
Le brouillard se lève sur le « sommet » qui s’est tenu vendredi en Alaska. Les déclarations de Trump, Witcoff et Rubio montrent assez clairement que Poutine a obtenu tout ce qu’il voulait:
– pas de cessez-le-feu. Trump a laissé tomber cette « exigence ». Poutine peut continuer à bombarder les villes ukrainiennes pour terroriser la population. Les attaques ont d’ailleurs continué alors même qu’il se pavanait à Anchorage, sous la bannière « pursuing peace »;
– pas de renforcement des sanctions. Trump a laissé tomber aussi cette « menace » qu’il agitait au cas où Poutine persisterait à refuser un cessez-le-feu;
– pas de date butoir pour mettre fin aux tueries. Cette « exigence » trumpienne a disparu également. Poutine peut poursuivre aussi longtemps qu’il le voudra ses destructions, la répression des populations dans les zones conquises et leur « russification » – autrement dit la négation du peuple ukrainien et la suppression des droits démocratiques conquis depuis 1990.
– la reconnaissance des exigences territoriales impérialistes. Pour Witcoff, Poutine ne gèlera la ligne de front que si l’Ukraine cesse de résister, retire ses troupes du Donbass et accepte de le céder définitivement à la Russie, ainsi que la Crimée. Witcoff a le culot de qualifier ces propositions de « concessions territoriales »… de la part de la Russie!
– cerise sur le gâteau: Trump et ses acolytes se permettent d’affirmer maintenant que « la paix dépend de Zélensky »! Poutine obtient donc une cinquième victoire, cruciale: l’agressé est présenté comme l’agresseur, le loup est transformé en agneau.
Certains grands médias présentent ce résultat comme la conséquence de l’incompétence de Trump et de son administration. Loin de moi l’idée d’affirmer que Trump serait « compétent » – il ne l’est qu’en tant qu’escroc et manipulateur sans scrupules. Mais le fond de l’affaire n’est pas là. Le fond de l’affaire est que Trump exprime « l’ensauvagement » croissant de la classe dominante au niveau international.
Les contradictions capitalistes s’accroissent: baisse des gains de productivité, concurrence redoublée, désastre climatique galopant. Pour les surmonter, la bourgeoisie ne connaît qu’une recette: accroître l’exploitation du travail et le pillage de la nature. Les droits démocratiques, les conquis sociaux, les avertissements de la science sont pour elle autant d’obstacles à contourner ou à abattre. C’est pourquoi elle met bas le masque et fait de plus en plus appel à des bandes de voyous qui défendent ses intérêts à coups de poings, sur le dos des travailleurs et des peuples – au mépris de la science, à grands renfort de délires nationalistes, et en désignant des boucs émissaires (les migrant.e.s, le « wokisme »).
Le sort terrible des peuples ukrainien et palestinien l’indique sans ambiguïté: nous sommes à un moment de bascule mondiale vers le règne des voyous au service du capital. Trumpoutine font la même chose que les gangs mafieux qui se partagent le territoire de leurs crimes en établissant des rapports de forces. Le Capo Trump cherche un accord avec le Capo Poutine pour se renforcer face au Capo Xi (avec le concours de Capi plus petits mais non moins dangereux, tels que Netanyahu, MBS et d’autres). Et les dirigeants européens se précipitent à Washington dans l’espoir de participer au partage du gâteau.
Le danger que tout cela finisse en conflagrations, voire en conflagration mondiale, est évident. Seule un alliance des travailleurs et travailleuses, des petits paysans, des peuples indigènes, de la jeunesse et des femmes, seules les luttes des exploité.e.s et opprimé.e.s du monde entier peuvent arrêter cette machine infernale. « Prolétaires du monde entier, unissez-vous »… Par-delà les « blocs » et les « camps », par-delà les logiques trompeuses du « moindre mal », unissez-vous pour vos intérêts, pour ceux de vos enfants et pour arrêter la destruction de la nature dont l’humanité dépend (puisqu’elle en fait partie!). L’actualité de ce slogan fondateur est plus brûlante que jamais.
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