
Ce lundi 14 avril, Katy Perry s’est envolée avec cinq autres femmes à bord de la capsule propulsée par la fusée New Shepard de Blue Origin, la société de Jeff Bezos. Après avoir atteint 106 km d’altitude, dépassant de peu la ligne de Karman définissant de manière conventionnelle la limite de l’espace (100 km), la capsule a atterri sans encombre.
A sa sortie de la capsule, face aux caméras, Katy a fait un bisou à la Terre. Les images ont été reprises dans les médias du monde entier.
On commence malheureusement à s’habituer à ce genre de spectacle. Durant l’été 2021, on a vu les milliardaires Richard Branson et Jeff Bezos jouer des coudes dans une course à l’espace grotesque, chacun participant au vol inaugural du véhicule de son entreprise respective, Virgin Galactic et Blue Origin. Pas plus tard que le 31 mars dernier, la société SpaceX d’Elon Musk a mis en orbite un milliardaire ayant fait fortune dans les cryptomonnaies accompagné de trois de ses invités, une mission cependant passée largement inaperçue en comparaison de celle de Katy.
Pour mémoire, déjà en 2001 le centi-millionnaire Dennis Tito était devenu le premier touriste de l’espace en passant quelques jours dans la Station Spatiale Internationale.

Rien de bien nouveau, donc, mais désormais, une véritable industrie du tourisme spatial est visée avec des centaines de vols annuels espérés, et en point de fuite, des objectifs grandioses : rendre l’espace accessible à tous pour Richard Branson, financer la colonisation de Mars et mettre en place des lignes pour voyager d’un point à un autre de la Terre en fusée pour Elon Musk, ou encore transférer l’humanité entière dans d’immenses vaisseaux spatiaux pour Jeff Bezos.
Mais revenons au vol de Katy : 10 minutes de frissons, 3 à 4 minutes d’apesanteur… et pour ça, combien de tonnes de CO2 ?
Impact du tourisme spatial sur le climat
Pour décrire l’empreinte carbone d’un touriste spatial, nous allons découper le cycle de vie d’une fusée en mettant pour l’instant de côté la phase de lancement, c’est-à-dire en ne s’intéressant d’abord qu’aux activités ayant lieu au sol.
Le cycle de vie d’une fusée jusqu’à son pas de tir
Pour avoir une fusée prête à décoller, il faut :
- La concevoir : c’est une phase généralement négligeable pour des produits traditionnels, mais qui pèse beaucoup plus pour les systèmes spatiaux, complexes et peu utilisés.
- La fabriquer, ce qui implique l’extraction et la transformation de matières premières mettant généralement en jeu des alliages et des procédés industriels de pointe.
- Transporter et assembler les différents composants de la fusée, parfois sur des milliers de kilomètres.
- Produire le carburant ET le comburant : c’est en effet une particularité majeure d’une fusée par rapport à un avion ou une voiture, elle doit également embarquer la substance brûlant avec le carburant, en général de l’oxygène liquéfié. Il existe différents types de carburant, citons ceux qui nous intéressent ici :
- Du kérosène, le plus utilisé dans l’industrie spatiale
- De l’hydrogène liquide, de moins en moins utilisé (non, ce n’est pas de l’hydrogène bas carbone, en tout cas pas encore – c’est bien le reformage du méthane, procédé très carboné, qui est utilisé dans l’industrie spatiale).
- Du méthane liquide, utilisé depuis peu
- Du polybutadiène hydroxytéléchélique (PBHT), plus rare
- Stocker le carburant et le comburant parfois à température cryogénique (ex : -253°C pour l’hydrogène, -183°C pour l’oxygène) en attendant leur chargement dans la fusée et son décollage.
- Remettre en état et éventuellement remplacer des composants après atterrissage dans le cas de fusées avec des parties réutilisables.
- Construire, opérer et faire la maintenance de nombreuses infrastructures : usines de fabrication et d’assemblage, pas de tir, centres de contrôle, etc.

Montage : Loïs Miraux
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