Ce 26 septembre 2025, La Havane a perdu l’une de ses figures les plus mystérieuses et les plus combattives : Assata Shakur, née Joanne Chesimard, s’est éteinte à 78 ans. Pour certains, elle restera à jamais une “criminelle en fuite”, pour d’autres, elle incarne une héroïne de la lutte noire, une femme debout face à l’un des appareils répressifs les plus puissants du monde.
Militante des droits civiques dans sa jeunesse, proche des Black Panthers puis membre du Black Liberation Army, Assata s’est forgée dans un contexte de ségrégation, de brutalités policières et de surveillance du FBI. Son nom a marqué l’histoire en mai 1973, lors d’une fusillade sur le New Jersey Turnpike qui coûta la vie au policier Werner Foerster. Arrêtée, blessée, condamnée à la prison à vie, elle ne passa que deux ans derrière les barreaux : en 1979, ses camarades la libérèrent lors d’une spectaculaire évasion. Quelques mois plus tard, elle trouva asile à Cuba, où Fidel Castro lui accorda protection et citoyenneté.
Assata Shakur fut la première femme à entrer sur la liste des “Most Wanted Terrorists” du FBI, avec une prime de 2 millions de dollars promise pour sa capture. Mais à travers le prisme de l’histoire afro-américaine, elle est bien plus que cela : poétesse, penseuse, critique du patriarcat, témoin des violences raciales de son époque, elle devint une légende vivante, célébrée par des générations de militants, d’artistes et de musiciens.
Son autobiographie, Assata, traduite dans plusieurs langues, a servi de manuel de résistance à travers le monde. Elle y écrivait : « Je n’ai jamais cessé de rêver d’un monde où nos enfants grandiront libres, loin des cages et des chaînes. »
Aujourd’hui, alors que son corps repose à La Havane, son esprit continue de voyager. Assata Shakur laisse derrière elle une empreinte indélébile, celle d’une femme qui n’a jamais cessé de croire que la liberté était une bataille à mener, coûte que coûte.
Que son nom demeure dans nos mémoires, et dans nos luttes.
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