Keith Kellog, émissaire de Trump auprès de Poutine, a déclaré après l’avoir rencontré que le bon plan serait de faire avec l’Ukraine une opération, dont il a précisé ensuite que ce ne serait soi-disant pas un partage, similaire à celui effectué sur … Berlin, en 1945 : à la Russie l’occupation définitive des territoires qu’elle occupe, terrorise, rançonne et torture ; aux troupes « européennes » mission de se poster à l’ouest du Dniepr ; aux seules troupes ukrainiennes la garde de la zone comprise entre le Dniepr et les territoires occupés.
On ne saurait mieux appeler de fait à la partition de l’Ukraine, à l’invasion russe de tout ce qui est à l’Est du Dniepr, tout en tendant un piège aux forces européennes supposées basées à l’Ouest de celui-ci. Les « propositions » du sieur Kellog, bon soldat impérialiste aujourd’hui trumpien, qui débuta en conseiller des troupes royales cambogiennes au temps de la guerre du Vietnam, sont dans une logique trumpo-poutinienne de partage immédiat de l’Ukraine en vue du partage ultérieur de l’Europe.
En effet, il faut les mettre en regard des déclarations récentes de Pete Hegseth, le suprémaciste blanc alcoolique et violeur, ministre des armées de Trump : expliquant que l’ennemi est la Chine et pas la Russie, et que les besoins immédiats de « défense » des États-Unis portent sur « l’étranger proche » (on remarquera l’emploi de cette formule brejnévo-poutinienne) qui va « du Groenland au Cap Horn en passant par Panama », il a annoncé le retrait rapide de la moitié (10 000 hommes) des troupes US stationnées, dans le cadre de l’OTAN, dans l’ancienne zone de domination soviétique, en vue de leur retrait total.
J.D. Vance, le vice-président, personnage clef du triumvirat au pouvoir à Washington, explique à qui veut l’entendre, depuis son fameux discours de Munich le 14 février dernier, que le « non-respect de la liberté d’expression » (sic) en Allemagne et en Europe occidentale mérite comme réponse l’arrêt de toute protection militaire américaine. Rappelons qu’il s’est fait le parrain de l’AfD, et que l’AfD a largement pris la place de Die Linke comme parti héritier de l’ex-RDA … et, la concernant, du III° Reich par la même occasion !
Ce serait toutefois un III° Reich riquiqui. Car, en mettant bout à bout l’ensemble de ces faits, on voit que l’orientation de l’Axe fasciste Trump/Poutine envers le continent européen est constituée pour ses trois premiers articles des objectifs suivants :
- 1) mort au peuple ukrainien ;
- 2) mort au peuple palestinien ;
- 3) déportez les migrants !
Elle remet en cause de plus en plus explicitement les acquis partiels des révolutions de 1989, chute du mur de Berlin et élections libres dans toute l’Europe centrale, et de 1991, indépendance officielle des 14 républiques non russes de l’ex-URSS. En même temps, ces contre-révolutionnaires sur toute la ligne, héritiers de Hitler, de Staline et des tsars, s’en prennent à TOUTES les conquêtes révolutionnaires : celles également de 1917 (révolutions russe, ukrainienne, finlandaise, géorgienne …), de 1789, de 1776 en Amérique, et les Lumières.
La partition de l’Ukraine, dénommée « paix en Ukraine », serait donc, dans le projet politique qui la sous-tend, dans sa dynamique militaro-politique et dans sa place dans la lutte globale des classes, la mise en branle de la partition de l’Europe, laquelle implique de réduire les impérialismes européens à la portion congrue. C’est en ce sens que le III° Reich en version AfD-Vance-Musk serait un III° Reich riquiqui, mais bien un III° Reich par son contenu barbare et inhumain.
Et cette partition de l’Europe, commencée en Ukraine et liée à l’expulsion des Palestiniens, s’insère, comme l’a dit Hegseth, dans une partition du monde dont le Groenland est la première épreuve de force, et qui ne conduira, ceci dit, à aucun partage durable, mais à la guerre mondiale.
Si l’on comprend cela – la globalité d’un projet d’abaissement total de l’Europe – on doit aussi comprendre que les formules fréquentes telles que « l’idée que la Russie pourrait attaquer l’Europe occidentale est hors de propos » ne sont pas prudentes. Car, répétons-le, la partition immédiate de l’Ukraine comme prélude à la partition ultérieure de l’Europe suppose nécessairement de “neutraliser” l’Europe occidentale. Et la guerre hybride de la Russie ET de l’administration de Washington a commencé contre elle.
Dans cette situation, le principal obstacle à la défense européenne vient de nos propres gouvernements, qui ne veulent pas « augmenter les impôts » et qui accréditent le mensonge, repris par les “pacifistes”, qu’il y aurait à choisir entre le “beurre” et “les canons” alors que les politiques antisociales et anti-écologiques sont les pires menaces pour la défense !
VP, le 12/04/2025.
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