
Aux États-Unis, l’arrestation filmée de l’étudiante propalestinienne Rumeysa Ozturk choque
Cette étudiante turque a été arrêtée mardi en pleine rue, à Somerville dans le Massachussets, près de son appartement.
ÉTATS-UNIS – C’est le dernier exemple en date de la volonté de l’administration Trump de museler le mouvement propalestinien sur les campus universitaires aux États-Unis. Mardi 25 mars, les autorités américaines ont arrêté et placé en détention une étudiante turque, dans une affaire devenue très médiatique après la diffusion d’une vidéo de l’arrestation.
Rumeysa Ozturk, de confession musulmane, se rendait chez des amis ce soir-là pour rompre son jeûne du ramadan, lorsqu’elle a été arrêtée en pleine rue par des agents du département de la Sécurité intérieure près de son appartement à Somerville, dans le Massachusetts.
Mercredi, un journaliste d’investigation, Daniel Boguslaw, a publié sur son compte X une vidéo où l’on voit l’étudiante encerclée, avant d’être menottée et emmener dans un véhicule.
Des registres de l’Immigration and Customs Enforcement (ICE, services de l’immigration) ont ensuite montré qu’une personne portant le nom de Rumeysa Ozturk était détenue dans un centre de détention en Louisiane mercredi, indique le New York Times.
Un article co-signé dans le journal universitaire Tufts Daily
Selon un document judiciaire consulté mercredi par l’AFP, l’étudiante a déposé une requête pour obtenir des autorités qu’elles expliquent sur quelles bases légales elles l’ont arrêtée. Aux termes de cette requête, un juge a décidé qu’elle ne pouvait pas être légalement transférée en dehors de l’État du Massachusetts, où elle étudie à l’université Tufts et aspire au doctorat.
L’avocate de la jeune femme a pour sa part souligné que son visa était valide, mais un communiqué du département de la Sécurité intérieure obtenu par le New York Times a précisé que Rumeysa Ozturk s’est « engagée dans des activités de soutien » au Hamas, en faisant un « motif pour mettre fin à son visa ». De son côté, l’université a reçu l’information selon laquelle son visa avait pris fin.
Rumeysa Ozturk a co-signé en mars 2024 un article dans son journal universitaire, le Tufts Daily, critiquant la façon dont son établissement gérait le mouvement de contestation contre la guerre menée par Israël à Gaza.
Comme le rapporte le New York Times, Tricia McLaughlin, porte-parole du ministère de la Sécurité intérieure, a déclaré que l’étudiante avait été arrêtée en vertu d’une disposition rarement utilisée de la loi sur l’immigration et la nationalité. Celle-ci prévoit que le secrétaire d’État peut engager une procédure d’expulsion contre tout ressortissant étranger dont la présence aux États-Unis est considérée comme une menace pour les intérêts de la politique étrangère du pays.
L’administration Trump l’utilise également pour tenter d’expulser Mahmoud Khalil. La police fédérale de l’immigration avait arrêté début mars cette figure des manifestations propalestiniennes à Columbia, un détenteur de la carte verte de résident permanent que le gouvernement veut expulser coûte que coûte. Une manœuvre contestée en justice et qui suscite un vif émoi aux États-Unis, notamment parmi les défenseurs de la liberté d’expression.
Manifestation de soutien à Somerville
« L’administration Trump s’en prend une par une aux personnes pour des discours qu’ils n’aiment pas. Rumeysa Ozturk, boursière, a été prise en embuscade dans la rue pour avoir critiqué la politique étrangère américaine. Il ne s’agit pas de contrôle de l’immigration. C’est de la répression politique. Elle doit être libérée immédiatement », a réagi sur X l’élue démocrate de l’État de New York Nydia Velazquez.
« C’est de l’autoritarisme, et nous ne le laisserons pas faire », a lui tonné sur le même réseau social le sénateur démocrate du Massachusetts Ed Markey.
Mercredi, des centaines de personnes se sont rassemblées à Somerville pour exiger la libération et le retour de Rumeysa Ozturk sur son campus.
Depuis son retour à la Maison Blanche, Donald Trump a pris en grippe les grandes universités accusées de laisser prospérer sur leurs campus des manifestations propalestiniennes qu’il juge relever de l’antisémitisme.
Le cas le plus emblématique, ces dernières semaines, est celui de la prestigieuse université new-yorkaise de Columbia, que le président américain accuse de laxisme et de ne pas suffisamment protéger les étudiants juifs sur le campus. Son gouvernement a pour l’heure coupé 400 millions de dollars de subventions fédérales à l’université pour la faire plier et menacé les autres établissements de renom comme Harvard ou Stanford de subir le même sort s’ils ne suivent pas ses directives.
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