
Le Premier Ministre slovaque Robert Fico sera le seul dirigeant de l’UE à Moscou ce 9 mai. Mais d’autres chefs européens seront là pour marquer leurs liens avec Poutine.
RUSSIE – Une cérémonie éminemment politique. Plus d’une vingtaine de dirigeants étrangers assistent ce vendredi 9 mai à Moscou aux commémorations des 80 ans de la victoire sur l’Allemagne nazie, couronnées par une parade militaire sur la place Rouge. Parmi les invités figurent des partenaires habituels de Vladimir Poutine, comme le leader chinois Xi Jinping, le président brésilien Lula ou encore le Vénézuélien Nicolás Maduro. Mais on y retrouvera également des dirigeants du continent européen. Et même un de l’Union européenne, qui a bravé les avertissements de Bruxelles : le Premier Ministre slovaque Robert Fico.
Ce dernier est un récidiviste des provocations envers l’UE. Nommé en octobre 2023 à la tête du pays de 5,4 millions d’habitants, Robert Fico s’était déjà rendu à Moscou fin 2024 pour discuter des livraisons de gaz russe avec Vladimir Poutine, alors que l’UE tente par tous les moyens de rompre les ponts avec la Russie en matière d’approvisionnement énergétique.
Reprenant fréquemment le narratif du Kremlin sur la responsabilité de l’Ukraine dans la guerre, il ne s’est jamais rendu à Kiev depuis le début du conflit et a mis fin à toute aide militaire au voisin ukrainien. En plus de ne cesser d’attaquer Volodymyr Zelensky, « un comédien qui ment comme il respire » et qui « a besoin de cette guerre » pour garder son poste, assénait-il.
Viktor Orbán absent
« Effectuer le voyage [à Moscou] ne serait pas conforme aux valeurs de l’UE », avait pourtant averti la cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas, le 14 avril dernier. « Ce qui a été discuté très clairement, et dit par différents États membres, c’est que toute participation aux défilés ou aux célébrations du 9 mai à Moscou ne sera pas prise à la légère du côté européen », avait-elle poursuivi. « Personne ne peut m’ordonner où aller ou ne pas aller […] Je vais aux commémorations, un point c’est tout », lui avait répliqué Robert Fico.
Du côté français, le ministre chargé de l’Europe a également vivement réagi à la présence du Premier Ministre slovaque à Moscou ce vendredi, affirmant au micro de RTL que « ce n’est pas la place aujourd’hui d’un dirigeant européen d’être à Moscou ». Interrogé sur la possibilité de sanctionner Robert Fico, Benjamin Haddad a néanmoins souligné que « chaque état est souverain, et en particulier sur les questions de politique étrangère et de défense ».
Il faut dire que même le dirigeant hongrois Viktor Orbán, d’habitude peu scrupuleux à provoquer très directement les institutions européennes et à mettre en image sa proximité avec Vladimir Poutine, a refusé l’invitation du Kremlin pour ces commémorations.
Le double jeu de la Serbie
Si le dirigeant slovaque se démarque comme le seul membre des 27 à faire le voyage à Moscou, la présence d’autres dirigeants européens hors-UE pose également question à Bruxelles. À commencer par la venue du président serbe Aleksandar Vučić, dont le pays est officiellement candidat à l’entrée dans l’UE depuis 2012.
Celui qui dirige la Serbie depuis 2012 joue l’équilibriste entre ses affinités russes et aspirations européennes. Lui qui ne s’était plus rendu en Russie depuis le début de l’offensive russe en Ukraine en février 2022 doit profiter de sa venue à Moscou pour avoir un entretien avec Vladimir Poutine. Son pays partage également des liens économiques, militaires et énergétiques forts avec la Russie.
Pour autant, il avait répété le 1er mai que la Serbie se trouvait « sur la voie européenne » et ne la quitterait pas. « Je suis prêt à subir toute sorte de punitions, de sanctions, tout ce qu’ils veulent. La parole que j’ai donnée vaut quelque chose », avait-il affirmé.
À noter enfin la venue d’autres dirigeants européens, notamment le Premier Ministre arménien Nikol Pachinian, alors que les relations entre Erevan et Moscou sont loin d’être à leur beau fixe depuis le conflit au Haut-Karabakh, où l’Arménie estime avoir été abandonnée par la Russie. Ou encore le président des Serbes de Bosnie Milorad Dodik, recherché par la justice bosnienne, ou les dirigeants de deux territoires séparatistes prorusses de Géorgie non reconnus par la communauté internationale, l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud. Dis-moi qui sont tes amis, je te dirai qui tu es.
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