Des soignants manifestent à Paris pour réclamer davantage de moyens pour l’hôpital public. « La situation est encore plus grave que celle que nous avions analysée », a répondu le chef de l’Etat.
Les annonces de Macron poussent le Sénat à suspendre le débat sur le budget de la Sécu
Le Sénat, à majorité de droite, a suspendu jeudi ses travaux sur le projet de budget de la Sécurité sociale, estimant que les déclarations d’Emmanuel Macron sur les hôpitaux traduisaient un « mépris » du chef de l’Etat pour le Parlement. Le chef de l’Etat a annoncé que des « décisions fortes » pour les hôpitaux seraient présentées mercredi par l’exécutif pour répondre à la colère du personnel hospitalier.
Or le vote du Sénat sur le projet de loi de financement de la Sécurité sociale est prévu la veille, mardi.
La séance a été suspendue immédiatement après la prise de parole du chef de l’Etat, à la demande du groupe CRCE à majorité communiste, dont la présidente, Eliane Assassi, a dénoncé un « mépris » du Parlement. Une conférence des présidents a été convoquée à 18h15 pour décider de la suite des travaux.
« On ne peut pas, on est trop fatiguées, on n’y arrive pas ! »
« Avec des enfants à charge, qui font des études, pas le choix ! »
« On est en colère contre cette souffrance, on ne peut pas discuter avec les patients, on n’a pas l’impression de faire notre travail. »
« Du coup, c’est nous, les titulaires, qui devons courir de partout. Si ça continue, nos blouses deviendront noires, l’hôpital sera couleur tristesse. »
“Désormais, les aides-soignantes doivent faire son travail, réchauffer, amener les plats aux patients. La qualité des soins n’est pas assurée, nos équipes sont en souffrance.”
“Les conditions de travail difficiles et les sous-effectifs rendent nos services peu attractifs. Au Mans, on ferme des services de médecine par manque de médecins. L’hôpital public, et sans doute encore plus en Sarthe, n’est pas assez attractif.”
Et c’est quoi le plan en fait?
-SLS
Emmanuel Macron : « Nous devons assumer d’investir plus fortement »
Le chef de l’Etat, en déplacement ce jeudi à Epernay (Marne), a déclaré : « Nous devons investir et assumer d’investir plus fortement que nous avions envisagé de le faire [pour l’hôpital public] parce que la situation est encore plus grave que celle que nous avions analysée. » Il a indiqué que le plan serait « conséquent » , et que le premier ministre, Edouard Philippe, en donnerait mercredi prochain « le montant, l’ampleur, les modalités techniques et le calendrier ».
Emmanuel Macron✔@EmmanuelMacron
La colère et l’indignation des femmes et des hommes travaillant en hôpital public ont été entendues. Elles ne resteront pas sans réponse. Mon message aux personnels soignants : https://www.pscp.tv/w/cJ1lKTFtTUtQdmVSTll5RUd8MU93eFdkb1JMcHFLUQQGiT60keJho_hx4TCbNdEwmmNMZ9naCgaeN1ul3U32 …
Emmanuel Macron @EmmanuelMacron
La colère et l’indignation des femmes et des hommes travaillant en hôpital public ont été entendues. Elles ne resteront pas sans réponse. Mon message aux personnels soignants :
pscp.tv
Quels praticiens sont réunis aujourd’hui ? Des infirmiers-ères ? Étudiants-es ? Médecins ? Ou bien de tout ?
-Ugo
« Nous n’avons aucune reconnaissance. On est fonctionnaires hospitaliers, mais nous n’avons pas reçu la prime de risque des soignants donnée par Mme Buzyn, la ministre de la santé. Pourtant, on intervient tous les jours sur des agressions aux urgences, des patients alcoolisés, des familles de patients énervées… Mais ces missions de malveillance, c’est pas notre boulot. On fait de la sécurité incendie, on n’est pas vigiles. »
« On nous demande de transporter des armoires de stérilisation… Nous appeler [pour demander de l’aide], c’est la facilité. Mais nous sommes une spécialité à part entière. »
Une idée de la participation ? Est-ce que les gens parlent aussi du 5 décembre ?
-VinceAuber
François Béguin✔@FrancoisBeguin
Pari réussi pour les organisateurs de la manif pour « sauver l’hôpital public ». Des années qu’il n’y a pas eu autant de soignants dans la rue.
« Hier, j’ai passé trois heures au téléphone, comme secrétaire, pour trouver un lit à un patient après une opération d’urgence vitale. On m’a dit qu’il n’y avait pas de lit disponible. Résultat, la personne est restée toute la nuit en salle de réveil. Mais c’est pas possible de ne pas avoir de lit dispo dans un hôpital ! »
Ulysse Bellier@ubellierClémence, à droite sur la photo, est interne à l’hôpital Lariboisieres, à Paris. Elle est venue avec des amis, internes également. « On fait tout ce que personne ne veut faire. Et on a pas les moyens de le faire. »
« Je n’attends rien pour moi, en fin de carrière, mais pour les jeunes ! Il faut un geste fort et immédiat pour garder les jeunes dans l’hôpital public. Les salaires des brancardiers, des paramédicaux, c’est une honte, avec les horaires qu’il font. »
« Nous, anesthésistes, on court d’un bloc à l’autre, et les jeunes sont en très grande souffrance, les arrêts de travail n’ont jamais été aussi élevés. Cela a été un honneur, une fierté de travailler à l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris [AP-HP]. Mais si j’avais 40 ans aujourd’hui, je ne sais pas si je ferais la même chose. Quand je suis arrivée à Paris, mon loyer correspondait à 20 ou 25 % de mon salaire, c’est 50 % aujourd’hui. Si vous ne pouvez pas louer un appartement à Paris, vous partez. »
A t-on une idée de la réalité du mouvement, et du nombre de grévistes ? S’agit-il d’un mouvement francilien ?
-Marc
L’appel à une « grande manifestation », lancé il y a un mois par le nouveau collectif Inter-Hôpitaux, a fait le plein de soutiens. A commencer par le collectif Inter-Urgences, à l’origine d’un mouvement social qui s’est étendu à tout le pays, avec encore 268 établissements touchés en début de semaine.
Fait rare, tous les syndicats de la fonction publique hospitalière se sont ralliés à la mobilisation, en particulier la CGT, FO et la CFDT.
Les étudiants en médecine, avec la bénédiction des doyens, ont décrété une « journée sans activités dans toutes les facultés ».
Et le mouvement n’est pas que francilien : à Caen et à Poitiers, par exemple, les personnels sont mobilisés.
Matthieu Le Gall@matthieu_legallJusqu’à aujourd’hui le CHU de Poitiers était resté en marge des mobilisations. Ce midi, ils étaient 400 à veiller sur une médecine hospitalière à bout de souffle. https://www.lanouvellerepublique.fr/poitiers/crise-de-l-hopital-public-dans-la-vienne-les-soignants-entament-une-journee-morte …
Crise de l’hôpital public : dans la Vienne, les soignants entament une « journée morte »
Une importante partie du corps médical de la Vienne se mobilise ce jeudi 14 novembre 2019 suite à l’appel de la grève nationale. Des manques cruels de moyens humains et financiers ressortent des…
lanouvellerepublique.fr
« C’est pas dans nos gènes de manifester. Mais la dégradation des conditions de travail nous oblige à nous porter grévistes. Il faut que les pouvoirs publics prennent conscience de ce qu’il se passe ! Depuis quinze ans, les réformes ont transformé l’hôpital en une entreprise. Mais l’hôpital public accueille tout le monde, 24 heures sur 24, 365 jours par an. Et la tarification à l’activité ne prend pas pas en compte la lourdeur des pathologies et des problèmes sociaux. »
« Le manque de personnel nous oblige à fermer des lits. Et ça contribue à la crise des urgences, parce que ça leur retire des lits en aval de leur travail. »
« Il y a tout le monde ! Des collègues professeurs, des internes, des infirmières, des aides-soignants, des secrétaires, des agents des services hospitaliers… »
Alors que la manifestation se poursuit à Paris, l’Agence France-Presse a relayé une étude sur la répartition des emplois publics en France parue sur le site Fipeco. Il y apparaît que tous les citoyens ne sont pas égaux devant le service public, surtout en ce qui concerne la fonction publique hospitalière.
Pour les effectifs des hôpitaux, l’écart est de 45 % entre la région la plus pourvue, la Bourgogne-Franche-Comté, et la moins pourvue, l’Ile-de-France. Les départements ruraux sont mieux pourvus en emplois hospitaliers que la région parisienne. Ce sont les département d’outre-mer (DOM) qui ont le moins d’agents hospitaliers (14,7 pour 1 000). La moyenne pour toute la France est de 16,3 agents pour 1 000 habitants.
Hors DOM, l’Ile-de-France souffre du taux de fonctionnaires hospitaliers le plus faible : 9,4 pour 1 000 en Seine-et-Marne, 9,6 en Essonne, 10,1 en Seine-Saint-Denis, 10,2 dans les Yvelines. Paris compte 25,9 agents hospitaliers pour 1 000, mais ce taux n’est pas le plus élevé de France, et n’empêche pas la saturation.
Notre journaliste Ulysse Bellier se trouve boulevard du Montparnasse, à Paris :
Ulysse Bellier@ubellierLe boulevard du Montparnasse, a Paris, est plein de blouses blanches qui défilent dans le froid. La taille du cortège est impressionnante, des soignants de tout âges, des habitués des manifs et d’autres non
« Nous n’avons pas le temps de tenir la main des gens qui meurent. Nous n’avons plus le temps de rassurer patients et famille, on ne fait que du soin, et pas comme on voudrait. »
« En théorie, je dois travailler un week-end sur deux. En pratique, je peux en bosser cinq ou six d’affilée. Avec ces week-ends, je passe de 1 800 à 1 900 euros par mois, et je galère. On nous rappelle sur nos congés, et on doit répondre à nos téléphones sans être d’astreinte. On est tout le temps disponibles et pas payés pour l’être.Mais aujourd’hui les gens ne manifestent pas pour ça : [dans ces conditions] on doit faire les soins dans la violence. Parce qu’on n’a pas le temps de les accompagner, on attache les patients atteints de démence. »
« C’est le ras-le-bol général. Les infirmiers, les aides-soignants, on n’a aucune reconnaissance. Mais c’est pour les patients qu’on est là. On ne peut pas passer du temps avec eux. On est souvent appelés sur nos repos, mais des fois ce n’est pas possible. C’est la croix et la bannière pour se faire remplacer, ils changent les plannings tout le temps. On ne cesse de courir entre les patients. Et dans les chambres, les patients sont souvent deux, avec un seul WC, pas de douches. »
« Et en plus, des CDD sont renouvelés pendant des années, et nos collègues ne sont pas titularisés. »
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