Le fil du jour. Trois sites « dévastés » selon les États-Unis, l’Iran promet de se « défendre »

Les États-Unis affirment avoir « dévasté » dimanche trois sites névralgiques du programme nucléaire iranien. Le Conseil de sécurité de l’ONU se réunit dimanche soir. Les Européens, impuissants, appellent à la « désescalade ».

Samedi, les avions bombardiers B-2 se sont approchés. Quelques heures plus tard, le président des États-Unis a finalement décidé de s’engager dans la guerre déclenchée il y a dix jours par le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou contre l’Iran. Donald Trump a annoncé que son pays a bombardé les trois sites nucléaires iranien de Natanz, Ispahan et Fordo dans la nuit de samedi à dimanche 22 juin.

Quelques heures plus tard, la télévision d’État iranienne a fait état du tir de 30 missiles sur Israël, où 16 blessé·es ont été recensé·es par les services de secours israéliens.

« Ce soir, je peux annoncer au monde que ces frappes ont été un succès militaire spectaculaire, a précisé le président des États-Unis qui a agi sans autorisation du Congrès. Les principales installations d’enrichissement nucléaire de l’Iran ont été complètement et totalement détruites. »

Le programme nucléaire iranien est « dévasté », a dit dimanche le ministre de la défense Pete Hegseth, précisant que les frappes ne visaient pas « un changement de régime ». Sept bombardiers furtifs B-2 ont mené ces raids, contre lesquels, a-t-il dit, la défense aérienne iranienne n’a pas réagi.

Donald Trump, qui parle de l’Iran comme du « caïd du Moyen-Orient », avait déclaré jeudi 19 juin se donner « deux semaines » pour décider d’une participation à la guerre. C’est finalement deux jours plus tard que les États-Unis ont lancé une offensive brutale et coordonnée. « Notre objectif était de détruire la capacité d’enrichissement nucléaire de l’Iran et de mettre un terme à la menace nucléaire posée par l’État qui est le premier soutien mondial du terrorisme », a-t-il appuyé.

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Donald Trump annonce le bombardement des sites iraniens, le 21 juin 2025. © Carlos Barria / Pool / AFP

Une réunion de l’AIEA lundi

Le directeur de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a annoncé une « réunion d’urgence » lundi après les frappes américaines contre trois sites nucléaires iraniens, estimant impossible, à ce stade, d’évaluer l’étendue des dégâts.

« Compte tenu de la situation en Iran, je convoque une réunion d’urgence du conseil des gouverneurs pour demain », a écrit Rafael Grossi dimanche sur X. La rencontre débutera à 10 heures (8 heures GMT) au siège de l’instance onusienne à Vienne, en Autriche.

Les États-Unis ont pris pour cibles trois sites nucléaires, dont Fordo, une usine d’enrichissement d’uranium enfouie à 90 mètres sous une montagne. « Il existe des indications claires d’impacts », a déclaré M. Grossi sur la chaîne américaine CNN, se basant sur des images satellitaires et « la connaissance approfondie » du site de Fordo, régulièrement inspecté par le personnel de l’Agence.

« Mais en ce qui concerne l’évaluation de l’ampleur des dégâts souterrains, nous ne pouvons nous prononcer : ceux-ci peuvent être importants, voire considérables. Mais personne, ni nous, ni personne d’autre, n’est en mesure de vous dire leur étendue », a-t-il ajouté, espérant que ses inspecteurs « pourront retourner sur place dès que possible ».

Extrêmement « protégé », Fordo dispose en outre « de sources d’approvisionnement électrique indépendantes, et peut-être même de générateurs de secours »« On ne peut donc pas automatiquement affirmer que l’absence d’alimentation électrique externe ait pu endommager » les centrifugeuses présentes, ces machines volumineuses et coûteuses utilisées pour enrichir l’uranium, selon le chef de l’AIEA.

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Des images satellitaires montrent les dégâts sur le site d’Ispahan, en Iran, le 22 juin 2025. © Satellite image ©2025 Maxar Technologies / AFP

La situation est différente à Natanz, autre site visé par les frappes israéliennes et américaines, dont la partie en surface a « clairement » été détruite. Quant aux installations souterraines, où se trouvent les centrifugeuses, « elles ont beaucoup souffert en raison de l’effet combiné de l’absence d’alimentation électrique externe du fait des attaques » et de l’impact des frappes elles-mêmes.

Idem à Ispahan, « qui subit des dommages et des attaques depuis plusieurs jours » et où plusieurs bâtiments ont été affectés.

Dans un communiqué, l’AIEA a toutefois réaffirmé ne pas « s’attendre à des conséquences [des frappes] sur la santé de la population ou de l’environnement », les niveaux de radiation n’ayant pas augmenté à l’extérieur des sites.

Une déclaration conjointe

Les dirigeants de la France, de l’Allemagne et du Royaume-Uni ont demandé dimanche à l’Iran « de ne pas entreprendre d’autres actions susceptibles de déstabiliser la région » en réponse aux frappes américaines ayant visé ses sites nucléaires.

« Nous appelons l’Iran à s’engager dans des négociations conduisant à un accord qui réponde à toutes les préoccupations liées à son programme nucléaire. Nous sommes prêts à contribuer à cet objectif en coordination avec toutes les parties », ajoutent les trois dirigeants dans une déclaration conjointe.

Emmanuel Macron, Friedrich Merz et Keir Starmer s’engagent à poursuivre leurs « efforts diplomatiques conjoints pour désamorcer les tensions et veiller à ce que le conflit ne s’intensifie pas et ne s’étende pas davantage », ajoutent-ils.

De nouvelles frappes israéliennes

L’armée israélienne a affirmé avoir frappé dimanche « des dizaines de cibles militaires » en Iran dans quatre régions du pays, dont « pour la première fois » celle de Yazd (Centre).

« Une trentaine d’avions de chasse de l’armée de l’air israélienne ont frappé des dizaines de cibles militaires en Iran », notamment « le centre de commandement des missiles stratégiques Imam-Hussein, dans la région de Yazd, où étaient stockés des missiles longue portée Khorramchahr », a-t-elle déclaré dans un communiqué.

Parallèlement, des frappes ont visé « des lanceurs de missiles » dans les régions de Bouchehr (Sud), où une « explosion massive » a été rapportée par des médias iraniens dimanche, d’Ahvaz (Sud-Ouest) et d’Ispahan (Centre). Ispahan abrite une usine de conversion d’uranium ciblée par des missiles, attaquée pendant la nuit par les États-Unis, avec deux autres sites nucléaires stratégiques.

Le communiqué militaire indique que l’aviation israélienne a également pris pour cible un centre de commandement de drones et des installations de missiles sol-air. D’autres sites ont été visés dans l’ouest de l’Iran, comme l’aéroport de Dezful, où deux avions de chasse F-5 ont été détruits, avait-elle indiqué plus tôt.

L’autosatisfaction du Pentagone

Les États-Unis ont « dévasté le programme nucléaire iranien », a estimé dimanche le ministre de la défense Pete Hegseth, au lendemain de frappes américaines contre trois sites, dans le cadre d’une opération militaire appelée « Marteau de minuit ».

Cette opération, qui a mobilisé sept bombardiers furtifs B-2 de l’armée américaine, a été menée avec un « succès spectaculaire », a salué le chef du Pentagone.

Détaillant l’attaque surprise, le chef d’état-major américain, bras droit de Pete Hegseth, a expliqué que les bombardiers ont décollé samedi de leur base aux États-Unis pour atteindre l’Iran, un trajet de 18 heures rendu possible grâce à de nombreux ravitaillements en vol.

Les États-Unis ont utilisé pour cette opération plusieurs moyens de diversion, a précisé le général Dan Caine, soulignant que « les systèmes de missiles antiaériens de l’Iran ne semblent pas [les] avoir détecté[s] pendant toute la durée de la mission ».

Il a ensuite détaillé l’heure à laquelle les frappes ont été menées dans la nuit de samedi à dimanche et précisé que le bombardier B-2 en tête de l’escadrille a notamment largué deux bombes antibunker de type GBU-57 sur l’usine d’enrichissement de Fordo, au sud de Téhéran.

Au total, les forces états-uniennes ont lâché sur l’Iran 14 bombes GBU-57 de 13 600 kilogrammes, soit « la première utilisation opérationnelle de cette arme », selon Dan Caine. Les trois sites nucléaires iraniens ont subi « de graves dommages », a souligné le chef d’état-major.

L’Iran demande une réunion d’urgence à l’ONU

Abbas Araghtchi, chef de la diplomatie iranienne, a dénoncé une « violation grave de la Charte des Nations unies » par les États-Unis, en « attaquant les installations nucléaires pacifiques de l’Iran ». « Les événements de ce matin sont scandaleux et auront des conséquences durables. Chaque membre de l’ONU doit s’alarmer de ce comportement extrêmement dangereux, illégal et criminel », a-t-il publié très tôt sur X.

Au cours d’une conférence de presse organisée dans la foulée, il a précisé que les États-Unis étaient « les seuls responsables des conséquences dangereuses et des considérables implications de cette agression ». Il a interpellé la communauté internationale ainsi que l’Agence internationale de l’énergie atomique pour qu’elles « agissent rapidement et de manière décisive en réponse à cette violation du droit international ».

Interrogé sur une réponse iranienne, il a indiqué que « la porte de la diplomatie doit toujours rester ouverte, mais pas maintenant ». « Mon pays est attaqué, c’est une agression, nous devons répondre, sur la base de notre droit à nous défendre. »

Par la suite, il a affirmé sur X : « La semaine dernière, l’Iran était en négociation avec les États-Unis, lorsque Israël a fait échouer cette diplomatie. Cette semaine, nous avons discuté avec l’Union européenne, et les États-Unis ont décidé de faire échouer cette diplomatie. Quelle conclusion en tirez-vous ? » Le ministre des affaires étrangères iranien a ensuite interrogé : « Comment l’Iran peut-il revenir à la table des négociations alors qu’il ne l’a jamais quittée, et encore moins fait exploser ? »

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L’usine iranienne d’enrichissement de combustible de Fordo après les frappes américaines le 22 juin 2025. © Photo satellite Maxar Technologies / AFP

Saeed Iravani, ambassadeur iranien à l’ONU, a demandé dans une lettre obtenue par Associated Press qu’une réunion d’urgence soit organisée au Conseil de sécurité de l’ONU pour que « toutes les mesures soient prises » pour tenir responsables les États-Unis après ces attaques. « La République islamique d’Iran condamne et dénonce dans les termes les plus forts ces actes d’agression non provoqués et prémédités, qui font suite à l’attaque militaire à grande échelle menée par le régime israélien le 13 juin contre les sites et installations nucléaires pacifiques de l’Iran. »

Un haut responsable iranien a de son côté mis en garde, auprès de Reuters, sur le fait que n’importe quelle action qui viserait à cibler le Guide suprême iranien, Ali Khamenei, « fermerait la porte » à toute négociation et génèrerait une « réponse illimitée » de la part de l’Iran.

La France impuissante

Le ministre des affaires étrangères Jean-Noël Barrot a réagi dimanche dans un communiqué lapidaire : « La France a pris connaissance avec préoccupation des frappes menées cette nuit par les États-Unis d’Amérique contre trois sites du programme nucléaire iranien. Elle n’a ni participé à ces frappes ni à leur planification. » 

Au diapason de la diplomatie européenne, la France « exhorte les parties à la retenue pour éviter toute escalade susceptible de conduire à une extension du conflit ». Ajoutant : « La France est convaincue que le règlement durable à cette question passe par une solution négociée dans le cadre du traité de non-prolifération. Elle demeure prête à y contribuer en lien avec ses partenaires. » 

Dimanche, Le Parisien a également publié un entretien avec le ministre des armées Sébastien Lecornu, réalisé avant les frappes des États-Unis, qui résonne étrangement après les événements de la nuit : « Penser qu’une bombe miracle, même la GBU-57 américaine, […] réglerait le problème, est une pure illusion. »

La veille, le président Emmanuel Macron avait affirmé que les Européens allaient « accélérer les négociations » avec l’Iran pour « sortir de la guerre », après un appel avec son homologue iranien Masoud Pezeshkian. « L’Iran ne doit jamais avoir l’arme nucléaire » et doit « donner toute garantie que ses intentions sont pacifiques », avait-il ajouté.

Une option balayée par les bombardements des États-Unis. Donald Trump avait d’ailleurs prévenu vendredi 20 juin : « L’Iran ne veut pas parler à l’Europe », qui « ne pourra pas aider ».

La communauté internationale et la crainte de « l’escalade »

Le secrétaire général des Nations unies António Guterres s’est inquiété d’une « dangereuse escalade », appelant à éviter « une spirale de chaos ».

L’Union européenne (UE) a exhorté « toutes les parties à faire un pas en arrière, à revenir à la table des négociations et à éviter toute escalade supplémentaire », par la voix de la cheffe de sa diplomatie Kaja Kallas sur le réseau social X. « L’Iran ne doit pas être autorisé à développer l’arme nucléaire, car cela poserait une menace pour la sécurité internationale », a-t-elle ajouté.

Elle a précisé que les ministres des affaires étrangères européen·nes « vont discuter de la situation » lundi 23 juin.

Dimanche, le ministère des affaires étrangères du Qatar a souligné la « nécessité de cesser toutes les opérations militaires et de reprendre immédiatement le dialogue et la voie diplomatique afin de résoudre les questions en suspens ». Le pays, qui joue un rôle d’intermédiaire entre Israël et le Hamas, a dit « suivre avec une vive inquiétude l’évolution de la situation suite aux récentes attaques contre la République islamique d’Iran, pays frère, visant ses installations nucléaires ».

Le Qatar anticipe des « répercussions désastreuses aux niveaux régional et international » et « espère que toutes les parties feront preuve de sagesse et de retenue afin d’éviter une escalade insupportable pour les populations accablées de la région ».

Les rebelles houthis du Yémen, soutenus par l’Iran, parlent à l’inverse d’une « déclaration de guerre » des États-Unis. La veille, ils avaient menacé de s’attaquer à aux « navires et bâtiments de guerre américains en mer Rouge », si les États-Unis prenaient « part à une attaque et une agression contre l’Iran aux côtés de l’ennemi israélien ».

La menace de Trump

En justifiant l’intervention des États-Unis, Donald Trump a multiplié les déclarations menaçantes : « L’Iran, le tyran du Moyen-Orient, doit maintenant faire la paix. S’il ne la fait pas, les futures attaques seront bien plus importantes et bien plus faciles […]. La situation ne peut plus durer. Soit la paix sera rétablie, soit une tragédie s’abattra sur l’Iran, bien plus grave que celle que nous avons connue ces huit derniers jours. »

Il a aussi tenu « à remercier et à féliciter le premier ministre Bibi Nétanyahou », avec lequel il dit avoir « travaillé en équipe, comme aucune autre équipe ne l’avait peut-être fait auparavant ». « Nous avons largement contribué à éradiquer cette terrible menace qui pèse sur Israël », a-t-il continué.

Benyamin Nétanyahou a quant à lui adressé des « félicitations au président Trump » quelques heures plus tard au cours d’une conférence de presse. « Votre décision audacieuse de cibler les cites nucléaires iraniens avec le formidable et grand esprit américain va changer l’histoire. L’Amérique est véritablement indépassable, ils ont fait ce qu’aucun autre pays sur Terre n’aurait pu faire. Le président Trump a agi avec beaucoup de force. »

L’Organisation de l’énergie atomique d’Iran (AEOI) a dénoncé les attaques : « Aujourd’hui, à l’aube, les sites nucléaires du pays à Fordo, Natanz et Ispahan ont été attaqués par les ennemis de l’Iran islamique dans un acte barbare qui viole le droit international. »

Les sites de Natanz, Ispahan et Fordo touchés

Les trois sites nucléaires touchés dans la nuit de samedi à dimanche, Natanz, Ispahan et Fordo, se situent dans le centre-ouest du pays, au sud de Téhéran. La base de Fordo est, de loin, celle qui cristallise l’attention depuis plusieurs années, car enfouie profondément au cœur d’une montagne. Seuls les États-Unis disposaient d’armes capables d’atteindre ce degré de profondeur. Des bombes antibunker de type GBU-57, pesant 13 tonnes et pouvant aller jusqu’à 60 mètres sous la terre, ont été larguées par des avions bombardiers B-2 américains ce samedi.

L’usine d’enrichissement d’uranium de Natanz avait déjà été touchée, plus en surface, par des frappes du régime israélien le 13 juin.

Des médias iraniens ont confirmé les attaques sur ces trois sites. L’autorité iranienne de sécurité nucléaire, dépendante de l’Organisation iranienne de l’énergie atomique, a affirmé n’y avoir détecté « aucun signe de contamination » et assuré qu’il n’y avait « aucun danger » pour la population.

« Aucune hausse des niveaux de radiation n’a été signalée » aux abords des trois sites, a également indiqué l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).

S’attaquer au nucléaire iranien par la force est une stratégie contestée, car à double tranchant : si elles mettent un coup d’arrêt temporaire à son développement, ces attaques peuvent nourrir encore plus la détermination des autorités iraniennes à se doter de l’arme atomique.

Ces frappes américaines, par leur puissance et les dégâts qu’elles ont pu causer, viennent toutefois changer la donne.

La réaction de l’Iran

Après les tirs de missiles sur Israël, les sirènes d’alertes antiaériennes ont retenti à Tel-Aviv, et de fortes explosions ont été entendues de Jérusalem par des journalistes de l’AFP.

Les forces armées iraniennes ont déclaré avoir notamment ciblé l’aéroport international Ben-Gourion, près de Tel-Aviv. L’armée israélienne a dit œuvrer à intercepter les missiles, appelé la population des zones visées à se rendre aux abris et annoncé une nouvelle série de frappes.

Une organisation de premiers secours israélienne a annoncé avoir pris en charge 16 blessé·es et la chaîne publique KAN 11 a diffusé des images d’importants dégâts « dans le centre du pays », dont un immeuble de plusieurs étages à la façade totalement détruite entouré de bâtiments gravement endommagés.

Le chef de la diplomatie iranienne, Abbas Araghtchi, a condamné des « événements scandaleux [qui] auront des conséquences éternelles », dénonçant le « comportement extrêmement dangereux, anarchique et criminel » de Washington. « L’Iran se réserve toutes les options pour défendre sa souveraineté, ses intérêts et son peuple », a-t-il ajouté.

Les attaques américaines « n’arrêteront pas » les activités nucléaires de l’Iran, a également affirmé l’Organisation de l’énergie atomique du pays.

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