Exemple de solidarité internationaliste en Russie même.

Antoine Montpellier

Dédié à l’extrême gauche française (1) et internationale qui se positionnent contre la lutte de libération nationale par la résistance armée de l’Ukraine.

Ruslan Sidiki, un anarchiste au combat.
Ruslan Sidiki est arrêté en décembre 2023 par le FSB. Il a alors 36 ans. Il est anarchiste et électricien. Il est actuellement en détention provisoire et risque la prison à perpétuité. Le journal russe d’opposition, Mediazona, a publié un recueil de ses lettres où il explique comment et pourquoi il est devenu saboteur.
Né à Ryazan, en Russie, il passe sa jeunesse en Italie avec sa mère, qui est de nationalité italienne. Possédant la double nationalité, il se rend cependant souvent dans sa ville natale où il s’installe après avoir été embauché comme électricien.
Jusqu’en 2008, écrit-il, « la vie était plutôt agréable ». Avant l’annexion de la Crimée et le déclenchement de la guerre dans l’est de l’Ukraine, il passe souvent la frontière ukrainienne en pratiquant la randonnée. Le jour où la Russie a lancé son invasion à grande échelle de l’Ukraine, Ruslan se souvient d’avoir ressenti un immense sentiment d’impuissance. « J’ai vu passer des trains chargés d’équipements militaires et le désespoir m’a donné envie de mordre dans les canons », écrit-il. Convaincu que la résistance armée est la seule option, il décide d’agir. Le gouvernement russe, estime-t-il, avait « supprimé tous les moyens pacifiques d’influencer la situation ». En effet, tous ceux qui s’expriment contre la guerre étant qualifiés de traître, écrit-il, « il n’est pas surprenant que certaines personnes préfèrent quitter le pays tandis que d’autres se tournent vers les explosifs. »
La base aérienne de Dyagilevo est à une dizaine de kilomètres de chez lui. Ce sera sa cible. Il s’est ainsi rendu compte que le bourdonnement des avions au-dessus de Riazan coïncidait souvent avec les rapports sur les frappes aériennes russes en Ukraine. Il fait part de son idée à un « camarade ukrainien » qui le met en contact avec quelqu’un qui a du « savoir-faire » en ce domaine ».
Après un séjour en Lettonie pour se familiariser avec les explosifs et les techniques de sabotage, Ruslan passe à l’action en juillet 2023. Il utilise trois drones équipés d’une fonction de lancement différé. Seul un d’entre eux parviendra à destination.
Quelques mois plus tard, il va changer de mode opératoire et d’objectifs : les voies ferrées dans la région de Riazan par où transitent les approvisionnements militaires. Elles sont plus difficiles à protéger et plus faciles d’accès. Il fabrique deux bombes et un émetteur vidéo doté d’un mécanisme d’autodestruction. En novembre 2023, il se rend à vélo sur le lieu du sabotage, place les explosifs, ainsi qu’une caméra pour filmer le moment de la détonation. Le lendemain à l’aube, après s’être assuré que le train ne transportait pas de passagers, il déclenche les bombes à distance. Dix-neuf wagons de marchandises déraillent.
Ruslan est arrêté trois semaines plus tard. Il a été identifié par une caméra de surveillance qu’il n’a pas réussi à éviter. Il sera battu et torturé à l’électricité.
Il se considère comme un prisonnier de guerre plutôt que comme un prisonnier politique car, dit-il, « son action s’inscrit dans le cadre du conflit entre la Russie et l’Ukraine ». Il précise : « Mes actions relèvent de la définition du “sabotage” et non du “terrorisme”. Je n n’ai jamais eu l’intention de terroriser la population civile, mon but était de détruire des avions et des voies ferrées servant à la guerre».
(Source: Mediazona et The Kyiv Independent)
Transmis par Patrick S du RESU.
(1) LO, POID et POI, NPA-R à ne pas confondre avec le NPA-A qui, membre du RESU*, est actif dans la solidarité avec les Ukrainien.ne.s.
Lu sur Meduza :
« L’anarchiste Rouslan Sidiki est accusé d’avoir attaqué l’aérodrome militaire de Dyagilevo et d’avoir fait exploser un train de marchandises dans la région de Riazan, près de Moscou. Bien que Sidiki reconnaisse son rôle dans ces incidents, citant son intention de perturber l’infrastructure militaire, il affirme que d’autres aveux ont été obtenus sous la contrainte au moyen de tactiques d’interrogatoire brutales. Dans un récit poignant envoyé la semaine dernière à la commission d’enquête russe, M. Sidiki décrit les chocs électriques, les coups violents et les menaces de violences sexuelles qu’il a subis après son arrestation. Il affirme que les forces de sécurité l’ont menacé avec des pinces, menaçant de « décoller la peau de ses parties génitales », et l’ont mis en garde contre le viol à l’aide de « divers objets ». Mediazona publie le récit complet de Rouslan Sidiki. »
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