
Arguments pour la lutte sociale | Lire sur le blog ou le lecteur |
Photo illustrant cet article : Pashan Azizi. Moment remarquable dans la combinaison entre crises aux sommets, crise internationale et poussées d’en bas : le tweet de Trump proclamant un étrange « cessez-le-feu » entre l’Iran et Israël, félicitant l’Iran d’avoir averti les Etats-Unis de l’envoi d’un « petit nombre » de missiles sur leur base militaire au Qatar, félicitant ensemble l’Iran et Israël, puis remerciant Dieu pour tout le monde en général et pour lui-même en particulier ! Ce matin Israël annonce que l’Iran, qui dément (mais alors qui a envoyé la dernière salve sur Tel-Aviv ?!) viole le cessez-le-feu et va riposter au viol du cessez-le-feu. Pour l’heure donc la guerre continue sous le label de « mesures de rétorsions réciproques contre les viols du cessez-le-feu de Trump ». Vous suivez ? Hier, les bombardements israéliens ont touché la prison d’Evin à Téhéran, lien central de terreur politique, ou se trouvent aussi les deux français Cécile Koelher et Jacques Paris. Selon le Conseil de coordination des enseignants iraniens, syndicat indépendant, rapportant les récits des familles de prisonniers, » les bâtiments administratifs, la zone de visite, la cour de sécurité, la clinique, l’entrée principale, le quartier 4, ainsi que les quartiers de sécurité 209, 240, 241 et « Deux-Alef », ont été gravement endommagés. Le quartier des femmes est également touché, avec des parties du plafond, des murs et des fenêtres effondrés. Les familles des prisonniers ont exprimé leur inquiétude quant à la santé physique et mentale de leurs proches, notamment en raison du manque de services médicaux appropriés. Il y a par contre accord entre les communiqués iranien et israélien pour prétendre qu’il n’y a pas de victimes parmi les prisonniers politiques … Juste au moment du tweet de Trump félicitant tout le monde au nom de Dieu, le régime iranien a annoncé la prochaine exécution de la militante féministe et kurde Pashkan Azizi. Tous les fondamentalistes monothéistes peuvent avec lui féliciter encore les mollahs ! Ces faits montrent une chose : la lecture « traditionnelle » de cette guerre sous la forme « agression impérialiste contre un pays semi-colonial » retardent d’un siècle, et aboutit au campisme, alors qu’au Proche-Orient les peuples affrontent deux axes contre-révolutionnaires, l’axe de la soi-disant « résistance » mené par le régime iranien, cassé par la chute de Bachar el Assad, et l’axe Trump-pouvoir israélien, les deux axes alternant voire mélangeant affrontements militaires entre eux et collaboration, complicité. Deux axes qui ont aussi pour point commun leur liaison avec Poutine, bon ami de Khamenei et bon ami de Netanyahou. D’Iran nous parvient cette voix du rappeur oppositionnel et féministe, qui a récemment échappé à la mise à mort, Toomaj Salehi : « L’ennemi de mon ennemi n’est pas mon ami ». De plus en plus, pour les syndicalistes indépendants, les féministes et l’opposition de l’intérieur (à bien distinguer des monarchistes et des Moudjahidines qui voudraient monopoliser la voix de la diaspora), les bombardements israéliens ou américains et la répression du régime forment une même chappe contre le peuple. En même temps, ils cherchent et chercheront à utiliser tout affaiblissement militaire du régime pour le frapper et le renverser. D’ailleurs, la ligne dominante de Trump et de Netanyahou, malgré les propos démagogiques ou cherchant à ménager le proche avenir, est bien la préservation du régime. La formule grotesque de Trump – Make Iran Great Again, MIGA – qu’il a, dans un précédent tweet, présenté comme devant remplacer la vilaine formule Regime change, contient toutes ces ambigüités, car au fond il n’y a pas tant d’ambigüités : ce qui les terrorise, ce sont les peuples, iraniens, syrien, palestinien … Cette guerre n’est en rien le remake de la guerre de G.W. Bush contre l’Irak en 2003 comme veulent le croire tout ceux qui n’arrivent pas à intégrer le réel à leur vision du monde, et comme Netanyahou se l’imagine peut-être en se prenant pour Bush-Zorro. Elle est, après et avec la guerre d’écrasement génocidaire de l’Ukraine de Poutine, la provocation du Hamas du 7 octobre 2023 et la fuite en avant vers le génocide du pouvoir israélien, mais face à la résistance ukrainienne, à la vraie résistance palestinienne – non pas le Hamas mais le peuple qui ne veut pas partir, la révolution syrienne, une nouvelle étape de la décomposition de l’ordre capitaliste mondial de la multipolarité impérialiste, qui porte avec lui la guerre et les guerres, dans la catastrophe climatique et la destruction des bases de la vie et de la culture humaine. C’est en ce sens que celles et ceux qui veulent reconstituer un internationalisme réel et efficace doivent la comprendre. Et c’est urgent. |
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