médecins qui nous ont décrit les causes des décès. A l’été 2012, il y avait parfois dans une cellule cinq ou six personnes qui mouraient en une journée. »
En conclusion, l’ONG demande que les responsables de ces tortures puissent répondre de leur crime. Et que des observateurs extérieurs puissent accéder immédiatement aux centres de détention où des milliers de personnes sont toujours détenus actuellement.
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