Les travaux de l’A69 annulés

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Bon Pote <thomas@bonpote.com>

C’est historique : les travaux de l’autoroute A69 sont annulés. C’est la première fois en France que des travaux de cette envergure sont annulés, et cela aura de potentielles conséquences pour tous les projets à venir.

Après un entêtement sans précédent, un refus de prendre en compte les travaux scientifiques et les sondages de la population locale qui ne souhaitait pas de cette autoroute, l’aberration écologique et sociale que représente cette autoroute est enfin arrêtée.

C’est un énorme revers politique pour le gouvernement Macron. L’Etat a par ailleurs fait appel de la décision. Retour sur les enchaînements et rebondissements de l’autoroute A69.

Une décision historique

Les décisions juridiques se sont enchainées et il est parfois difficile de tout suivre. A l’été 2023, plusieurs préfets avaient accordé l’autorisation environnementale pour le chantier.

A la suite de cela, les associations ont multiplié les référés, l’un des principaux moyens permettant une décision rapide afin d’arrêter les travaux. Aucun n’avait été retenu, jusqu’à ce que la Rapporteuse publique se prononce pour une annulation de l’autorisation environnementale pour le chantier le 25 novembre 2024, ce qui pouvait entraîner la suspension des travaux si le juge le confirmait.

Le 9 décembre 2024, au lieu de rendre sa décision sur les autorisations environnementales, le Tribunal administratif (TA) de Toulouse avait rouvert l’instruction, dans l’intérêt d’une “bonne justice”. Les travaux ont alors continué…

Un autre référé-suspension a été introduit en février 2025 pour suspendre les travaux en attendant la décision au fond, rejeté lui aussi, précise Dorian Guinard pour Bon Pote.

L’ultime rebondissement a été rendu par jugement le 27 février 2025. Le tribunal administratif de Toulouse a annulé les projets d’autoroute A69 et d’élargissement de l’autoroute A680, qui avaient été autorisés par les préfets de la Haute-Garonne et du Tarn en mars 2023 :

Décision du TA de Toulouse sur l'autoroute A69

Le TA de Toulouse a donc annulé l’autorisation environnementale de ce projet car la dérogation espèces protégées est illégale : elle ne mobilise pas de raison impérative d’intérêt public majeur, ni dans sa dimension économique, ni dans sa dimension sociale, ni dans sa dimension sécurité publique, précise Dorian Guinard.

“En effet, au vu des bénéfices très limités qu’auront ces projets pour le territoire et ses habitants, il n’est pas possible de déroger aux règles de protection de l’environnement et des espèces protégées.”

Le recours de l’Etat ne peut à lui seul suspendre la décision de suspendre les travaux de l’A69. Cette fois-ci, les travaux sont bel et bien arrêtés.

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Les défenseurs de l’A69 continuent les mensonges…

Les réactions politiques ne se sont pas faites attendre. Si les partis de gauche et écologistes se félicitent de la décision, c’est le silence complet du côté du gouvernement et de la majorité présidentielle. Quant aux partis de droite et d’extrême droite, sans surprise, ils indiquent que cette décision est “lunaire”, “incroyable”, une “folie”, etc.

Retour de Jean-Pierre Grand sur la décision A69
Copie d’écran Twitter

Dans la mesure où l’Etat fait appel de la décision, plusieurs politiques locaux et de droite souhaitent continuer la bataille juridique… à l’instar de Jean Terlier, député du Tarn, qui déclare sur X qu’il fera tout ce qu’il peut pour terminer cette autoroute parce qu’elle est “vitale” pour le territoire.

Il est très intéressant de lire les arguments des défenseurs de l’autoroute A69 et de vérifier à quel point aucun n’est valable. L’un des plus utilisés, le désenclavement. Et bien le Tribunal administratif a rendu un avis sur ce point précis :

Tout d’abord, sur la nécessité de « désenclaver » le bassin Castres-Mazamet, le tribunal observe, sur la base des données INSEE, que le territoire ne présente ni un décrochage démographique, en comparaison des autres bassins situés aux alentours de Toulouse, ni un décrochage économique, dès lors que l’agglomération dispose, notamment, de tous les services des gammes de proximité et intermédiaire, d’un centre hospitalier, de formations universitaires, d’un aéroport reliant la ville à Paris et d’une gare offrant un service de liaisons quotidiennes avec la métropole toulousaine.

L’activisme paye

Il a fallu un combat de plusieurs années pour que les travaux soient arrêtés. Il a fallu que plusieurs personnes mettent leur vie en danger, notamment via des grèves de la faim, pour que le gouvernement Macron et les élus locaux comme Carole Delga daignent tendre l’oreille.

L’arrêt des travaux n’a été possible que grâce à l’engagement de toutes et tous : activistes, scientifiques, associations, juristes, etc. Quand ces personnes travaillent ensemble, des victoires politiques sont possibles. Une leçon à retenir et un signal lancé pour tous les projets écocides de France, tous les projets d’autoroute et d’agrandissement d’aéroports qui sont à rebours de nos objectifs climatiques.

Si le combat juridique est loin d’être fini, il faudra se rappeler la façon avec laquelle le gouvernement Macron a comparé à des éco-terroristes les scientifiques et familles venus sur place assister pacifiquement aux manifestations légales. Rien ne sera épargné aux défenseurs de l’environnement.

Enfin, concernant l’argument des 300 millions déjà engagés sur le projet de l’A69, une seule question : combien les Français vont-ils payer les conséquences de décisions politiques écocides à cause du déni du réchauffement climatique et de l’effondrement de la biodiversité ?

Ce champ est nécessaire.

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