
Cette journée internationale des droits des femmes est pour nous l’occasion de rappeler une vérité élémentaire :
Les femmes migrantes présentes en France ne demandent qu’à vivre dignement, en occupant un emploi qui leur permettra de se loger et de mener une vie paisible, en toute autonomie.
Mais pour le ministre de l’Intérieur, et à fortiori le gouvernement, cette requête est tout à fait inacceptable. Comme si la loi asile et immigration de 2024, l’une des plus restrictives jamais adoptée, ne suffisait plus pour durcir la vie des femmes migrantes, la circulaire Retailleau vient d’être mise en application.
➜ Désormais, la régularisation via l’exercice d’un emploi faisant partie de la liste officielle des métiers en tension devient LA norme, aux dépens d’une régularisation qui serait rendue possible par l’exercice de tout type d’activité professionnelle.
Ce nouveau texte va une fois de plus fragiliser le quotidien des femmes migrantes. Surreprésentées dans des métiers pourvus sans passer par France Travail, peu rémunérateurs et parfois non déclarés (assistantes auprès d’enfants, par exemple), la situation particulière des travailleuses sans-papiers n’est pas appréhendée par les textes de loi.
Par ailleurs, la voie de régularisation par les métiers en tension reste précaire (parce qu’elle débouche sur une carte de séjour qui n’est que temporaire ou valable qu’un an), est expérimentale puisque qu’elle prend fin en décembre 2026 et cynique car la loi asile et immigration de 2024 est venue alourdir les sanctions réservées aux employeurs en cas d’emploi de personnes étrangères sans autorisation de travail.
Déjà doublement discriminées en tant que femmes et en tant qu’étrangères, sans possibilité de faire valoir ni leurs droits ni leurs diplômes, les femmes migrantes risquent de subir encore plus de situations d’exploitation.
Les mesures injustes et dangereuses contenues dans la circulaire Retailleau ne s’arrêtent pas là.
➜ Pour être régularisées, les personnes étrangères devront entre autres justifier de 7 ans de présence sur le territoire français contre 5 ou 3 ans auparavant.
7 ans d’instabilité au cours desquels elles ne pourront bénéficier d’aucun statut, d’aucune protection sociale, d’un accès très restreint à leurs droits. 7 ans au cours desquels celles qui sont contraintes d’occuper un emploi non déclaré vivront la peur au ventre. 7 ans de vie dans un contexte de politique d’exclusion pour prouver leur insertion en France.
➜ Pour être régularisées, les personnes étrangères devront justifier d’une maîtrise de la langue française qui ne se cantonne plus à l’oralité, comme c’était le cas jusqu’à présent.
Cette approche restrictive qui évalue le niveau d’intégration à l’aune d’un diplôme français ou d’une certification linguistique est défavorable aux femmes étrangères. Ces dernières ont, systématiquement, des possibilités réduites de suivre des cours, lorsqu’elles sont victimes de violences conjugales, vivent en vase clos ou sous emprise. Sans compter le manque de temps à consacrer à l’apprentissage car elles s’occupent davantage de leurs enfants.
La réalité particulière des femmes n’est absolument pas prise en compte dans cette nouvelle circulaire qui va encore aggraver leur vulnérabilité.
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