Les Gilets jaunes prennent la manœuvre pour une tentative d’intimidation. La police parle communication.
Karim Boudjema se sait fiché. Ancien syndicaliste qui a défendu ses collègues dans les conflits et lors de la fermeture qui a touché le centre d’appels Transcom, au parc Gouraud il y a un peu moins de 10 ans, ce Soissonnais est toujours aussi engagé et se dit « sympathisant de la cause des Gilets jaunes ». Mais dans ses anciens combats syndicaux, il n’a jamais vécu ce qui s’est produit jeudi 17 octobre, reprend L’Union.
Deux policiers ont sonné à la porte de son domicile et lui ont notifié l’arrêté d’interdiction de manifester du préfet. Les « deux policiers, très courtois », l’ont invité à signer un papier. L’intéressé s’est exécuté mais dénonce « une tentative d’intimidation et un coup de pression ».
Administrateur d’une page Facebook « infos Gilets jaunes Soissons », il relaie des informations locales et nationales sur le mouvement des Gilets jaunes mais aussi sur ceux des pompiers, par exemple. « Jamais je n’appelle à troubler l’ordre public et surtout, en dehors du 17 et 24 novembre et d’une fois cet été, je ne manifeste pas à Soissons et je ne porte jamais le gilet jaune. »
« On fait cela pour que l’information circule dans la communauté des Gilets jaunes. Ce n’est pas une sanction »
D’autres Soissonnais membres du mouvement se sont déjà vus notifier à leur domicile les arrêtés préfectoraux d’interdiction de manifester. Karim Boudjemaa trouve la démarche inadmissible : « Je suis dans un pays démocratique. En venant à mon domicile, c’est ma liberté d’opinion qu’on essaie d’atteindre. »
Le commissaire de police Emmanuel Libeyre, à l’initiative de cette démarche, précise : « On fait cela pour que l’information circule dans la communauté des Gilets jaunes. Ce n’est pas une sanction, c’est la notification d’une décision administrative. Quand il y a des organisateurs déclarés de manifestations, on les convoque pour leur notifier l’interdiction. Pour les Gilets jaunes, il n’y en a pas, donc on s’adresse à des gens qui sont régulièrement sur les ronds-points. Comme la plupart d’entre eux sont beaucoup sur les réseaux sociaux, ils peuvent la relayer ». Selon le patron des policiers, trois ou quatre personnes différentes se voient notifier les interdictions de manifester chaque semaine. Cela vient en complément de l’affichage des arrêtés préfectoraux sur les ronds-points, et de leur diffusion dans la presse.
« Certains étaient offusqués de signer et disaient « je ne suis pas responsable », poursuit Emmanuel Libeyre. On ne leur demande pas d’être responsables, mais de faire circuler l’information. »
Poster un Commentaire