Liban: Massacre à Bint Jbeil : 5 tués au moins, dont 3 enfants, dans une frappe de drone israélien

Cette attaque sanglante, l’une des plus meurtrières depuis le cessez-le-feu de novembre 2024, a coïncidé avec la visite au Liban de l’émissaire adjointe américaine au Moyen-Orient Morgan Ortagus.

La voiture totalement détruite dans laquelle une famille a été décimée le dimanche 21 septembre 2025, dans la ville de Bint Jbeil. Photo envoyée par Mountasser Abdallah

Un véritable massacre a été commis par l’armée israélienne dimanche dans l’après-midi dans la ville de Bint Jbeil, au Liban-Sud. Un drone a apparemment tiré deux missiles, l’un touchant une moto et tuant son conducteur, l’autre atteignant une voiture qui transportait une famille de six membres. Un bilan non définitif fait état de 5 morts : le conducteur de la moto ainsi que quatre membres de la famille, dont le père et trois des enfants. La mère et l’une des filles auraient survécu.

Cette attaque sanglante, l’une des plus meurtrières depuis le cessez-le-feu de novembre 2024, a coïncidé avec la visite au Liban de l’émissaire adjointe américaine au Moyen-Orient Morgan Ortagus. Elle s’est rendue à Naqoura dans le caza de Tyr pour assister à une réunion du comité de surveillance du cessez-le-feu, sans prévoir d’entretiens politiques. C’est aussi la journée de dimanche que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a choisie pour prononcer une allocution tonitruante sur la paix avec les « voisins du nord ». « Notre victoire contre le Hezbollah nous a offert une opportunité inimaginable, celle de la possibilité de faire la paix avec nos voisins du nord », a-t-il déclaré en s’adressant aux membres de son gouvernement.

 

Suivez notre directJoseph Aoun condamne depuis New York la double frappe qui a fait au moins cinq morts à Bint Jbeil | Direct

 

Nationalité américaine

Selon un bilan qui demeurait provisoire dimanche, la frappe de Bint Jbeil a donc fait au moins cinq morts. Le président du conseil municipal de Bint Jbeil Mohammad Bazzi, interrogé par notre correspondant au Liban-Sud, a indiqué que deux missiles ont été tirés : le premier a touché la mobylette et tué son conducteur, le second a atteint la voiture, faisant quatre morts dont le père et trois des enfants.

Les victimes de la frappe de Bint Jbeil ont été identifiés comme étant Chadi Sobhi Charara et trois de ses enfants, ainsi que Mohammad Mroué, le conducteur de la mobylette. Il semble que la famille avait la nationalité américaine et que le conducteur était un ami proche du père. Originaires de Bint Jbeil, les victimes habitaient la région de Hoch, dans le caza de Tyr.

Plus tard dans la soirée, l’armée israélienne a revendiqué la frappe. « L’armée israélienne a mené une attaque dans la région de Bint Jbeil et a éliminé un membre du Hezbollah, qui opérait dans une zone civile et en violation des ententes entre Israël et le Liban », a écrit sur X son porte-parole arabophone, Avichay Adraee. « À la suite de cette frappe, plusieurs civils ont été tués. L’armée israélienne exprime ses regrets quant aux victimes civiles et affirme faire tout son possible pour éviter de les toucher. Une enquête est en cours », a-t-il ajouté.

Mohammad Bazzi a qualifié cette attaque de « massacre de civils ». Il a ajouté que les corps des victimes étaient « déchiquetés et éparpillés ».

La famille de Chadi Sobhi Charara, dont la voiture a été atteinte de plein fouet par un missile israélien le dimanche 21 septembre 2025, dans la ville de Bint Jbeil. Photo envoyée par Mountasser Abdallah
La famille de Chadi Sobhi Charara, dont la voiture a été atteinte de plein fouet par un missile israélien le dimanche 21 septembre 2025, dans la ville de Bint Jbeil. Photo envoyée par Mountasser Abdallah

Le président Joseph Aoun a condamné le drame depuis New York où il doit participer à la 80ᵉ Assemblée générale des Nations unies. « Alors que nous sommes à New York pour discuter de questions de paix et de droits humains, voici qu’Israël poursuit ses violations continues des résolutions internationales, et en particulier de l’accord de cessez-le-feu », a déclaré le chef de l’État, selon un communiqué publié par Baabda. « Depuis New York, nous appelons la communauté internationale, dont les dirigeants se trouvent dans les couloirs des Nations unies, à déployer tous les efforts pour mettre fin aux violations des résolutions internationales, en particulier les pays garants de l’accord du 27 novembre 2024, et à faire pression sur Israël pour qu’il se retire des territoires libanais et respecte ledit accord. Il ne peut pas y avoir de paix construite sur le sang de nos enfants », a-t-il conclu. Une façon de répondre au Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, qui, quelques heures plus tôt, indiquait qu’Israël avait l’opportunité de « faire la paix » avec ses voisins du nord.

Le Premier ministre Nawaf Salam a aussi dénoncé la double frappe. « Il s’agit d’un crime odieux contre des civils et d’un message d’intimidation visant nos compatriotes qui retournent dans leurs villages du Sud. La communauté internationale doit condamner Israël dans les termes les plus forts pour ses violations répétées (…) et les pays signataires de l’accord de cessation des hostilités doivent exercer une pression maximale », a-t-il ajouté.

Pour sa part, le président du Parlement, Nabih Berry, a déclaré : « cinq martyrs, sous le regard du comité chargé de surveiller le cessez-le-feu, et ce juste après sa réunion à Naqoura, en présence de l’émissaire américaine (Morgan) Ortagus. » Et d’ajouter : « Le sang de ces enfants libanais, de leur père et de leur mère blessée, qui portent la nationalité américaine, est placé devant ceux qui étaient réunis à Naqoura et devant la manifestation mondiale qui commence à affluer au siège des Nations unies. »

Hassan Fadlallah, député du Hezbollah, a qualifié l’attaque israélienne de « crime évident contre les civils et notamment des enfants à Bint Jbeil ». Il a dénoncé le silence du comité de surveillance du cessez-le-feu qui s’est transformé en « faux témoin » et estimé que de tels incidents prouvent que « la protection de l’État parrainée par la communauté internationale n’est pas une garantie de sécurité au Liban-Sud ».

Le ministre de l’Intérieur et des Municipalités Ahmad Hajjar a également condamné la frappe israélienne meurtrière à Bint Jbeil. « Cette agression constitue une violation flagrante de toutes les lois et coutumes internationales et humanitaires. Que les martyrs reposent en paix et que nos condoléances accompagnent leurs familles », a-t-il écrit.

De son côté, la fédération des municipalités de Bint Jbeil a fortement dénoncé « le massacre effroyable perpétré par l’ennemi israélien contre une famille et des enfants ». Elle a appelé les présidents de la République et du gouvernement à élever la voix contre les exactions israéliennes quotidiennes.

Ratissage et fusées éclairantes

Le reste de la journée n’a pas été calme au Liban-Sud. Une patrouille israélienne s’est infiltrée dans le village de Ramiyé, dans le caza de Bint Jbeil, et y a dynamité une maison, selon des témoins cités par notre correspondant Mountasser Abdallah.

Vers 17 heures, l’artillerie israélienne a lancé un nombre de fusées éclairantes au-dessus de Maroun el-Ras et Aïtaroun. Vers 18h30, elle a ratissé le village de Kfarchouba, dans le caza de Hasbaya, à partir du poste de Roueissat el-Alam.

Les drones n’avaient d’ailleurs pas quitté le ciel du Liban-Sud de toute la journée.

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