« Tout bloquer » le 10 septembre ?

« Tout bloquer » le 10 septembre ? LFI appelle à y participer, les autres partis politiques embarrassés

Si Jean-Luc Mélenchon appelle ses troupes à prendre part au mouvement né sur les réseaux sociaux, le reste de la gauche reste en retrait.

BASTIEN OHIER / Hans Lucas via AFP
Jean-Luc Mélenchon appelle à participer à la journée de mobilisation du 10 septembre 2025.

POLITIQUE – Un ovni politique. Mercredi 10 septembre, la France sera-t-elle à l’arrêt comme l’espèrent les initiateurs d’un appel à « tout bloquer » ? Tout l’été, ils ont multiplié les messages sur les réseaux sociaux, espérant cueillir les Français après la douche froide annoncée par François Bayrou. Tout est parti des mesures de restriction budgétaire présentées par le Premier ministre le 15 juillet, qui entend notamment supprimer deux jours fériés, geler les retraites et les prestations sociales et baisser le budget de la santé de plusieurs milliards d’euros.

Un collectif citoyen baptisé « Bloquons tout ! »qui revendique son indépendance vis-à-vis des partis politiques et des syndicats, est alors entré en scène. Un mouvement spontané certes, mais pas vraiment apolitique. Les premiers appels à la mobilisation laissaient entrevoir un net penchant vers l’extrême droite, avec une volonté affichée de défendre « la France souveraine » attachée « à ses racines chrétiennes ». Ces messages ont infusé durant la période estivale, avant de se recentrer sur des revendications de pouvoir d’achat et de conditions de vie.

PS, PCF et Verts bien discrets

Le 17 août, il renouvelle son soutien à la journée de mobilisation, appelant dans La Tribune dimanche « à une offensive déterminée pour faire tomber ce gouvernement » qui passe, selon lui, « par la mobilisation populaire tous azimuts ». Il demande à ses troupes « de se mettre immédiatement au service des collectifs locaux qui proposent cette mobilisation et à tout faire pour sa réussite ». Le Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) de Philippe Poutou et Olivier Besancenot a aussi apporté son soutien au mouvement dans un communiqué publié ce lundi 18 août.

Une tribune, passée inaperçue, avait été signée le 11 août par quelques cadres de gauche, dont les députés ex-LFI Clémentine Autain et Alexis Corbière, l’écologiste Sandrine Rousseau ou le maire communiste de Gennevilliers Patrice Leclerc. « Dans chaque quartier, chaque village, rassemblons-nous sur les places et les ronds-points et décidons ensemble comment agir », écrivent-ils dans Regards, aux côtés de militants associatifs et syndicaux. « Ne laissons personne de côté, faisons du 10 septembre le début de la lutte. »

Mais au-delà, les soutiens officiels à la journée de mobilisation sont rares. Et les partis politiques, bousculés dans leur organisation traditionnelle, demeurent bien silencieux. Aucun des dirigeants des trois principaux partis de gauche, Olivier Faure (PS), Fabien Roussel (PCF) et Marine Tondelier (Les Écologistes) ne s’est exprimé publiquement. Les Verts ont prévu de se réunir, cette semaine en marge de leur université d’été, pour discuter de la position à adopter. Côté communiste, Fabien Roussel avait appelé en 2023 à des manifestations devant les préfectures (et même à « les envahir, si nécessaire ») pour exprimer le ras-le-bol social. Pourra-t-il cette fois passer son tour ?

Crainte de la récupération

D’autant que les syndicats pourraient être de la partie. Remontées elles aussi contre les annonces de François Bayrou, les grandes centrales réfléchissent encore aux modalités d’action pour la rentrée. Une intersyndicale est prévue le 1er septembre, alors même que plusieurs fédérations de la CGT ont annoncé leur volonté de déposer un préavis de grève. La participation des principaux syndicats au mouvement du 10 septembre pourrait changer la donne aux yeux des responsables de gauche, qui craignent pour le moment d’être accusés de récupération et se tiennent à bonne distance d’un mouvement dont ils ne savent rien ou si peu.

À l’extrême droite, le Rassemblement national marche sur des œufs. Les mots d’ordre de départ (dont le fameux « C’est Nicolas qui paye ») avaient tout pour plaire au parti dirigé par Jordan Bardella. En témoigne la vidéo publiée le 23 juillet par le député RN Matthias Renault, se réjouissant d’une « mobilisation populaire le 10 septembre » sur les thèmes de « ras-le-bol fiscal des actifs », de « remise en cause de l’État obèse », mais aussi « anti-immigration » et « anti-écologie punitive ». Mais c’était sans compter sur son évolution récente, vers plus de justice sociale. Finalement, après le soutien apporté par Jean-Luc Mélenchon au mouvement, ce même député RN s’est repris sur son compte X : « dernière confirmation que l’extrême gauche est derrière le 10 septembre ».

À trois semaines de la mobilisation, tout semble encore flou. Participer à un mouvement dont on ne partage pas forcément 100 % des revendications ou s’en tenir à distance quitte à passer à côté d’un mouvement social d’ampleur ? Voilà qui devrait donner du grain à moudre aux partis politiques, notamment de gauche, dont les universités d’été s’ouvrent en fin de semaine.

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