Et nous, que voulons-nous ? Par Jean Gersin

Par aplutsoc le 29 septembre 2025

Lecornu a la langue fourchue, on le sait. Ses trois pages d’interview dans le journal-LVMH de Bernard Arnault, Le Parisien Aujourd’hui en France du 27 septembre, le montrent en mode furtif, au style éphémère. Mais c’est toujours un agent du Medef, pour tout ce qui est contre le peuple, contre ce qui touche aux riches, la nouvelle race des seigneurs.

Assécher les dépenses, raréfier les recettes, la série « Walking Capital » continue vers son épisode ultime, « en finir avec le modèle social ».

Sous le soleil de Satan

Mais nous sommes avertis, nous en valons deux, donc.

Du haut de la tribune de cette ONU qu’il hait, Donald 1er, pape du Capital, a prêché la croisade du monde occidental : contre les Migrants qui polluent les civilisations chrétiennes par leur seule présence, contre les Écologistes, désignés escrocs polluant tout par leur prétendu dérèglement climatique.

Lecornu s’inscrit dans ce cadre-là : il a glissé, comme tous les siens, vers un libéralisme européen incluant l’inquisition anti-immigrés. En ce sens, il est un passeur macronard du libéralisme du 3e âge vers un national-capitalisme de la race : riches et Français de souche mêlés pour le plus grand bien des actionnaires et des financiers.

C’est de cela qu’il s’agit, le Capital est devenu diabolique parce qu’il mêle l’affirmation de sa légitimité autoproclamée à l’alliance des extrêmes droites qui lui font allégeance.

Pas un simple épisode d’une crise qui s’incruste

Le Medef, par son meeting du 13 octobre, l’indique : le moment est venu d’imposer un gouvernement qui finit le job. La réponse collective, sociale, d’après la chute du nazisme, doit être abattue, parce que le Capital est devenu asthmatique, et qu’il doit piller les ressources sociales pour étayer la chute des espérances de profit.

« Il s’agit de défaire méthodiquement le programme du Conseil national de la Résistance », disaitDenis Kessler, dirigeant du CNPF, l’ancien Medef, à la revue Challenges du 4 octobre 2007.

C’est maintenant !

Notre « modèle social » ? Les réponses sociales partaient du rapport des forces établi à la Libération : la santé, le travail, l’enfance, la vie… tout conduisait à une société fondée sur le principe de la solidarité, dont l’édifice de la Sécurité sociale était un pilier majeur.

Le Capital n’a eu de cesse de contenir et refouler l’expansion des édifices sociaux. Jusqu’à ces 3 dernières décennies, où son offensive de long court veut aboutir à l’avènement de la norme individuelle : le salarié devrait laisser la place au consommateur seul face au marché, libre de s’assurer s’il en a les moyens contre les risques de sa précarité, dont il est responsable. D’où l’appétit du capital pour l’IA.

La grande prédation arrive : les fonds sociaux seraient reconvertis en roues de secours de ces investissements que le Capital rechigne à effectuer, tant il s’est vautré dans la financiarisation et répugne à prendre des risques de moyen terme.

Dire non ne suffit pas

Le front revendicatif organisé autour des syndicats porte sur le refus : budget des 44 milliards, retraite à 64 ans, destruction de l’assurance chômage, etc. Bien, mais insuffisant.

L’inconvénient est double :

D’une part, il semble dire que la tactique des luttes relève bien d’un jeu traditionnel où, à un moment ou à un autre, ceux d’en face vont s’asseoir et négocier.

D’autre part, il laisse ouvert un vaste problème : le Capital d’aujourd’hui, à l’inverse de celui de la Libération, a les moyens de ne plus tolérer une énorme transaction sociale et solidaire qui échappe au marché.

Les projets ne sont ni cachés ni complotistes :

Le Capital veut en finir avec l’indemnisation du chômage car il considère le licenciement comme un risque individuel. Même la rupture conventionnelle, œuvre de Laurence Parisot, François Chérèque et Bernard Thibault, doit évacuer le lieu détouré qu’est le licenciement.

Il atteint la phase finale d’autres projets : la retraite par capitalisation, la santé privée, le salaire lié à la performance individuelle, l’école succursale de l’entreprise, l’atomisation du salariat…

Tout est sur la table, alors autant la renverser !

Subir en défense ? Encore ?

La question est brûlante : engager le rapport des forces dans le but d’obtenir une rémission pour le système social actuel ?

Ou bien, sachant que ceux d’en face veulent le mettre à fin, aller chercher dans le mécanisme de reproduction du Capital les ressources sociales pour une solidarité égalitaire et durable ?

L’énorme tas d’argent accumulé dans les capitalisations boursières, les paradis fiscaux et les mécanismes financiers ne laissent aucun doute : les moyens ne manquent pas.

Ce qui trotte dans les têtes, c’est, à l’instar de Mai 68, aller chercher le Capital dans ses monstrueuses opérations financières.

Allons-nous recevoir la leçon de gouvernement de Bernard Arnault, Vincent Bolloré, Serge Dassault ? Des leçons d’économie par les experts patentés des libéraux qui annoncent leur séparation d’avec la démocratie ? Payer la dette de la Finance jusqu’à la fin des jours de nos enfants ?

Ce qui rythme le mouvement à venir, est-ce le calendrier électoral ou les exigences sociales ?

Avant d’enclencher les mêmes mécanismes qui ont présidé à l’échec du mouvement contre la retraite à 64 ans, répondons à la question : et nous, que voulons-nous ?

Jean Gersin, le 27/09/2025

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