Un jeune musulman sauvagement tué à coups de couteau dans une mosquée du Gard

LR: Une jeune fille tuée à coups de couteau dans un établissement catholique nantais, on précise le nombre de coups portée, pour mieux dénoncer la barbarie, deux ministres se déplacent. Un jeune homme tué à coups de couteau dans la mosquée d’une cité ouvrière, aucun déplacement… On cite comme coupable un co-religionaire musulman et on ne précise pas le nombre de coups de couteaux… Notre presse…

Le meurtrier a filmé la victime agonisante et évoqué « Allah de merde », a indiqué le procureur de la République d’Alès, démentant la thèse évoquée la veille d’une agression entre fidèles. L’homme est toujours en fuite.

Yann Philippin

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Le bourg de La Grand-Combe, près d’Alès (Gard), est sous le choc après un meurtre d’une grande violence commis à l’intérieur de la mosquée Khadidja. Vendredi, vers 8 heures du matin, un homme a pénétré à l’intérieur de l’édifice religieux et a tué un jeune fidèle en lui assénant plusieurs dizaines de coups de couteau.

Le meurtrier a filmé avec son téléphone portable sa victime agonisante en insultant Allah. « Je l’ai fait […], ton Allah de merde », lâche-t-il à deux reprises dans la vidéo, selon Le Parisien et l’AFP. « Je vais être arrêté, c’est sûr », a ensuite lancé l’homme en s’apercevant qu’il était filmé par les caméras de vidéosurveillance.

Le meurtrier était toujours en fuite samedi en fin d’après-midi et activement recherché par les enquêteurs de la police judiciaire, du groupement de gendarmerie du Gard et de la section de recherches de Nîmes.

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Les enquêteurs devant la mosquée Khadidja de La Grand-Combe (Gard), le 25 avril 2025. © Sylvain Thomas / AFP

Le procureur de la République d’Alès, Abdelkrim Grini, chargé de l’enquête, a indiqué à l’AFP que « toutes les pistes étaient envisagées, dont celle d’un acte à dimension islamophobe », précisant que le Parquet national antiterroriste (Pnat) était « en évaluation » de ce dossier pour éventuellement s’en saisir. « C’est une affaire prise très au sérieux, les faits sont très graves », a-t-il insisté.

Vendredi, le procureur avait déclaré que le meurtrier était un autre fidèle de la mosquée, alors que ce n’était pas le cas. Selon l’AFP, les enquêteurs ont réussi à identifier samedi l’auteur des coups de couteau, un homme de nationalité française qui serait d’origine bosniaque et ne serait pas musulman.

Pas de déplacement du ministre

Dans un message publié sur le réseau social X, le ministre de l’intérieur, Bruno Retailleau, également chargé des cultes, a qualifié cet événement d’« épouvantable » et exprimé son « soutien à la famille de la victime et [s]a solidarité à la communauté musulmane touchée par cette violence barbare, dans son lieu de culte, le jour de la grande prière ».

Le ministre n’a toutefois pas jugé utile de bouleverser son agenda pour se rendre sur place : Bruno Retailleau animait vendredi en Savoie un meeting de campagne dans le cadre de l’élection du président de son parti, Les Républicains (LR).

La victime, Aboubacar, est un jeune homme âgé d’un peu plus de 20 ans, de nationalité malienne, qui vivait dans le quartier de Trescol, voisin de la mosquée Khadidja. Vendredi matin, ce fidèle, habitué des lieux, était dans l’édifice religieux pour faire le ménage avant la prière du vendredi.

Je suis choquée et sidérée par cet acte extrêmement violent, commis contre un jeune homme paisible que l’on voyait tous déambuler dans la commune.

Laurence Baldit, maire de La Grand-Combe

Selon le quotidien régional Midi libre, qui a pu consulter les images de vidéosurveillance de la mosquée, les caméras ont intégralement capté la scène de ce meurtre d’une rare violence.

On y voit Aboubacar passer la serpillère. Peu avant 8 heures, pénètre dans la mosquée un autre homme manifestement étranger aux coutumes de l’islam, n’ayant pas enlevé ses chaussures en entrant. Il discute brièvement avec Aboubacar, ressort fumer une cigarette et retourne dans la mosquée.

Toujours selon Midi libre, Aboubacar emmène alors l’homme dans la salle de prières. Mais au moment de s’agenouiller pour prier, le meurtrier sort un large couteau et assène à Aboubacar plusieurs dizaines de coups sur l’ensemble du corps, s’acharnant sur le jeune homme alors même qu’il s’est écroulé sur le tapis. Puis l’agresseur sort son téléphone portable pour prendre des images, parfois en gros plan, de sa victime.

« [Aboubacar] était un fidèle de notre mosquée, ce matin il venait juste y faire le ménage », a témoigné vendredi auprès de Midi libre le président de la mosquée, Salim Touazi, ajoutant que le meurtrier était inconnu de la communauté musulmane de La Grand-Combe. « Il est juste venu pour tuer, tuer n’importe qui », a dénoncé Salim Touazi.

« Je suis choquée et sidérée par cet acte extrêmement violent, commis contre un jeune homme paisible que l’on voyait tous déambuler dans la commune, réagit auprès de Mediapart la maire communiste de La Grand-Combe, Laurence Baldit. C’est d’autant plus violent que ça s’est passé dans un lieu de culte, ce qui jette beaucoup de trouble sur cet acte. »

Aboubacar, qui avait obtenu un CAP de maçonnerie, était apprécié dans cette ancienne cité minière de 5 000 habitant·es, située à une dizaine de kilomètres d’Alès et frappée par un fort taux de chômage. « Il était attentionné, poli et agréable. Il était aimé de tous. Par ce post, j’aimerais que tout le monde ait une pensée ce soir pour lui… Personne ne mérite de finir ainsi ! », a réagi un habitant sur Facebook. « [Il était] très aimable, poli, [disait] toujours bonjour, il jouait de temps en temps avec mes enfants au ballon », a ajouté une habitante.

Selon Midi libre, des habitants de La Grand-Combe s’organisent pour collecter de l’argent afin de rapatrier le corps d’Aboubacar auprès de sa famille, au Mali.

Selon un message diffusé sur WhatsApp, une marche blanche est prévue ce dimanche à 14 h 30 entre la mosquée Khadidja et la mairie, avec pour mot d’ordre « justice pour Bouba ». L’appel à défiler demande aux participant·es de « rester calmes et respectueux, car Bouba était un homme paisible, pieux et digne, et il n’aurait pas apprécié que son hommage soit entaché de cris et de débordements ».

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