LE GENIE DE LA LUTTE DE CLASSE EST SORTI DE SA LAMPE AU NEPAL

Aux sources de la révolte de la jeunesse du Nepal: inégalités sociales monstrueuses, misere, corruption et népotisme des trois partis au pouvoir depuis la chute de la monarchie… dont les deux partis « communistes » maoïstes (Le premier ministre chassé par le soulèvement était membre d’un de ces deux partis). Apres avoir tourné la mobilisation de la jeunesse en dérision, le pouvoir a cru l’étouffer en imposant la censure sur tous les réseaux sociaux, puis en réprimant très violemment les manifestations. Mal lui en a pris.

L’armee a pris le pouvoir et impose un couvre-feu. Rien n’est réglé pour autant. En coulisses, l’Inde et la Chine manoeuvrent, la première pour accroitre son emprise sur le Népal, la seconde pour la maintenir. Dans ce contexte, certaines tentatives d’instrumentalisation du mouvement de protestation ne sont pas exclues, de la part de l’Inde en particulier. Largement spontané, le mouvement social ne peut y parer qu’en se donnant une structure démocratique. En attendant, les cliques autocratiques au pouvoir, partout, scrutent les événements pour mieux se protéger des classes populaires.

Les leçons du Nepal sont scrutees y compris dans « nos democraties », cela ne fait aucun doute. Mais elles sont scrutees specifiquement en Chine, car celle-ci est la grande perdante des événements. Le Parti communiste chinois sait en effet que le mécontentement face à la corruption et aux inégalités peut menacer son pouvoir comme il a renversé celui de ses camarades nepalais.

Selon le Financial Times, les poursuites pour corruption en Chine ont augmenté de 43% en 2024 par rapport à 2023 (pres de 900.000 cas). Le régime donne une large publicité a la répression, afin de se donner une image d’intégrité, mais le cancer de la corruption ne cesse apparemment de croître – et les milliardaires chinois sont comme les autres: ils préfèrent généralement étaler leur richesse que la cacher. Face a cela, les réseaux sociaux et la société en general sont très étroitement contrôlés de sorte que tout élément critique est immédiatement repéré et étouffé dans l’œuf.

L’efficacite du systeme chinois suscite l’envie discrète des possedants du monde entier. Mais la stabilité qui résulte de ce flicage d’une ampleur sans précédent (grâce aux technologie de surveillance) pourrait être plus fragile qu’on le pense, notamment dans les jeunes generations (elles ont ete en premiere ligne des protestations contre la politique ultra repressive de « zero covid »). Or, le cas nepalais confirme deux choses: 1) la jeunesse est bien « la flamme de la revolution »; 2) une fois que le génie de la contestation démocratique et sociale de masse est sorti de sa lampe, il est très difficile de l’y renfermer…