La « merdification »…

An illustration picture taken in London on December 18, 2020 shows the logos of Google, Apple, Facebook, Amazon and Microsoft displayed on a mobile phone and a laptop screen. (Photo by JUSTIN TALLIS / AFP)

La « merdification », ce processus inexorable de dégradation de la qualité des services sur les plateformes numériques

Bien sûr, le pourrissement des services existe au-delà des plateformes du Web. Mais il est si systémique dans ce secteur que le mot inventé par le journaliste canadien Cory Doctorow a tout de suite fait mouche sur les réseaux sociaux.

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Histoire d’une notion. A une époque qui semble désormais lointaine, aucun résultat « sponsorisé » n’apparaissait en tête de liste lors d’une recherche sur Google. Il était possible de trouver rapidement un utilisateur ou un contenu précis sur Instagram, grâce à un astucieux système de hashtags. Les vidéos mises en ligne sur YouTube n’étaient précédées ou interrompues par aucune publicité. N’importe quel abonné Netflix pouvait donner le mot de passe de son compte à ses proches, et visionner un film en même temps qu’eux. Mieux : un internaute utilisant un comparateur de vols comme Skyscanner pouvait réserver un trajet en avion sans voir le prix augmenter de façon aléatoire à chaque étape de la réservation.

Si cette dégradation de la qualité des services fournis par les plateformes numériques est longtemps restée sous les radars médiatiques, tout utilisateur en a fait l’expérience. Il ne manquait qu’un mot pour désigner ce processus apparemment inexorable de « pourrissement » des plateformes.

Lors de vacances en famille, alors qu’il bataille contre des publicités et des trackers (ces petits logiciels incorporés dans des applications mobiles) pour trouver l’adresse d’un restaurant sur le site TripAdvisor, l’activiste et journaliste canadien Cory Doctorow a l’idée d’un néologisme : « enshittification » en anglais, souvent traduit en français par « merdification » ou « emmerdification ». Partagée dans un post sur Twitter en 2022, la notion rencontre un succès immédiat auprès des utilisateurs anglophones, qui voient dans sa formulation un brin grossière matière à exprimer leur propre frustration.

« J’ai passé la plus grande partie de ma vie professionnelle à élaborer des mots, des blagues, des analogies et des stratégies pour attirer l’attention du grand public sur les effets des politiques du numérique », explique Cory Doctorow, ravi de voir ses efforts enfin récompensés. Sous ses airs frustes, le terme permet de saisir intuitivement les effets d’un phénomène à la fois nouveau et complexe.

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