
La chute de Bayrou constitue une première victoire de la colère ouvrière et populaire qui s’est en partie cristallisée autour des appels à bloquer le pays le 10 septembre. Retour sur ce mouvement, ses enjeux et ses défis pour s’étendre et entraîner le mouvement ouvrier, les classes populaires et la jeunesse.
10 septembre : un mouvement de l’avant-garde militante riche de potentialités
Lancé pendant l’été à la suite des annonces ultra-austéritaires de François Bayrou, le mouvement du 10 septembre a rassemblé ces dernières semaines un peu partout en France des milliers de personnes animées par l’envie de construire un rapport de force avec le pouvoir. Après deux années d’atonie sur le terrain des mobilisations nationales depuis la défaite de la bataille des retraites, on retrouve dans les Assemblées générales différentes couches d’une avant-garde militante qui a pris part aux grands explosions sociales des dernières années, du mouvement des Gilets jaunes à la bataille des retraites. Syndicalistes, étudiants mobilisés pour la Palestine, militants écologistes, Gilets jaunes, activistes pour les droits des sans-papiers… : les comptes-rendus des différentes AGs montre une véritable sédimentation de secteurs qui se sont forgés dans l’opposition aux politiques de Hollande puis de Macron.
L’enquête réalisée par la Fondation Jean Jaurès fin août, sur les boucles Telegram du mouvement, confirme cette impression. Parmi les 1089 personnes qui ont répondu au questionnaire de la Fondation, on retrouve une grande majorité de sympathisants de la France Insoumise mais aussi de l’extrême-gauche (69% ont voté Mélenchon en 2022, 12% Poutou ou Arthaud), plutôt jeunes, diplômés et très politisés. Un portrait-robot de profils qui ont probablement soutenu le NFP en 2024 et semblent avoir tiré de cette expérience, un an plus tard, le bilan qu’il y avait urgence à retrouver la rue pour affronter les plans de Macron. De ce point de vue, il serait erroné d’assimiler la dynamique en cours au mouvement des Gilets jaunes, comme l’ont fait un certain nombre de médias pendant l’été. Ce dernier avait mobilisé des secteurs de la classe ouvrière et des classes populaires des zones rurales et semi-rurales, mêlant travailleuses et travailleurs de petites entreprises, chômeurs, retraités, qui prenaient la rue pour la première fois. Des caractéristiques qui avaient données une forte éruptivité à ce mouvement.
Dans une récente interview, Jérôme Fourquet, directeur du département Opinion de l’IFOP note ainsi « ce qui va se passer le 10 septembre va ressembler davantage à ce qu’on avait connu lors du mouvement Nuit Debout à la fin du quinquennat de François Hollande, quand une partie de la jeunesse de gauche s’était retrouvée sur les grandes place des centres-villes des grandes métropoles françaises, qu’au mouvement des Gilets jaunes. Tant dans la forme d’organisation – un appel au blocage, des cortèges spontanés, des occupations de places – que dans la composition des parties prenantes à ce mouvement. » Cette réflexion passe cependant outre un certain nombre de caractéristiques du mouvement actuel. D’abord, si les AGs réunissent entre quelques dizaines et quelques centaines de personnes, l’extension nationale du mouvement du 10 septembre est bien plus importante que Nuit Debout. Ces dernières semaines, des réunions ont lieu dans de nombreuses moyennes et petites villes comme le montrent les compte-rendus du mouvement, qui évoquent pêle-mêle les AG qui se sont tenues à Paris, Besançon, Brest ou Bordeaux, mais aussi Laon, Libourne, Gaillac, Villefranche-de-Rouergue ou Vendôme. Dans le même sens, les Renseignements territoriaux s’attendent à des actions à dans « tout le territoire », au point que Bruno Retailleau a annoncé ce lundi soir le déploiement de 80 000 gendarmes et policiers, un dispositif gigantesque alors que l’État affirme prévoir la participation de « 100 000 personnes » au mouvement le 10 septembre.
Enfin, le mouvement s’ancre effectivement à gauche dès le départ avec une aspiration très claire à « faire payer les riches », mais également à faire converger la colère sociale avec d’autres luttes d’émancipation. Cependant, là où Nuit Debout était marqué par une logique citoyenniste, avec un poids important de la volonté « d’expérimenter » la construction d’une « autre démocratie » ici et maintenant, le mouvement actuel exprime plus d’éléments de radicalisation politique. En particulier, la mobilisation est nourrie par l’objectif très clair de construire un rapport de force avec le pouvoir, en s’auto-organisant pour ne pas laisser le contrôle de la lutte à des bureaucraties nationales. Cette volonté de se battre s’exprime d’une multitude de manières. Très présents sur les réseaux sociaux, on retrouve des appels au boycott individuelles, en faisant par exemple du 10 septembre une journée de « grève de la carte bancaire ». Dans les AGs en revanche, ce sont les discussions sur la nécessité d’action collective, par le blocage d’infrastructures, la grève, ou, souvent, les deux, qui priment. Dans tous les cas, et par-delà les éléments de confusion qui peuvent exister, le mouvement est révélateur d’une aspiration à lutter contre le régime et les puissants, plutôt que de construire quelque chose à côté ou en parallèle. Cette idée s’exprime également dans les discussions programmatiques qui peuvent exister de façon embryonnaire, et se situent d’emblée sur un terrain très radical, comme on a pu le voir dans les documents de propositions programmatiques qui ont pu circuler sur les boucles Telegram.
Un écho dans la classe ouvrière et une tension à se lier au monde du travail
Le mouvement du 10 septembre s’est fait connaître autour du mot d’ordre « bloquons tout ». La question du blocage a ainsi occupé une place centrale dans les discussions des AGs, avec différentes propositions en ce sens, telles que l’idée de bloquer les périphériques ou les grandes infrastructures. Cependant, le mouvement est en même temps traversé par un sentiment pro-ouvrier et pro-grève très net. Dans les AGs, les interventions de travailleurs et en faveur de la grève sont systématiquement très bien reçues. Dans de nombreuses villes, on observe également une tension importante à se lier à des travailleurs en grève localement, à l’image du choix des principales AGs du 91 de rejoindre le piquet d’Amazon à Brétigny-sur-Orge, du blocage de l’incinérateur Alcea à Prairie de Mauves à Nantes, qui rejoindra le piquet des travailleurs du site, ou encore de la décision de l’AG d’Angoulême de se lier aux hospitaliers en grève de l’hôpital de Girac après une action sur une zone industrielle..
D’ailleurs, si le le mouvement réunit un grand nombre de militants, il suscite une sympathie dans des secteurs du prolétariat, également traversés par la dynamique de politisation enclenchée cet été. Les récits de tournée syndicale récoltés par RP au travers de nos correspondants dans des entreprises de l’agro-alimentaire, dans l’industrie, à la SNCF, dans la santé ou dans l’éducation convergent en ce sens : la date du 10 suscite un intérêt chez de nombreux collègues, pas toujours d’ailleurs ceux qui sont les plus politisés, engagés ou syndiqués, malgré un certain flou quant au cadre précis de cette journée. Les discussions dépassent d’ailleurs de très loin la question de l’austérité et du budget. Une dynamique corroborée par les premiers chiffres de grévistes dans certains secteurs et différents récits locaux, comme celui de Mediapart à propos de l’usine Renault de Cléon : « Y aller ou pas ? Sur le site de l’usine Renault de Cléon, au sud de Rouen, la question de la participation à la journée « Bloquons tout » du 10 septembre agite les ateliers depuis plusieurs jours. Elle a été tranchée, du côté CGT, majoritaire sur le site de quelque 3 000 salariés, par la décision d’un appel à la grève ce jour-là, décidé à l’issue d’une petite assemblée générale (AG) mardi 2 septembre. »
Dans une tribune publiée dans Politis, 300 syndicalistes de secteurs variés – santé, énergie, éducation, agro-alimentaire, industrie, pétrochimie – appellent en ce sens à rejoindre la mobilisation du 10 septembre. « Des assemblées de préparation du 10 existent déjà dans de nombreuses villes. Des syndicalistes préparent aussi des grèves dans les entreprises. Pour tout bloquer, il faudra réunir tous ces secteurs dans des assemblées démocratiques capables d’étendre la grève, coordonner les actions, discuter des revendications, sans attendre les ordres de l’Intersyndicale » notent-ils, appelant à tirer les bilans des luttes précédentes en soulignant : « notre lutte ne peut pas dépendre du bon vouloir de 8 dirigeants syndicaux au sommet. »
De fait, la démonstration la plus évidente que le mouvement du 10 septembre reflète une certaine dynamique à la base réside dans le fait que les bureaucraties syndicales aient été obligés d’appeler à la grève le 18 septembre, en pleine crise politique, abandonnant ainsi leur plan de se mobiliser à la fin du mois de septembre voir en octobre. Cette pression imposée par la colère ouvrière et populaire et l’irruption du 10 septembre témoigne des potentialités du mouvement qui a remporté coup sur coup deux victoires avant même de débuter, en imposant la chute de Bayrou et en obligeant l’Intersyndicale à proposer une date de mobilisation anticipée. Un changement d’attitude opportuniste, guidé par l’objectif de canaliser la colère, comme l’assumait Marylise Léon fin août en reportant la responsabilité de sa politique sur sa base : « Il faut que ce mécontentement du monde du travail s’exprime. De nombreux adhérents me disent qu’ils ont envie de laisser libre cours à cette colère selon les modes d’action de la CFDT, donc dans le cadre d’une manifestation. »
Grève ou blocage ? L’enjeu d’une stratégie expansive au service de la construction d’une grève générale politique
La dynamique initiale du mouvement du 10 septembre n’est pas sans contradictions. Ainsi, l’hégémonie de la méthode du blocage dans le mouvement va de pair avec une approche centrée sur l’action directe, à l’instar des nombreux appels à bloquer le périphérique parisien relayés sur différents canaux. Très revendiquée par des secteurs du mouvement autonome, qui voient dans la mobilisation l’occasion de réactualiser l’idée de la primauté du blocage des flux sur la grève, mise à mal par l’importance du rôle joué par le mouvement ouvrier ces dernières années, cette tendance risque de conduire à une logique substitutiste et volontariste.
Or, si le contrôle par la bureaucratie syndicale a pu mener un mouvement aussi massif que la bataille des retraites dans le mur, le bilan n’est pas que l’action minoritaire serait la plus efficace pour construire un rapport de forces, mais qu’il faut que l’énergie militante du mouvement serve à briser les obstacles à un mouvement de masse offensif. Dans le cas contraire, le risque est que la mobilisation actuelle, structurée autour d’un noyau d’avant-garde, s’enferme sur elle-même et s’épuise alors qu’une colère très large existe dans le pays. Dans le même temps, cette logique minorisante pourrait se heurter très vite au durcissement de la répression d’État, que Retailleau compte bien abattre sur toute tentative de blocage. A l’inverse, à l’image du mouvement de grève des raffineurs en 2022, la grève, lorsqu’elle est massive et dure, a prouvé ces dernières années son efficacité pour « bloquer » les infrastructures stratégiques du pays, en pariant sur la mise en mouvement des travailleurs qui sont essentiels pour les faire fonctionner.
Loin d’être réservée aux travailleurs en question, l’ensemble de celles et ceux qui participent au mouvement « bloquons tout » ont un rôle à jouer dans la construction d’un tel mouvement par en bas. Cela implique en revanche d’adopter une logique qui vise à étendre le mouvement et à le mettre au service de cette perspective de grève générale politique. Ce constat a été bien compris dans de nombreuses AGs, avec la création de « commissions grèves » dans plusieurs villes, qui visent à rassembler les travailleurs des différents secteurs et à coordonner des actions en lien avec le monde du travail et la construction d’une grève générale. La bataille des retraites de 2010 peut être une inspiration sur ce terrain. Si elle a échoué du fait de la politique des bureaucraties syndicales, contrairement au mouvement de 2023, elle avait été marquée par une volonté de l’avant-garde de mettre son énergie au service de l’extension de la grève. Comme nous le notions à l’époque :
« A la différence de 1995 et 2003, une importante minorité de salariés en lutte composée de quelques dizaines de milliers de militants et de travailleurs combatifs, et non pas seulement de militants d’extrême gauche, ont combattu pour dépasser la stratégie de pression mise en œuvre par les directions syndicales, et ce afin d’avancer dans le sens de la grève générale. Les « interpro », enfin, ont été l’expression organisée de ce sentiment partagé par une avant-garde large. Elles ont ainsi agi comme moteurs d’extension de la grève à travers l’organisation de « grèves marchantes », afin d’entraîner d’autres boîtes dans la lutte, ou soutenir les grévistes déjà en mouvement. C’est la première fois que des structures de ce type se mettent en place depuis « les années 1968 ». »
L’envie d’agir, les éléments d’auto-organisation que sont les AGs sont un élément nouveau après des mouvements caractérisés par un fort contrôle des bureaucraties ces dernières années. Mais pour leur permettre de construire un rapport de force durable et de confronter le plan des bureaucraties syndicales pour reprendre la main sur la contestation, il faut qu’elles fonctionnent comme de véritables « comités d’action » pour la grève générale. Tout en continuant d’interpeller et de mettre la pression aux fédérations et aux confédérations syndicales pour qu’elles s’impliquent dans la lutte, il s’agit donc de mettre toutes les forces du mouvement au service d’une action tournée vers les lieux de travail, de chercher à amener dans les AGs les travailleurs des entreprises locales, en profitant de la politisation et de l’aspiration à faire quelque chose qui existe dans le pays. Une telle politique pourrait permettre de donner un tout autre caractère à la date du 18 septembre, appelée par une intersyndicale large. Pensée pour couper l’herbe sous le pied du 10 septembre, les AGs du mouvement pourraient donner à cette date et au mouvement ouvrier l’exemple et l’envie de s’organiser par en bas et d’en finir avec les stratégies de pression et la politique des bureaucraties, qui esquivent l’affrontement avec le régime en refusant par exemple de revendiquer la démission de Macron. Ce serait la meilleure manière de déjouer la tentative de division.
Face au danger de la canalisation électorale, assumer le caractère politique de la mobilisation
L’expansion du mouvement ne se heurte pas seulement au danger d’une politique minoritaire, mais également au risque de sa canalisation institutionnelle. Tandis que les bureaucraties syndicales veulent ignorer la crise politique, la France Insoumise laisse entendre que la seule façon de l’affronter c’est de convoquer une nouvelle élection présidentielle. Comme l’a souligné Jean-Luc Mélenchon au JT de France 2 ce lundi soir : « nous avons besoin, à la suite d’un mouvement dégagiste, d’un moment refondateur. Seule l’élection présidentielle, compte tenu de ce que sont les institutions, nous permet d’avoir ce moment refondateur. » C’est la même idée que développent Clémence Guetté et Hadrien Clouet dans un texte intitulé « Quel débouché politique pour le mouvement septembriste ? » : « Une telle élection offrirait le débouché constituant au moment destituant. Elle arbitrerait par le vote, et donc la majorité, le rapport de la Nation aux revendications du 10 septembre. Pas de négociation de couloir ou d’accord informel dans un ministère : un vote, populaire, sur les revendications sociales. » Des interventions qui se gardent bien de mettre au centre la question de la VIe République, pourtant théoriquement au cœur du programme de LFI, et finissent par servir l’objectif de relégitimer l’institution la plus bonapartiste du régime actuel : l’élection présidentielle au suffrage universel.
Face à une crise politique et institutionnelle sans précédent, et à l’instar de son maître Mitterrand, passé de qualifier la Ve République de « coup d’État permanent » à utiliser tous les mécanismes les plus antidémocratiques de la Constitution gaulliste une fois au pouvoir, Mélenchon propose une voie pour restaurer de facto la Ve République et la figure présidentielle qui en est la clé de voûte. Une politique qui va à l’encontre des aspirations profondes des masses, dont la lassitude envers la monarchie présidentielle et sa classe politique s’exprime ces dernières années dans la popularité des revendications ayant trait à une démocratie plus radicale. Tout le contraire d’une volonté de sauver l’une des institutions les plus réactionnaires de la république impérialiste.
Cette approche dessine une autre impasse pour le mouvement. Tout en soutenant la mobilisation, elle subordonne en effet les aspirations ouvrières et populaires au cadre institutionnel existant, et nourrit les illusions à son égard, à l’image de la motion de destitution déposée ce mardi et vouée à l’échec. Or, la dynamique autour du 10 septembre est nourrie par un tout autre état d’esprit : la volonté de créer un rapport de force pour aller chercher des revendications qui dépassent de très loin la seule question du budget ou les seules questions sociales. Pour aller dans le sens de cette tendance, il faut assumer la dimension politique et potentiellement « constituante » du mouvement en tant que tel, en considérant que c’est par nos propres méthodes et cadres d’organisation qu’il est possible d’arracher nos revendications. Cette démarche est essentielle pour déployer la force à même de vaincre Macron, qui fera tout ce qu’il peut pour s’accrocher au pouvoir. En même temps, il s’agit de la seule voie pour que les travailleurs prennent conscience de leur rôle et se posent en force hégémonique, qui aspire non pas à servir de masse électorale à un projet institutionnel mais à diriger le pays, affronter le patronat et mettre en place son propre gouvernement, basé sur les organisations créées dans la lutte. Une stratégie diamétralement opposée au projet réformiste de la révolution citoyenne de la France Insoumise.
Dans l’immédiat, cette perspective stratégique implique de défendre pour le mouvement une orientation en indépendance de l’État et de ses institutions, qui cherche à arracher par ses méthodes ses revendications sociales et politiques. En ce sens, nous devons dire clairement que taxer les riches ne suffit pas, mais qu’il faut s’attaquer sérieusement au pouvoir du capital, en expropriant les secteurs stratégiques, sous le contrôle des travailleurs, en plus d’exiger la retraite à 60 ans et 55 ans pour les métiers pénibles, l’augmentation de tous les salaires et la répartition du temps de travail. Sur le terrain démocratique, qui revêt une importance centrale face à la crise du régime, il faut un programme sérieux, qui s’inspire de la tradition démocratique-radicale de notre pays plutôt que des Républiques parlementaires bourgeoises antérieures à la Ve République. C’est pour cela que, contre les tentatives de canalisation du mouvement à venir, nous affirmons la nécessité de lutter pour en finir avec le régime et ses institutions comme la Présidence de la République, en cherchant à imposer une Assemblée unique, sans Sénat ni Conseil constitutionnel, dont les députés soient payés à salaire d’infirmier et élus sur la base d’assemblées locales qui puissent les contrôler et les révoquer à tout moment. C’est en défendant par les méthodes de la lutte des classes un programme de ce type que les masses se rapprocheront de la conclusion de la nécessité d’un gouvernement de ceux qui n’ont jamais gouverné, un gouvernement des travailleurs, des classes populaires et de l’ensemble des opprimés.
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